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[Critique] LES SAPHIRS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Sapphires

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : Australie
Réalisateur : Wayne Blair
Distribution : Chris O’Dowd, Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Shari Sebbens, Miranda Tapsell, Tory Kittles, Eka Darville, Lynette Narkle, Kylie Belling, Gregory J. Fryer…
Genre : Drame/Comédie/Musical/Histoire vraie
Date de sortie : 8 août 2012

Le Pitch :
En 1968, au cœur du Bush australien, The Sapphires, formées de trois sœurs et de leur cousine, sont découvertes par un pianiste de soul irlandais, au cours d’un concours de chant local. Ce dernier, qui décèle chez les chanteuses un talent hors-norme, décide de les emmener en tournée au Viet-Nam du Sud où la guerre fait rage. Sur place, Les Sapphires enchainent les concerts de soutien aux troupes américaines… Histoire vraie.


La Critique
:
L’histoire, à priori, on la connait par cœur. Les Saphirs semblant se calquer sur le papier, sur Dreamgirls, le biopic déguisé des Supremes. À l’arrivée, la surprise est bel et bien là, avec tout le package qui va avec, y compris les larmes, la chair de poule et plus globalement, l’impression d’avoir assisté à un joli moment de cinéma. Car le premier film de Wayne Blair est finalement bien plus qu’un simple biopic de groupe soul. Il s’apparente à un beau et vibrant (mais non démago) plaidoyer pour la cause aborigène et à une partition musicale flamboyante, doublée d’un mélange des genres pour le moins homogène.

La réussite du film, on la doit avant tout à Wayne Blair, son réalisateur. Ce dernier fait preuve d’une maturité pour le moins admirable dans sa mise en scène et parvient à non seulement livrer un divertissement de haute-volée, mais aussi à faire passer un vrai message. Du coup, Les Saphirs est un long-métrage concerné, bien loin des biopics américains les plus académiques. Cette « australian touch » se traduit donc essentiellement via une maitrise assez exemplaire du fond et de la forme.
Wayne Blair, metteur en scène et acteur (il jouait dans la pièce dont le film s’inspire), aux racines aborigènes, raconte l’histoire d’un quatuor soul, ayant vraiment existé, et par cela, revient sur la ségrégation qui a longtemps régné (et qui perdure) dans son pays, l’Australie. Sans forcer sur le pathos, mais en soulignant bien les éléments importants. Son œuvre n’est jamais complaisante. Les faits parlent d’eux-mêmes et voir ces chanteuses à la voix d’or et à la volonté d’acier se frayer un chemin à travers les préjugés inhérent à un racisme tenace, constitue un plaidoyer suffisamment puissant, sans que Blair n’ait besoin d’en rajouter des couches au niveau de sa réalisation. Il le sait, son sujet est béton. Il permet d’appuyer là où ça fait mal, grâce à des thématiques trop souvent effleurées et de proposer à la fois un spectacle vraiment flamboyant, via des numéros musicaux réjouissants. De plus, le scénario permet à Blair de rapprocher le destin des aborigènes ainsi que leur combat, de celui des afro-américains, au cœur des années 60. Une idée renforcée quand le métrage se délocalise au Viet-Nam, alors en guerre contre les États-Unis.

Le caractère profond du groupe que forment les trois sœurs et leur cousine compte également beaucoup dans l’identité du film. Nous n’avons pas affaire ici à une légende de la soul music, comme les Supremes. Il y a fort à parier que 95% des spectateurs n’ont jamais entendu parler de The Sapphires. Et c’est très bien comme ça à vrai dire. Les Sapphires n’ont jamais fait de grandes tournées en compagnie de Ray Charles ou de James Brown. Elle ont contribué à l’effort de guerre américain au Viet-Nam. Elles ont chanté au fil des campements u.s, en vue de motiver les troupes. Et là on parle d’artistes aborigènes, pour qui le Viet-Nam n’était qu’un pays parmi d’autres, qu’elles pensaient ne jamais visiter. Le point de vue de ces chanteuses est alors pour le moins rafraichissant -à première vue- et réellement intéressant. Tout comme l’est leur premier contact avec la soul music. Répertoire qu’elle apprenne à adopter au début de l’histoire, quand leur pianiste/manager, leur déconseille de continuer à chanter de la country.

Et parlons-en justement du pianiste ! Un personnage important interprété par l’un des acteurs les plus doués du moment, à savoir Chris O’ Dowd, vue notamment dans Mes Meilleures Amies, Friends with kids et surtout dans Good Morning England. Tout le monde s’accorde à saluer sa performance, qui est un beau mélange d’émotion à fleur de peau et d’humour. Le film gagne beaucoup grâce à O’Dowd c’est certain, même si c’est aussi les quatre divas qui retiennent l’attention. Quatre actrices qui illuminent la pellicule, chacune apportant à l’édifice une pierre différente. Chacune traduisant à sa façon un point important du message humaniste véhiculé par le long-métrage. Et force est de reconnaître, qu’à côté, Beyoncé et compagnie, font quand même pâle figure. On ne parle pas de voix mais bel et bien de jeu. Celui de ces quatre comédiennes porte littéralement le film de Blair vers des sommets. Musicalement et cinématographiquement parlant.

À mi-chemin entre The Commitments, le film d’Alan Parker et Good Morning Viet-nam (et England aussi pourquoi pas), Les Saphirs est une belle et grande surprise. Un film qui n’était pas attendu au tournant et qui arrive à bouleverser durablement. La sincérité de l’entreprise rattrapant les défauts et le caractère néanmoins un peu prévisible. Mais le plus important n’est pas là, car regarder Les Saphirs c’est aussi assister à un spectacle qui, sous couvert de soul music et de success story, arrive, l’air de rien, à éveiller les consciences.

@ Gilles Rolland

[Critique] LES SAPHIRS

Crédits photos : Goalpost Pictures Australia


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