Revirement brusque ? Décision longuement réfléchie ? Lassitude ? Pression ? Difficile de savoir exactement les profondes motivations et raisons qui poussent un chef à abandonner soudain un restaurant et un style de travail. Michel Portos, quitte donc le Saint-James à Bouliac (Gironde) où il avait obtenu sa deuxième étoile en 2009, et de manière plus anecdotique venait d’être élu Chef de l’année 2012 au guide Gault/Millau. « J’ai le sentiment du devoir accompli », dit-il après des résultats d’exploitation et de fréquentation vraiment excellents.
On se demande souvent, en écoutant les déclarations de ces chefs (on se souvient de Senderens, changeant de cap il y a quelques années) si finalement ils se sentent vraiment à leur place et à leur niveau avec toutes ces récompenses (étoiles, Meilleur chef de ceci ou de cela, etc.). On a parfois l’impression qu’ils se sentent un peu décalés par rapport aux louanges obligées d’une grande partie de la presse et, les uns entraînant les autres, il n’y a plus de place pour une distanciation, une mise en perspective, un recul, sinon une critique. Le chef devient soudain icône intouchable. Donc, il casse le miroir et l’image que lui renvoie sans cesse des médias et autres vecteurs de communication et qui ne lui correspond pas ou plus. Trop encensés, trop médiatisés, ils se prennent d’abord au jeu, puis le réel un jour ou l’autre les rattrape.
Michel Portos retourne donc symboliquement dans sa ville natale pour ouvrir une brasserie/restaurant, le Malthazar, de quelques 120 couverts avec terrasse. On joue les classiques éternels (poulet rôti, viandes, etc.) pour rassurer et se rassurer, mais Portos étant Portos il y aura quelques plats « signatures » à des prix doux et conviviaux (menu-carte autour de 50 € à priori). Pour les vins, les copains Olivier Poussier (Meilleur Sommelier du Monde 2000) choisira les bouteilles du sud, et Stéphane Derenoncourt les autres régions. On pourra d’ailleurs acheter quelques flacons sur place. En prévision : un petit salon privatif avec possibilité de fumer quelques bons puros. Ouverture vers la mi-septembre.
Bon choix en tout cas dans un Marseille qui va se prendre pour la capitale européenne de la Culture (?) en 2013, et qui va proposer un festival de la gastronomie (encore un !) organisé entre autres par une association (subventionnée ?) au joli nom de Gourmediterranée dont Michel Portos devrait faire partie. Ceci explique peut-être cela. Bon vent en tout cas à celui qui rentre au port.
Le Malthazar
19, rue Fortia
13000 Marseille
Tél : 04 91 33 42 46
Ouvert 7 jours sur 7
NB : C’est Nicolas Magie, chef du restaurant La Cape (à Cénon, en Gironde) qui prend la suite de Michel Portos au Saint-James.