La vieille cité de Provins (Seine-et-Marne) renferme de beaux témoignages de son passé artisanal. Ainsi, au musée de Provins et du Provinois, Daniel Impératori a remarqué cette pierre tombale décrite comme étant celle d'un "mégissier provinois datée de 1570".
© Photographie Daniel Impératori, D.R.
Le défunt, flanqué de ses initiales P F, est représenté en prière, les mains jointes, sous une arche. Le mouvement de ses vêtements, sa position, sont particulièrement étudiés.
Ses outils sont à ses pieds : à droite, un couteau à écharner ou à ébourrer, constitué d'une lame tranchante ou non, selon sa fonction, et de deux poignées. On en retrouve deux autres, plus petits, à gauche. Ces outils servaient à détacher des lambeaux de chair et de graisse du côté intérieur des peaux lors du "travail de rivière".
On remarquera que ces deux derniers couteaux sont placés dans un instrument circulaire muni de deux poignées. Il ne s'agit pas, comme on pourrait le penser, d'un baquet vu du dessus, mais d'un moule à mottes.
Cet instrument en métal, qui mesurait une vingtaine de centimètres de diamètre, servait à confectionner des galettes de tannée, avec la poudre grossière d'écorce de chêne qui avait servi au tannage des peaux. Cette "tannée" épuisée et humide était pressée avec les pieds dans des moules circulaires, démoulée puis séchée sur des bâtons. Les galettes obtenues servaient de combustible.
L'attribution de cette pierre tombale à un "mégissier" ne nous semble pas adaptée, car, au sens ancien du terme, le mégissier est l'artisan qui fabrique des cuirs fins à partir de peaux de chèvre et de mouton, avec un mélange de sel, d'alun, de farine et de matière grasse. Le mégissier n'emploie donc pas d'écorce de chêne, comme le fait le tanneur. Cette pierre tombale est plutôt celle d'un tanneur que celle d'un mégissier.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)
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