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La Route du Rock - 10 août 2012 : Spiritualized, Dominique A, Patrick Watson, Alt-J, etc

Publié le 20 août 2012 par Toto
La Route du Rock - 10 août 2012 : Spiritualized, Dominique A, Patrick Watson, Alt-J, etc On ne va pas se le cacher, même si l'été et les premières vraies chaleurs ont tardé à pointer le bout de leur nez, la rentrée approche désormais à grand pas et avec elle, sa cohorte de sorties musicales qui s'annoncent passionnantes (Animal Collective, Grizzly Bear, Wild Nothing, Dan Deacon, David Byrne & St Vincent, Benjamin Biolay, j'en passe et des sûrement meilleures...). En attendant, rien de tel qu'un retour sur de récentes vacances dans ma Bretagne natale avec l'un des meilleurs festivals rock de France : la Route du Rock. Et je ne dis pas ça par chauvinisme. Pour preuve, rien que la première journée (la seule à laquelle j'ai assisté) comptait pas moins de quatre disques dont j'ai déjà parlé ici  : Alt-J, Patrick Watson, Dominique A et Spiritualized. La soirée a d'abord commencé avec Yeti Lane sur la très petite scène de la Tour. Ce n'est jamais facile d'ouvrir les hostilités d'un festival et ces français sous haute influence Grandaddy l'ont plutôt réussi, faisant progressivement monter l'adrénaline en terminant par "Analog Wheel", joli final en apothéose.
Ensuite, ce fut déjà l'un des concerts les plus attendus. Dès leur arrivée sur scène, le moins que l'on puisse dire, c'est que les anglais d'Alt-J ne sont pas, comme on aurait pu le croire, très à cheval sur l'apparence. Sans doute pas habitués à pareille chaleur dans leur contrée, ils débarquent, le teint rougi par le soleil et attifés de vieilles fringues qu'on jurerait achetées chez kilo-shop, le genre de sapes bariolées des années 90 difficilement sortables aujourd'hui. Mais le groupe ne semble en avoir cure et délivre un set appliqué. Cela manque pourtant d'un grain de folie pour emporter véritablement l'adhésion générale, hormis peut-être sur les magnifiques "Breezeblocks" et "Taro" (hommage à l'une des premières photo-journalistes, amie du célèbre photographe Robert Capa) en clôture de leur prestation. Si la musique d'Alt-J propose un métissage assez novateur et dégage une fraîcheur vivifiante, elle ennuie aussi - un peu - sur la longueur.
Si on pouvait reprocher aux jeunes anglais de manquer de charisme, impossible de faire les mêmes critiques envers Patrick Watson. Le canadien à l'accent québecois par moments incompréhensible semble particulièrement à l'aise sur une scène. Il jouera des versions revisitées des chansons de ses trois albums et bien sûr surtout du dernier "Adventures In Your Own Backyard". On assiste à un sympathique boeuf entre les musiciens, les mélodies plus encore que sur disque s'en retrouvent déstructurées. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas réussi à me faire rentrer dans leur délire. A l'image de ces soirées où semble régner une ambiance de franche camaraderie autour de nous, et où pourtant, on se sent désespérément seul, pas intégré. Et puis, trop de décontraction nuit à l'émotion.  Vint alors celui dont j'attendais le moins. Enfin, façon de parler, disons que j'avais déjà assisté à l'un des premiers concerts de sa tournée et que je voyais alors son dernier. Ce ne pouvait être une révélation, même si Dominique A en live reste toujours une expérience. L'artiste montrera une fois de plus à ceux qui ne le savaient pas encore qu'il est devenu une véritable "bête de scène". Malheureusement, c'est le moment qu'ont choisi certains spectateurs, les plus jeunes, pour aller voir ailleurs et faire leur pause galette saucisse ou autres nourritures plus industrielles et standardisées. Oui, ne nous voilons pas la face, Dominique A n'est pas un chanteur pour midinettes mais pour trentenaires, que dis-je quarantenaires aguerris. On a beau reconnaître un soupçon de Noir Désir derrière le riff inaugural de "Close West", tout ceci appartient, qu'on le veuille ou non, à la génération de ceux qui étaient ados dans les années 90. Faisant évidemment partie de cette catégorie-là, je trouvais le concert parfait, comme à son habitude. Pour montrer sa belle inspiration du moment, "Des Leurs" et "Mainstream" joués une nouvelle fois auraient aussi mérité être présents sur le dernier disque (et pas seulement sur une édition spéciale de la FNAC)
La soirée montait intelligemment en puissance avec Jason Pierce et son Spiritualized. Drôle de scénographie avec d'un côté les musiciens (guitare/basse/batterie/claviers) tout de noir vêtus, et de l'autre, le chanteur avec deux choeurs en blanc immaculé. La lumière noire et la lumière blanche. Le rock et le gospel, la soul. L'une qui fait plonger dans une infinie tristesse, l'autre qui élève et transporte. Spiritualized, forcément. Belle image, en somme. Le concert alternera de la même façon les passages violents (un final tout en larsen difficilement supportable dans l'esprit de My Bloody Valentine) et les chansons d'amour plus calmes (géniale et émouvante version de "Ladies and gentlemen, we are floating in space"). Reste le principal défaut que je ferai au groupe, cette manie de rallonger quelques fois inutilement la sauce, au risque de lasser.
Enfin, détour pour la deuxième et dernière fois de la soirée par la scène de la Tour avec ce qui est pour moi, la grande découverte du jour : Civil Civic. Ces deux jeunes garnements balancent une sorte de disco-punk instrumentale un peu brouillonne mais donnant une envie irrépressible de se trémousser. Et tant pis si les quelques interventions en mauvais français du bassiste sont désolantes de vulgarité et de banalité. "Ferme la et joue" dira d'ailleurs justement un auditeur encore plein de bon sens malgré l'heure tardive. On pense à un curieux mélange entre Sonic Youth et New Order. A suivre, donc.
Dernière prestation avant de regagner nos pénates, les petits chouchous du co-programmateur du festival, François Floret - qui n'a pas hésité à les faire venir malgré le fait qu'ils n'ont pas d'actualité et qu'ils ne tournaient même pas - The Soft Moon. Leur musique comme leur tenue est très sombre. Bien dans l'esprit du festival, pas franchement apte à la gaudriole. Si le son est impressionnant, il est malheureusement en partie pré-enregistré, donnant l'impression étrange au groupe d'être là sans vraiment y être. On y dénote des affinités évidentes avec les Horrors sans le côté grand-guignolesque souvent propre aux anglais. Sans les mélodies marquantes aussi. La soirée s'achève donc sur une légère déception. Les groupes attendus ont juste fait le boulot. Dominique A reste Dominique A. Et puis, il y eut la découverte Civil Civic...

D'autres captations live de la soirée seront bientôt visibles ici.

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