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Imaqa de Flemming JENSEN

Par Lecturissime

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♥ ♥ ♥ ♥

"Même dans les lieux les plus désertiques et abandonnés des dieux, des fleurs se pressent chaque prinemps à travers la surface craquelée de sécheresse, se glissent entre les plus étroites fissures des rochers et signalent semence et vie aux endroits les plus improbables."  (p. 374) 

L’auteur :

Né en 1948 au Danemark, Flemming Jensen est surtout connu pour ses oneman shows, ses sketches radio et télé. Et pour ses livres. Lettres à Mogens, d'abord (Mogens, c'est son chien), et tout récemment Imaqa, le grand roman inuit qu'il a laissé mijoter pendant vingt-cinq ans. En France est également disponible Le Blues du braqueur de banque.

L’histoire :

Martin, instituteur danois de trente-huit ans qui ressent un vide dans son existence, demande sa mutation dans la province la plus septentrionale du Danemark, le Groenland. Il prend ses fonctions dans un hameau de cent cinquante âmes : Nunaqarfik, à plus de cinq cents kilomètres au nord du cercle polaire. Armé de ses bonnes intentions, encombré de sa mauvaise conscience coloniale et de ses idées pré-conçues, Martin découvre une communauté solidaire, dont la vie s'organise en fonction de la nature environnante - et pas malgré elle. Au fil des mois qui passent et des rencontres, dans une société où le rire est érigé en remède suprême contre la peur ou la tristesse, il apprend à apprécier ce qui est, sans se soucier de ce qui aurait pu être, et trouve ce à quoi il aspirait : l'aventure, l'immensité, l'harmonie, l'amour.

Roman chaleureux et humaniste, qui dénonce notamment les ravages de la colonisation du Groenland par le Danemark, Imaqa est un hymne à la tolérance et à la douceur, porté par un humour irrésistible. (Quatrième de couverture)

Ce que j’ai aimé :

En choisissant d'aller enseigner dans ces contrées lointaines, Martin va découvrir un tout autre monde, avec son mode de pensée spécifique et une philosophie de vie différente. Quand il cherche à comprendre celles et ceux qui l'entourent, Gert, groenlandais pure souche lui répond :

"Est-ce que tu ne peux pas tout simplement...vivre ici ? C'est ce que nous faisons, nous autres. Nous ne sommes pas comme des dingues à essayer tout le temps de comprendre." (p. 78)

Ces hommes et femmes ont une vie simple et saine, évitant autant que possible les complications inutiles. Certains couples ont une façon bien à eux de gérer les crises :  "en comblant le vide avant de commencer à le percevoir" : ils achètent une tondeuse à gazon lors de la première crise, puis à la deuxième crise ils construisent une machine à outils, puis installent une cuisine aménagée, etc...

Ils prennent la vie dans son immédiateté, même si cela crée quelquefois des situations absurdes : Pavia  est fier d'annoncer à Martin qu'il a acheté une moto, qu'il compte bien conduire sur la glace, lui qui pourtant ne sait pas même monter à vélo...

"Une entreprise de vente par correspondance allemande avait trouvé un filon en expédiant son gros catalogue à tous les foyers du district. Et avait par là allumé une braise et créé un besoin qui n'aurait guère existé sans elle. Une vieille femme était ainsi en possession d'un vibromasseur électrique, et la sage-femme s'était procuré une télévision. Elles n'attendaient plus à présent que le jour où l'on installerait l'électricité." (p. 152)

Il ne s'agit pas pour autant d'un monde idyllique : les problèmes d'alcool  sont légion courante, les jeunes sont attirés par l'attrait du continent et notamment de ses boîtes de conserve si différentes du poisson omniprésent, la violence est aussi sous-jacente...  

Mais l'humanisme prend le dessus, l'amour du prochain est tellement évident qu'il permet une entraide salvatrice. Là-bas, pas de psychologue : être sur le traîneau, seul au monde est la meilleure technique d'introspection dans "l'étincelante pureté du monde" (p.359)

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Un roman magnifique que je recommande chaudement...

Ce que j’ai moins aimé :

-   Rien.

Premières phrases :

« Ca grinçait, et c’était rassurant.

Il est rare, pourtant, que des grincements rassurent. Mais un vieil ascenseur habillé de bois, en route vers le quatrième étage, doit grincer. Sinon, quelque chose ne tourne pas rond.

Et ce n’était pas le cas. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le blues du braqueur de banque de Flemming JENSEN

Autre : La vierge froide et autres racontars de Jorn RIEL 

D’autres avis :

Canel ; France Inter 

Imaqa, une aventure au Groenland, Flemming Jensen, roman traduit du danois par Inès Jorgensen, Babel, 2002, 9.50 euros


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