Ce n’est pas le titre qui m’a attiré. Ni la couverture. C’est Nadia Gosselin. Son nom me rappelle à un bon souvenir « La gueule du loup », son premier roman.
En commençant à feuilleter L'amour n'est rien, je réalise que le roman se présente par des chapitres de longueurs variables qui me font tout de même penser à des clips. En enfilant quelques pages, ma pensée vole vers Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez. Dans l’amour n’est rien, j’y retrouve également de l’amour réfléchi, des propos amoureux prenant la pose la plus élégante possible dans les circonstances où pleurent les mots.
Cette histoire a tous les airs d’une histoire d’amour, pas racontée mais couchée de tout son long sur des pages blanches. Le lecteur tourne les feuilles du journal intime d’une femme prise d’envie de réveiller une vieille histoire d’amour. Elle nous confie tout de ses pensées, elle ne cache rien, et avec une rare élégance, elle partage son intimité, ses doutes, ses pulsions, ses désirs. M’a poursuivi la conviction qu’elle lui expliquait à lui, sa vision à elle. Que ces pages lui soient destiné à cet homme, qui se connait si peu qu’il ne se laisse pas connaître est intéressant pour l’aspect voyeurisme. La sensation est entière d’être à épier, entre les branches débordantes de feuilles, leur ligne de départ où vont s’élancer, ou pas, les deux amoureux. Vont-ils courir côte à côté, un va-t-il rattraper l’autre, un va-t-il bifurquer, ne voyant plus le profil de l’autre, ayant pris une trop grande avance. Exploration du potentiel amoureux ; est-ce qu’il a seulement besoin d’un terrain d’entente entre deux circonstances de vie pour poindre ?
Je me suis imaginé que cette histoire était cent pour cent vraie. Et pour cela, elle m’a plu. Pas un retentissant coup qui fait débattre le cœur, plutôt de douces palpitations.
Mais l’amour n’est pas rien puisque s’il était rien, Nadia Gosselin ne laisserait pas couler autant d’encre pour lui : une fois ... deux fois ... et, qui sait, peut-être trois !
L'amour n'est rien, Nadia Gosselin, Les 400 coups, début 2012, 220 p.