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La Grande Bouffe, de Marco Ferreri

Publié le 02 août 2012 par Olivier Walmacq

Grande Bouffe

genre: drame, inclassable (interdit aux - 18 ans)
année: 1973
durée: 2h10

l'histoire: Quatre amis gourmets et gourmands s'enferment tout un week-end à la campagne et organisent une bouffe gigantesque pour se livrer à un suicide collectif jusqu'à ce que mort s'ensuive.

la critique d'Alice In Oliver:

Pour l'anecdote, La Grande Bouffe, réalisé par Marco Ferreri en 1973, remportera le Grand Prix au festival de Cannes la même année, ex-aequo avec La Maman et la Putain de Jean Eustache. La Grande Bouffe est un film choc qui suscitera la polémique lors de sa présentation au Festival de Cannes.
D'ailleurs, le long-métrage sera interdit aux moins de 18 ans lors sa sortie en France.

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Au niveau du casting, La Grande Bouffe réunit Michel Piccoli, Philippe Noiret, Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi et Andréa Ferreol.
Aujourd'hui, La Grande Bouffe fait partie des films cultes et des grands classiques du cinéma. Mais encore une fois, le film fera un véritable scandale lors de sa sortie dans les salles obscures. Le film de Marco Ferreri est vivement critiqué par une certaine presse.

Ce qui suscite la colère et l'indignation de Philippe Noiret. Ce dernier déclara alors: "Nous tendions un miroir aux gens et ils n'ont pas aimé se voir dedans. C'est révélateur d'une grande connerie". Voilà qui a le mérite d'être clair et de résumer parfaitement le film, à savoir cette critique de la bourgeoisie de l'époque, de ses vices et de ses nombreuses frustrations. Aussi, est-il nécessaire de résumer les grandes lignes du scénario.

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Attention, SPOILERS ! Quatre hommes (Marcello, Philippe, Michel et Ugo) sont fatigués de leurs vies ennuyeuses et de leurs désirs inassouvis.
Ils décident alors de se réunir dans une maison près de Paris et se livrent à un suicide collectif en mangeant jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Mais très vite, ces derniers invitent également des prostituées et une institutrice, Andréa.

A partir de là, les hommes et leurs invités vivent dans la débauche: bouffe, sexe, rots, pets, dégradation et fantasmes sexuels font partie du menu copieux.
Un peu trop peut-être. Philippe et ses amis mangent tout le temps, sans arrêt et mettent leur propre vie en péril.
Marco Ferreri confère à la nourriture un aspect grossier et volontairement écoeurant. Finalement, cette même nourriture ressemble terriblement aux personnages qui la consomment.

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Ce sont tous des hommes et des femmes sans scrupule, prétentieux, frustrés et capables de manger jusqu'à la nausée et la mort !
Pourtant, les plats présentés sont somptueux et raffinés. Nos quatre hommes aiment la grande cuisine. Quitte à se tuer, tout du moins, à se faire exploser la panse, autant le faire avec de la viande de premier choix.
Avec La Grande Bouffe, Marco Ferreri nous invite dans une orgie alimentaire et sexuelle.

D'une certaine façon, ce film n'est pas sans rappeler Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci et Salo ou les 120 jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini. Dans tous les cas, ces films brossent un portrait peu élogieux de l'âme humaine, la dimension sexuelle et la torture (physique et/ou mentale) ayant une place prépondérante. Là aussi, il est question de consommation sauvage et animale.
Au même titre que Salo et Le Dernier Tango à Paris, les personnages en présence ressemblent davantage à des porcs inassouvis et assoiffés de chair, le but étant de consommer toujours plus de nourriture.

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Dans La Grande Bouffe, la femme tient une place assez particulière. D'un côté, les prostituées ne sont ici que pour assouvir les désirs sexuels de nos protagonistes. De l'autre, l'institutrice symbolise la mère protectrice et nourricière.
La Grande Bouffe a donc une forte connotation psychanalytique et propose également une réflexion sur la frontière (plutôt mince) qui existe entre le désir et le plaisir. Bref, personnellement, je suis un grand fan de ce film atypique qui fait office de véritable OFNI dans le cinéma. Mais clairement, La Grande Bouffe ne plaira pas à tout le monde.

Note: 19/20

 
La grande bouffe


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