1966
Romolo Guerrieri
Avec: Mark Damon, Rosalba Neri, Lawrence Dobkin, Luiggi Vannuchi
Ce qui est vraiment dommage avec ce film, c'est qu'on doive se taper la tronche fade de blanc bec de Mark Damon pendant une heure et demie. Je n'aime pas ces espèces de gueules d'ange proprettes qui traversent le western spaghetti comme une incongruité dans un monde mal rasé. Oui, même le beau Guiliano Gemma a eu tendance à me hérisser le poil. Je m'y suis fait parce qu'il est difficile de faire l'impasse sur Giuliano Gemma, parce qu'il a eu un énorme succès et qu'encore aujourd'hui il est admiré de tous, ce qui m'étonnait alors. Aujourd'hui cependant, je suis comme tout le monde, j'aime bien le beau Giuliano. Mais ses imitations fadasses, non. Ne comptez donc pas sur moi pour faire un petit mot gentil sur Mark Damon, sa carrière américaine, sa carrière italienne, sa carrière de producteur. Mark Damon, malgré son humour, fait tache dans cette bonne petite production européenne, avec ses chemises colorées, ses cheveux bouclés et son sourire cajoleur.
Parce que pour le reste tout y est. Une excellente musique qui rendrait tragique un film de mariage en Super 8. Une intrigue alambiquée avec une belle dame manipulatrice (Rosalba Neri) et un frère cruel (Luiggi Vannuchi). Des seconds rôles conséquents (Lawrence Dobkin). Des décors sud-espagnols parfaitement exploités. Des morts virevoltants et des regards durs. Des morts non virevoltants mais tragiques (l'assassinat de l'enfant), justifiant le carnage à venir. Et pour ne rien gâcher, une fin plutôt surprenante. Il faut encore et toujours que je le précise pour les newbies: on n'est pas au niveau d'un Sergio Leone. Mais la réalisation tient la route, le budget tient la route, l'interprétation tient la route. On se demande pourquoi des petits westerns de ce genre ne sont jamais sortis en DVD en France, alors que Les ravageurs de l'Ouest étaient jetés en pâture à ceux-là même qui voulaient prouver la nullité absolue du western italien. Quel dommage, alors que Johnny Yuma, à n'en pas douter, se doit de figurer dans la filmothèque de tout spaghettophile qui se respecte.