La vente d’auto tests permettant à une personne de savoir si elle est séropositive au VIH est désormais autorisée aux Etats-Unis. Dès cette habilitation, des associations de lutte contre le sida ont demandé d’autoriser aussi leur vente en France.
Dans un premier temps, j’avoue que cette annonce m’a inquiété. Je sais trop ce qu’est l’annonce d’une séropositivité pour l’avoir vécu : un effondrement. Certes, entre 1987, année de mon annonce, et aujourd’hui, bien des choses ont changé. En fait, oui et non !
On ne meurt plus rapidement du sida si on est suivi et soigné. C’est essentiel.
En même temps, le sida reste une maladie qu’on ne guérit pas : il faut vivre toujours avec des traitements et vivre avec une maladie toujours honteuse.
Aujourd’hui, j’entends souvent des jeunes me raconter leur désespoir à l’annonce de leur séropositivité, me dire à quel point leur vie ne serra jamais plus la même. C’est toujours un terrible choc en 2012. C’est même pire, oserai-je dire car dans les années 80, il y avait de la compassion. Aujourd’hui, c’est plutôt les reproches et dans nombre de pays la pénalisation.
Comme je l’ai dit à Washington à la réunion organisée avec la ministre Marisol Touraine : donnons-nous le temps d’y réfléchir. C’est ce qu’elle a récemment confirmé dans les médias français : elle lance une réflexion.
En effet, mon refus absolu de la vente libre de ces auto tests s’est atténué ces derniers mois face au nombre important de personnes qui ne connaissent pas leur séropositivité ; 1 personne sur 3 en France. Pour faciliter le dépistage, les auto tests peuvent être une solution et je le comprends. Mais, il faut y réfléchir ; peser le pour et le contre. Etre sûr. J’ai toujours peur de la réaction d’une personne qui apprend seule chez elle qu’elle est atteinte…
Le Conseil national du sida devrait donner son avis et c’est après que le gouvernement pourra ou non envisager de copier les américains. Laissons-nous ce temps…