Après l’intégrale consacré à Naoki Urasawa, l’invité d’honneur manga de Japan Expo 13, voici venu le tour de l’invité d’honneur j-music, FLOW. À travers une conférence publique, une table ronde et un concert, le chocobo et ses acolytes Angela (du collectif Plumes) et Painfool vous proposent aujourd’hui un compte-rendu global de ce flow-rilège (ça c’est fait) de rencontres.
Nous avons pu aborder la création du groupe et ses influences, mais aussi la composition des morceaux puis nous avons longuement parlé des génériques d’animation pour lequel le groupe est célèbre. Leur concert en général et celui du Live House en particulier furent également partie intégrante de ces entrevues, juste avant d’aborder Japan Expo et leur venue dans la capitale parisienne. Le groupe s’est montré très disponible, ouvert – curieux même – et ravi de cette toute nouvelle expérience sur le Vieux Continent, comme vous allez pouvoir le constater…
Place au compte-rendu !
L’origine du flow
FLOW est créé par deux frères : Take, guitariste, et Kôshi, chanteur, qui créent en 1993 un groupe… Qui ne s’appelle pas encore FLOW (il faudra attendre 1998). Deux ans plus tard, les deux frères sont rejoints par le batteur Iwasaki, le bassiste GOT’S qu’ils rencontrent par le biais du travail et enfin un copain d’école qui devient leur second chanteur : Keigo.Le nom du groupe provient tout simplement du terme anglais flow, qu’ils apprécient car il représente à leurs yeux quelque chose de continu, qui ne s’arrête jamais et reste toujours « frais ». Leur musique majoritairement rock-punk a plusieurs origines et puise son inspiration aussi bien dans le punk anglais ou américain que chez les artistes japonais, à l’image des modèles du groupe :
Got’s : J’aime beaucoup les bassistes en général et celui de Metallica en particulier, j’ai souvent été aux concerts. Je me souviens d’un live en France sur une superbe scène que j’ai vu en DVD (concert aux Arènes de Nîmes en 2009, NDLR).
Iwasaki : Mötley Crüe ! C’est en écoutant leur musique que j’ai voulu me mettre à la batterie.
Kôshi : En ce qui me concerne, c’est Hide de X Japan qui m’a donné envie de faire de la musique.
Keigo : C’est JUN SKY WALKER(S), un groupe de rock japonais. C’était mon premier concert et une expérience inoubliable.
Take : Korn, Rage Against the Machine, Linkin Park, Zebrahead, The Offspring…
Le groupe explore également d’autres horizons musicaux, comme le reggae de leur début, mais les membres expliquent qu’ils suivent souvent leur instinct et l’inspiration du moment… Que rien de tout ceci n’est vraiment programmé. Coté écriture justement, c’est Take qui nous explique comment naissent les morceaux du groupe : « Je m’occupe de la composition musicale. D’abord je commence par créer une mélodie, de l’imaginer puis mon frère, Kôshi, écrit les paroles. On mélange le tout et, petit à petit ça prend forme. »
Pour l’anecdote, on apprend également que Take sort parfois du registre de FLOW et compose des morceaux pour Amuse, qui réalise des pièces de théâtre telles que Black Pearl ou Mystic Topaz Pour ce type de composition Take explique qu’il cherche avant tout à créer une ambiance qui correspond à chaque scène.
Un groupe générique…
Après avoir parlé d’écriture nous dévions logiquement sur ce qui a fait connaître le groupe : les génériques d’animation. Lorsqu’on leur demande quelle est la place de ces derniers dans leur carrière et leur succès, la réponse de Take est sans équivoque : « Une grande place, c’est un peu grâce à cela que nous sommes ici aujourd’hui. Ça nous permet aussi de composer de manière très différente car par rapport à une chanson classique nous nous adaptons aux images. Nous aimerions continuer à travailler dans cet univers. »En effet, les morceaux sont parfois composés pour la série, parfois non, comme on l’apprend sur le cas de Naruto : « FLOW a composé trois morceaux pour Naruto. Go!!! est un morceau préexistant, tandis que Re:member et Sign ont été composés à la demande du studio d’animation. »
Ce monde de l’anime est donc une source d’inspiration pour le groupe mais son influence s’étend bien au-delà et remonte jusqu’à leur jeunesse : « depuis leur plus jeune âge, les japonais sont bercés par les animes et la musique qui y est associé » rappelle Take, avant d’enchainer sur ses propres souvenirs… « Lorsque nous étions petits, nous enregistrions les génériques sur des cassettes qu’on écoutait dans la voiture, sur la route des vacances. Le monde de l’animation a donc une influence assez forte sur notre style musical et son évolution. »
Le public leur demande ensuite leur générique mais aussi leur anime préférés… Got’s cite Colors (Code Geass) et l’anime Fushigi no Umi no Nadia (Nadia, le secret de l’eau bleue, NDLR). Le générique préféré d’Iwasaki est Go!!! (Naruto) et il apprécie tout particulièrement la série Meitantei Conan (Détective Conan, NDLR).
Keigo choisit également un générique de Naruto, Re :member mais choisit la série Captain Tsubasa (Olive et Tom, NDLR). Koshi opte lui aussi l’opening Go !!! puis la série Neon Genesis Evangelion. Enfin Take préfère Days (Eureka Seven) et se lance ensuite dans une longue suite d’anime : Naruto, Eureka Seven, Code Geass, Persona Trinity Soul ! (les séries dont ils ont fait les openings en fait).
Lors de la table ronde nous leur demandons de choisir le morceau qui représente le mieux le groupe et là encore, c’est un générique d’anime qui va sortir de la bouche de Take : « Hum… C’est sûrement Go!!! » Assure-t-il avant d’expliquer pourquoi ce morceau a changé beaucoup de chose pour eux… « C’est ce morceau qui nous a permis d’avoir la reconnaissance du public. Sans Go!!!, nous n’aurions pas pu être ici aujourd’hui, elle est très importante pour nous. Même en live c’est une chanson très appréciée et puissante que nous aimons jouer. Go!!! permet de s’unir avec le public et d’apporter beaucoup de dynamisme dans la salle. Nous la jouons dans tous nos concerts. »
Cette expérience dans le domaine des génériques nous amène à demander ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais générique et Iwasaki explique simplement qu’un bon générique reste en tête, comme celui d’Ano Hana qu’il a apprécié dernièrement, et qu’il est incapable de se rappeler des mauvais.
Les animes restent également au cœur de l’actualité du groupe. Take rappelle que leur tout dernier générique, celui d’Eureka Seven Ao sera joué pour la première fois sur scène à Japan Expo. On apprend également qu’avec le CD ANIME BEST sorti le 4 juillet, on peut découvrir un anime dont le doublage a été intégralement réalisé par le groupe. Une expérience qu’ils ont appréciée et « qu’ils aimeraient pouvoir refaire un jour. »
Leur actualité musicale c’est aussi leur dernier album, Black and White, qui coïncide avec leurs 10 ans de carrière en major… C’est Kôshi qui prend le micro pour nous en dire plus lors de la table ronde : « Nous fêtons cette année notre dixième anniversaire, et l’album a été enregistré juste avant cette anniversaire. Nous avons voulu rassembler toute notre expérience passée et tout donner. Le titre Black & White signifie que c’est soit noir soit blanc mais qu’il faut choisir entre l’un et l’autre et savoir s’affirmer, y aller à fond. »
Après avoir discuté de leur musique sous de multiples coutures nous abordons un autre point d’importance : les concerts !
Première rencontre avec le Vieux Continent…
De nombreuses questions sont posées en conférence et en table ronde sur leur concert à venir le vendredi soir. Globalement ils expliquent que « monter sur scène apporte toujours son lot de surprises, mais nous cherchons avant tout à partager le concert avec leur public ».On sent également, au-delà des encouragements du groupe pour que le public vienne nombreux, que ce premier concert en Europe est spécial et qu’ils sont ravis que leur musique « dépasse les frontières ». Après un concert aux États-Unis et un en Corée c’est leur première date en Europe, à l’autre bout du monde… Comme nous le dit Got’s en table ronde ils ne savent pas du tout à quoi s’attendre de la part du public français.
Cela dit une première rencontre en dédicace les a déjà surpris, dans le bon sens du terme, comme nous avoue Take : « Hier nous avons donné une séance de dédicace (dédicace au Dernier bar avant la Fin du monde, NDLR) et beaucoup de français sont venus. Certaines personnes ont carrément ramené des anciens CDs de notre période indie qui sont difficiles à trouver même au Japon et ça nous a très surpris… Et fait très plaisir ! »
Autre sujet de satisfaction pour le groupe : être l’invité d’honneur j-music de cette édition… Même sans cette invitation honorifique, le quintet avoue que Japan Expo a quelque chose d’assez différent de leurs expériences passées : « On a déjà participé à des conventions sur l’animation japonaise, mais là c’est un peu différent car c’est la première fois que nous nous produisons dans un événement consacré à l’ensemble de la culture japonaise. C’est donc quelque chose d’important pour nous. »
Détail surprenant : c’est un journaliste, lors de la table-ronde qui va leur apprendre malgré lui qu’ils sont invités d’honneur j-music. Le groupe n’a apparemment pas été mis au courant et le quintet est alors aussi étonné que ravis. Une fois la surprise passée, le groupe nous explique que le concert a tout ce qu’il faut pour être à la hauteur « Demain nous allons donner un concert très long de 2h, une durée que nous ne faisons même pas au Japon, c’est assez exceptionnel. Nous allons pouvoir jouer beaucoup de morceaux et on espère, du coup, que ça répondra à l’honneur qui nous est donné. »
Enfin, FLOW désire que ce concert européen ne soit pas le dernier, comme pour chaque groupe à chaque fois, certes. Mais en table ronde, une conversation va éclore sur le sujet et les membres nous demandent les salles de concert de notre Vieux Continent qui peuvent valoir le coup. La salle O2 à Londres vient rapidement sur le tapis et le groupe se montre avide de bonnes adresses, en Espagne et en Allemagne notamment.
Confidence pour confidence
L’ambiance détendue de la table ronde nous permet d’obtenir une anecdote de Kôshi : « Lors d’un concert aux Etats-Unis, j’ai fait un saut et mon pantalon s’est déchiré. Les spectateurs au premier rang ont rapidement fait passer le mot ! » (Rires)Autre anecdote, d’interview cette fois-ci, que nous délivre Keigo : « on n’aime pas trop quand on se trompe de nom de groupe ou de membre en nous présentant ! Par exemple nous avions été invités dans une émission de radio au Japon, mais le présentateur s’est trompé de nom. Ils ont dit « C’était Keigo et Shogo ! ». Je me suis dit « Hein ? C’est qui Shogo ? » (Rires)
La conférence publique aura elle aussi son moment original, lorsque quelqu’un leur demande ce qu’ils auraient aimé faire s’il n’avait pas fait de la musique… Chacun se prête au jeu :
Got’s : Archéologue
Iwasaki : Traiteur japonais dans une boutique de Bento
Keigo : Footballeur
Kôshi : Mangaka
Take : Je ne peux pas m’imaginer faisant autre chose que de la musique
La question de la ballade à Paris est assez classique mais, pour une fois, c’est Kôshi qui va la poser au public : Nous avons visité la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, mais nous ne savons pas ce qu’il faut absolument voir dans Paris… Que nous conseillez-vous ?
L’intervenant faire le tour de la salle avec le micro, et interroge la foule au hasard. On lui conseille entre autres de visiter La grande mosquée de Paris, le Centre Pompidou, l’Opéra Garnier, le Louvre, la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, Versailles et son château, ainsi que le Moulin Rouge. Le cabaret attire l’attention de Kôshi, dans l’hilarité générale, qui nous remercie en français.
Avant de partir, chaque membre a tenu à dire un dernier mot :Got’s : Merci d’être venu ! Venez vous amuser avec nous au concert de demain, nous donnerons le meilleur de nous-mêmes !
Iwasaki : Demain, ce sera notre premier concert en Europe, j’ai hâte d’y être. Il gravera quelque chose d’inoubliable dans nos carrières !
Keigo : Je suis heureux que vous soyez là. On n’est pas en France juste pour le tourisme, mais surtout pour le concert, que nous essayerons de rendre le plus vivant possible !
Kôshi : Anime, musique, dépassons cette distinction des choses et unissons-nous le temps de ce concert !
Take : (en français, NDLR) : Bonjour ! Bonjour ! Je t’aime ! Merci beaucoup !
Qu’il s’agisse de cette conférence publique ou de la table ronde chacun repart donc content de ces échanges détendus, riches en informations et plein d’humour. Nombre de fans auront pu profité de la conférence pour échanger directement avec le groupe que ce soit pour remettre une lettre voir carrément pour monter sur scène pour faire un câlin aux membres (oui oui !).
Le showcase au JE Live House
Le concert du lendemain est dans la lignée des échanges de la veille : la proximité du groupe avec ses fans se répète dans la bonne humeur et de manière chaleureuse. Les membres de FLOW donnent tout ce qu’ils ont sur scène, en bougeant sans arrêt durant 2 heures de concert et 18 morceaux. Chacun d’entre eux semble ravis d’être là et avait à cœur de proposer une prestation digne de ce nom.
Même si le côté mainstream / karaoké peut déplaire sur le plan musical, il permet de vrais échanges avec le public qui connait très bien les morceaux de la setlist pour les avoir entendus à répétition dans leurs animes préférés. L’inverse est également vrai et les morceaux hors-générique font redescendre l’intensité d’un cran, mais ils sont relativement peu nombreux, comme le prouve la setlist ci-dessous :
Hey!!!
CALLING
COLORS
DAYS
ENEMY
Sign
BraBlue (opening d’EUREKA SEVEN AO)
1/3 no Junjou na Kanjou (reprise de SIAM SHADE)
Answer
BLACK & WHITE
Ryuusei
READY STEADY GO (reprise de L’Arc~en~Ciel)
WORLD END
Re:member
Rock Climbers
GO!!!
~Rappels~
Zankoku na Tenshi no Thesis (reprise de Yoko Takahashi)
Garden
Les anciens morceaux comme les nouveaux sont joués avec une excellente maîtrise et ont prouvé le métier et l’endurance du groupe. Ce concert fut aussi l’occasion de quelques inédits : le générique d’Eureka Seven Ao bien sur, mais surtout trois covers d’autres opening d’anime : 1/3 no Junjou na Kanjou (SIAM SHADE), Ready Steady GO ! (L’Arc~en~Ciel / Fullmetal Alchemist) et Zankoku na Tenshi no Thesis (Yoko Takahashi / Neon Genesis Evangelion) qui a enthousiasmé jusqu’à la fosse presse qui apprécie l’hommage à ce générique très symbolique.
On se souviendra également de l’émotion difficilement contenue de Keigo et du délire mémorable de Take, avec ses lunettes clignotantes et multicolore, qui arrangera la foule en lui faisant répéter tout et n’importe quoi.
Au chapitre des reproches, il n’y a pas grand-chose à dire sur le groupe et sa prestation mais on évoquera bien sur le prix et ses conséquences sur le remplissage de la salle, correct mais sans plus. En effet, même si la scène du Live House bénéficie d’une bonne acoustique et d’un bon éclairage elle ne peut, à elle seule, justifier le prix du billet, aux alentours de 40 euros voir d’une centaine d’euros pour une version Deluxe avec un coupe-file, un album CD, un poster et un t-shirt exclusivement réservé aux acheteurs du billet.
Si on ajoute à ça le prix des entrées en forte augmentation cette année de Japan Expo, on arrive à une rondelette somme qui a dissuadé pas mal de monde de venir, ce qui a eu pour conséquence une salle non remplie malgré de nombreuses tickets donnés via des concours les jours précédents. On ne comprend pas, par exemple, pourquoi une offre billet de concert + billet de Japan Expo n’a pas été mise en place. Heureusement le public présent s’est montré motivé et a fait très bonne figure.
Autre regret: que les MC en japonais n’aient pas bénéficié d’un interprète car l’émotion y était parfois palpable et leur traduction aurait parachevé les échanges entre scène et public qui ont fourni une excellente ambiance.
Néanmoins on retient surtout du positif de cette soirée qui est allé de la bonne à la très bonne surprise pour les personnes présentes, avec un groupe survolté qui nous a offert une prestation digne de leur rang d’invité d’honneur. Les spectateurs sont repartis majoritairement séduits… Et nous aussi !
Bonus : photos et vidéos !
À l’image de ce que je vous ai proposé pour Urasawa, finissons en image avec photos et vidéos du concert…
On commence par les photos du concert, signées par Gally et par votre serviteur.
Viennent ensuite les nombreuses vidéos réalisées par Van (du blog j-music quasi éponyme) qui, à défaut d’être un grand fan du groupe, propose de nombreuses vidéos du concert pour permettre au aficionados de découvrir ou re-découvrir ce concert… Enjoy !
Crédits : Propos recueillis par Angela et Painfool, photos d’interview par Leang Seng pour Plumes et de concert par Gally & Ramza pour Paoru.fr et Au Pays de Gally. Remerciements aux staffs de Japan Expo 13 et de Soundlicious.
Japan Expo : compte-rendus et interviews pour tous les goûts !
Compte-rendu global : un chocobo à JE !
L’intégrale de Naoki Urasawa @ Japan Expo
Virgo aka Hammer : u can’t touch this interview !
Man With A Mission : le photo & vidéo report
Conférence Sunrise
FLOW @ Japan Expo 13 : le flow-rilège des rencontres