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Le chasseur d'âmes de Michael White (à venir)

Par Catherine93

Superbe roman épique qui se déroule peu de temps avant la guerre de Sécession, la plus terrible des guerres américaines parce que fratricide: les Yankees contre les Sudistes.

Dans Le chasseur d'âmes, nous n'y sommes pas encore mais elle se profile dans ce mépris viscéral des Blancs du Sud, dans leur arrogance, leur orgueil et leur honneur; cet honneur auquel ne croit pas Augustus Cain le bien nommé, fils d'un planteur qui nourrissait des ambitions pour lui. "Qui nourrissait"...l'imparfait s'impose car notre héros a tourné les talons devant la vie qui l'attendait: une vie morne, terne, bien loin de ses rêves de liberté, d'évasion, une vie rivée à cette terre qui ne lui dit rien. Mais Cain possède un don rare, précieux qui le fait rechercher par tous les riches propriétaires de Richmond et de ses environs: c'est un remarquable chasseur qui connaît parfaitement les moindres recoins, les moindres buissons. C'est un homme patient et discret, qualités appréciées par les propriétaires d'esclaves rebelles, qui, un beau jour, décident d'en finir avec cette vie en rejoignant les contrées nordiques abolitionnistes. La visite d'Eberly, un riche planteur abject, va modifier la trajectoire de son destin. Rosetta la belle esclave et Henry ont fui le domaine. Cain s'engage à les retrouver et à les ramener contre espèces sonnantes et trébuchantes. Commence alors une odyssée dans les paysages grandioses du nord des Etats-Unis; des paysages battus par le vent, accablés par le soleil. L'auteur restitue de manière précise cette nature à la fois luxuriante et redoutable. Ces espaces uniques participent grandement du plaisir de lire car Michael White nous les décrit avec talent, comme s'il les avait parcourus lui-même. Cain, lui, tout en cheminant vers celle qu'il va tant aimer, chemine en lui-même. Classique. Tout en progressant dans des contrées souvent hostiles, Cain se transforme, s'interroge, fait le bilan de sa vie. Le chasseur d'âmes est bien une odyssée personnelle.

Les personnages sont tous d'une remarquable densité, d'une humanité médiocre. Aucun n'est un héros en ces temps troublés par le fanatisme des uns et des autres, le fanatisme des abolitionnistes et celui des propriétaires du Sud qui s'arc-boutent sur leurs privilèges. L'époque est cruelle, barbare. Michael White ne dissimule rien de la barbarie de l'esclavage, de cette époque où la vie d'un Noir ne valait strictement rien. Certains personnages du roman sont des hommes sans foi ni loi. Cain, lui, hésite entre lâcheté et honneur, tente de fuir ses responsabilités, sa conscience tourmentée de chasseur d'âmes. Mais Rosetta veille à lui rappeler ce qu'il est. Il s'agit bien du Far West dans toute sa sauvagerie, sa loi de la jungle même si l'histoire se déroule dans une autre partie des Etats-Unis. Pour adoucir cette âpreté, une histoire d'amour fulgurante, incandescente entre la proie et le chasseur, entre Cain et Rosetta. Rien de mièvre cependant.

Un très beau roman sur l'Amérique d'avant la guerre de Sécession. Du roman épique comme on les aime.


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