I don't make love. I fuck... hard
Curieuse et téméraire comme je suis, je ne pouvais pas passer à côté de cet évènement éditorial (j'ai du mal à dire littéraire) qu'est Fifty Shades of Grey, et tant qu'à faire, je l'ai lu en anglais, cela me donnait au moins la bonne conscience d'améliorer ma pratique de cette langue...
Comme sa colocataire et meilleure amie Kate est grippée, c'est Ana, la narratrice, qui se charge d'aller interviewer le richissime industriel Christian Grey, pour le journal de l'université. Riche, mais également jeune et très beau, terriblement attirant et troublant. Mais la ressemblance avec Jonathan Hart s'arrête-là : il est également horriblement orgueilleux et arrogant. Ana, pour sa part, manque horriblement de confiance en elle, marque un complexe d'infériorité vis-à-vis de Kate et, à la veille de son diplôme, est toujours vierge. Bientôt, Christian lui propose un étrange contrat : devenir sa "soumise"...
Alors, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman est affreusement répétitif. Dans les expressions d'abord : Christian, à chaque page, fronce les sourcils (ou les hausse, cela dépend), Ana rougit, et quand il la... mmmhhhh, vous voyez quoi, il lui dit "je vais te faire jouir", "viens pour moi" et des trucs du genre que je ne supporte pas, surtout qu'en outre, il l'appelle "bébé", et ça, ça me file des allergies. Bref, on ne peut pas dire que ce soit bien écrit, mais bon, à la limite, ce n'est pas vraiment ce qu'on demande à ce genre d'ouvrages, n'est-ce pas. Donc en ce qui concerne la dimension "émoustillante"... et bien, j'ai envie de dire que là encore, c'est affreusement lassant au bout d'un moment. Alors, pas tant dans les façons de faire les choses (il y a d'ailleurs plein d'idées, hanhan, et je dois avouer que l'une des scènes m'inspire beaucoup — oui, j'aime bien me transformer en esclave sexuelle. Chuuuutttttt) que dans les choses elles-mêmes. Disons que toute la première partie est assez addictive, on sent monter la tension, et c'est assez intéressant. Mais au bout d'un moment, personnellement, j'en avais un peu marre de les voir se sauter dessus à la moindre occasion et baiser sauvagement comme des animaux en chaleur (et Ana avoir un orgasme au bout de 30s, aussi). Vous me direz que oui, mais que c'est du "porn", donc c'est un peu normal. Soit. Et bien voilà : c'est lassant comme un film porno. Quant au côté SM... pas d'inquiétudes, c'est du SM gentillet.
Et puis, je dois dire, autre chose m'a ennuyée quant à la psychologie des personnages. Nous avons d'un côté un Christian Grey absolument fascinant, torturé, profond, un vrai personnage énigmatique dont on a envie de sonder les mystères, et de l'autre une nounouille évanescente, plate, sans aspérités, une gamide, certes relativement modelable (et encore) mais pas intéressante pour deux sous, et pendant tout le roman je n'ai cessé de me demander ce qu'il fabriquait avec elle. C'est d'ailleurs finalement le seul point commun que j'ai trouvé avec Twillight : la bécasse qui sert d'héroïne.
Bon, par contre je vais tout de suite envoyer les féministes dans les cordes (oui, parce que j'ai lu qu'elles étaient outrées, fantasme de domination bouhhhhh vilain c'est pas beau) : ce fantasme existe, certaines femmes ont ENVIE d'être dominées (au lit, s'entend ici, mais aussi pourquoi pas dans la vie) et après tout, chacun fait bien ce qu'il veut. Après, il est sans doute mieux traité ailleurs, j'en conviens. Donc dire que ce roman n'est pas un chef-d'oeuvre de la littérature, je veux bien, dire qu'il est une insulte aux femmes, faudrait peut-être pas abuser non plus.
Maintenant la question : lirai-je la suite ? Probablement oui, parce que j'ai quand même envie de savoir où tout cela va mener.
Ce volume sortira en français en octobre chez Lattès, et il serait question d'une adpatation au cinéma, Brett Eston Ellis en ayant racheté les droits (mais à part un film porno, je ne vois pas bien ce qu'il peut en faire...)
By Stephie