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Dupont Lajoie

Publié le 18 août 2012 par Olivier Walmacq

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genre: drame (interdit aux - 12 ans)
année: 1975
durée: 1h40

l'histoire: Un cafetier parisien passe ses vacances dans un camping du Midi, à proximité d'un chantier où travaillent des immigrés.

La critique d'Alice In Oliver:

Attention, gros choc en perspective ! J'ai nommé Dupont Lajoie, réalisé par Yves Boisset en 1975. Ce drame français réunit Jean Carmet, Pierre Tornade, Ginette Garcin, Pascale Roberts, Jean Bouise, Michel Peyrelon, Jean-Pierre Marielle, Robert Castel, Isabelle Huppert, Jacques Villeret, Victor Lanoux et Mohammed Zinet. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de rappeler les grandes lignes du synopsis. Attention, SPOILERS !
Georges Lajoie (Jean Carmet) tient un café parisien. Chaque été, il se rend en vacances dans un camping du Midi.

Là-bas, Georges et sa petite famille y ont leurs amis qu'ils retrouvent chaque année. Mais le séjour de Georges va être perturbé par des travaux sur un chantier où travaillent des immigrés.
Très vite, les choses dérapent. Cela commence par une violente altercation avec un ouvrier "nord-africain", qui a le malheur de danser avec Bigitte Colin (Isabelle Huppert), la fille de l'un des amis de Georges. Quelques temps plus tard, lors d'un grand jeu organisé par le camping, Georges décide d'aller se balader et rencontre la même Brigitte, à demie-nue.

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Très attiré par la jeune femme, ce dernier se précipite sur elle, tente de la violer et la tue. Il organise une mise en scène pour que les soupçons se portent sur les travailleurs étrangers.
Bientôt, la situation lui échappe totalement. Quelques amis du camping décident d'organiser une "ratonnade". Plusieurs ouvriers nord-africains sont tabassés.
Inutile de préciser que Dupont Lajoie déclenchera la polémique lors de sa sortie au cinéma. Il est donc bien question ici du racisme et de ce que la haine peut engendrer.

La violence n'est pas seulement physique, mais également psychologique et verbale. Bienvenue dans la France beauf et abonnée au Front National !
Et Georges Lajoie en est la parfaite caricature. Il ne manque plus que le bob "Pastis 51" ou "Ricard" (vous ferez votre choix) pour couronner ce triste personnage.
C'est très simple, dans ce film, tous les protagonistes sont mauvais et/ou animés par de vils intentions. A la rigueur, seule la jeune génération, s'en sort avec quelques honneurs.

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Les autres sont aveuglés par leur haine, leurs préjugés, leur ignorance et leur intolérance. Dans Dupont Lajoie, la violence monte crescendo.
A aucun moment, Yves Boisset n'atténue son propos et réalise un drame sans concession. C'est une vision nihiliste de la France profonde, fière de ses certitudes et de son drapeau tricolore.
En gros, tous ceux qui sont étrangers ou qui ont la peau un peu trop mate, ne sont pas les bienvenus et sont caricaturés à l'extrême.

Yves Boisset opacifie son propos via de nombreuses insultes. Nul doute que certains y verront peut-être un drame profondément raciste.
Or, Dupont Lajoie est justement l'inverse, à savoir un pamphlet contre l'intolérance humaine. Certes, j'ai déjà cité le personnage interprété par Jean Carmet, qui campe une véritable ordure.
Mais ses acolytes ne sont pas beaucoup mieux. Mention spéciale à Michel Peyrelon, un huissier de justice, prêt à en découdre avec les "arabes" (désolé d'employer des termes aussi calomnieux mais c'est ainsi que les immigrés sont nommés dans le film !).

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Etonnant que ce drame ne soit qu'interdit aux moins de 12 ans. Franchement, l'interdiction aux moins de 16 n'aurait pas été usurpée.
Par exemple, la dernière demie heure du film est totalement insoutenable. Je défie n'importe qui de regarder entièrement la scène de la ratonnade sans détourner les yeux.
Plus que jamais, Dupont Lajoie est une oeuvre unique mais nécessaire dans le cinéma français. Il s'agit tout simplement d'un film sur la bêtise et la violence ordinaire.

Note: 17/20

Dupont Lajoie, toujours d'actualité. Version finale 20.0


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