Le numéro 47 de l'hebdomadaire comporte son lot de beaux article sur l'Histoire de la Guadeloupe, notre Histoire.
Mais comme je venais de terminer la lecture du bulletin 161-162 de la société d'Histoire de la Guadeloupe, je n'ai pas été étonné de trouver un compte rendu de lecture de l'article sur
Jean-Antoine AME-NOËL, libre de couleur de
Guadeloupe (1769 - 1845) par Gérard LAFLEUR
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Le numéro de Janvier/ août 2012 (N° 161/162) du Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe (BSHG) vient de paraître. Comme d’habitude, il comporte des études fortement documentées sur différents aspects du passé de la Guadeloupe mais également, dans ce numéro, de la Martinique d’antan puisque l’on y traite du café et des libres de couleur dans cette colonie voisine de celle de la Guadeloupe. S’agissant de cette dernière Gérard LAFLEUR ne consacre pas moins que les 74 premières pages de ce BSHG à « Jean- Antoine Amé-Noël, libre de couleur de Guadeloupe, 1769 -1845 ».
Ceux qui fréquent un peu les Archives Départementales de la Guadeloupe, croisent en effet de temps en temps ce personnage, de prime abord insolite. Insolite non point qu’à force de persévérance, d’opportunisme, ce natif de la côte sous le vent ait fini par devenir un jour un colon aisé, possesseur d’un nombre conséquent d’esclaves ; après tout, cette sorte de réussite sociale de self-made-man en milieu colonial esclavagiste n’était pas rare… Mais, insolite car, en l’occurrence, cette réussite était le fait d’un non blanc, Amé-Noël étant ce que l’on nommait alors libre de couleur, cette catégorie socio/chromatique intermédiaire, libre mais ségréguée jusqu’au début des années 1830, mitoyenne des Noirs et des Blancs… mais - à cet- te époque - « tirant sur le blanc », à tous points de vue, de toutes ses forces et parfois ridiculement, voire pathétiquement. Vu à travers les grilles de lecture de l’époque, et sans considération spécialement appuyée sur le seul clivage épidermique Noir/Blanc, c’est surtout le clivage Libre/Esclave qui était premier et vrai- ment opératoire. Pour surprenant - voire choquant - que cela puisse paraître, la figure du libre de couleur propriétaire d’esclave n’est donc pas exceptionnelle (sans toutefois être fréquente) à l’époque coloniale et dans toutes les colonies. Amé-Noël en Guadeloupe n’est rien d’autre que le mauricien-Munier du roman (Georges,) qu’Alexandre DUMAS, consacre à ces questions. C’est le mérite de Gérard LAFLEUR - historien et non romancier - d’avoir ainsi produit l’histoire du MUNIER guadeloupéen, Jean-Antoine AME-NOËL, (et à travers évoquer les traits d’une certaine figure du libre de couleur guadeloupéen de l’époque)… une étude qui se recommande par le sérieux de sa documentation, la rigueur du commentaire ainsi que la fluidité du style.
Avec les Sources et la Bibliographie celà fait 75 pages ! Mais HistoriActe et le Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe méritent l'un et l'autre des compliments. Mon commentaire se lit ici :
http://halleyjc.blog.lemonde.fr/?p=7902