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André Gide et la Symphonie

Publié le 08 août 2012 par Wtfru @romain_wtfru

André Gide et la Symphonie

EXTRAIT :

 » Mais je crois inutile de noter ici tous les échelons premiers de cette instruction qui, sans doute, se retrouvent dans l’instruction de tous les aveugles. C’est ainsi que, pour chacun d’eux, je pense, la question des couleurs a plongé chaque maître dans un même embarras. (Et à ce sujet je fus appelé à remarquer qu’il n’est nulle part question de couleurs dans l’Évangile.) Je ne sais comment s’y sont pris les autres ; pour ma part je commençai par lui nommer les couleurs du prisme dans l’ordre où l’arc-en-ciel nous les présente ; mais aussitôt s’établit une confusion dans son esprit entre couleur et clarté ; et je me rendais compte que son imagination ne parvenait à faire aucune distinction entre la qualité de la nuance et ce que les peintres appellent, je crois, « la valeur ». Elle avait le plus grand mal à comprendre que chaque couleur à son tour pût être plus ou moins foncée, et qu’elles pussent à l’infini se mélanger entre elles. Rien ne l’intriguait davantage et elle revenait sans cesse là-dessus… »

AVIS :

« La symphonie pastorale » fait partie de la grande et belle oeuvre d’André Gide, écrivain français, et Prix Nobel de littérature.  Talentueux, et fascinant, il est l’un des seuls romanciers français à avoir été publié de son vivant dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade.
Mais revenons-en à « La symphonie pastorale », trésor parmi les trésors. Se présentant sous la forme d’un journal, le roman raconte l’histoire d’une rencontre, aux conséquences terribles pour toute une famille. Un pasteur d’une petite ville du Jura décide de recueillir une jeune aveugle, Gertrude, sauvageonne abandonnée de tous. En sauveur émérite, il se lance dans l’éducation de cette jeune fille, pas tout à fait femme.
Gertrude devient alors un membre à part entière de sa famille, embrassant la religion protestante, et s’abreuvant des paroles moralisatrices du pasteur. 

A mesure que les pages se tournent, la relation père-protégée qu’entretiennent le pasteur et Gertrude perd de sa pureté, se teintant de sentiments, de gènes et de passions, jamais vraiment avouées. 
Ces passions dévorent le pasteur, sans qu’il le réalise ou ni voit l’immoralité de la situation. Il se ment et ment aux autres, refusant de se voir autrement qu’en sauveur de Gertrude, niant ses sentiments. 

Le tourbillon de ses émotions nous emportent comme rarement, et André Gide réussit à nous toucher sans artifices. Il nous montre le ravage des passions, la destruction des vies qui l’entourent,  et la douleur qui en découle.
Ce petit roman, et ces petites centaines de pages font beaucoup avec peu, et c’est certainement le signe d’un grand roman.


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