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La Chine pilonne les vins européens

Publié le 21 août 2012 par Kamizole

La Chine pilonne les vins européens

Politique de la « canonnière » tous azimuts. Le « Pire du Milieu » cherchant à devenir le maître du monde qu’il entend inonder de ses productions aussi bien industrielles que comestibles. Force leur est de dénoncer les subventions dont bénéficieraient les Américains et les Européens. Mieux vaut à cet égard se taper le cul par terre quand l’on sait que Pékin est devenu le champion contesté de l’énergie solaire  (Le Monde 10 février 2012) préci-sément parce que les entreprises bénéficient de subventions, de terrains mis gratuitement à la disposition des industriels, de prêts à taux tellement réduits qu’ils s’apparentent à des subventions déguisées. Au point que les Américains envisageaient de porter l’affaire devant l’OMC pour concurrence déloyale.

Or donc, je lis sur le blog Big Browser du Monde que la Chine mène l’offensive et dénonce la concurrence déloyale des vins européens  (21 août 2012) et que selon l’agence officielle Chine nouvelle « L'Association chinoise de l'industrie des boissons alcoolisées a demandé au gouvernement d'enquêter sur les importations de vin en provenance d'Europe, estimant que les subventions européennes portaient préjudice aux producteurs nationaux ». Je n’ai pas plus d’information à ce sujet mais il me paraît évident qu’ils visent essentiellement les aides accordées par Bruxelles dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) dont celles à l’exportation. Atteinte donc à la souveraineté de l’Union européenne : ils entendent imposer la « lex sina » à l’ensemble du monde.

Leur ambition est maintenant « d’exister sur le marché du vin » à l’exemple des vignobles du Nouveau monde qui se sont inspirés des grands vignobles notamment français. Mais il me semble qu’ils confondent pour l’essentiel qualité et quantité « La Chine du vin est maintenant bien éveillée L'empire du Milieu occupe aujourd'hui le cinquième rang en matière de production viticole dans le monde. Et, avec les Etats-Unis, c'est la seule des nations importantes à voir croître régulièrement ses surfaces plantées depuis cinq ans. L'augmentation de la production commence à y suivre celle de la consommation de vin ».

Ils revendiquent même une qualité supérieure à celle des grands crus du Bordelais, « forts des appréciations d’experts dans le cadre d’un concours « baptisé "Bordeaux contre Ningxia", du nom de cette région du Nord considérée par les spécialistes comme la plus prometteuse en matière de grands crus ». Autant vous dire que dans tous les domaines je me méfie des experts comme de la peste et c’est bien de leur faute puisqu’ils oublient le plus souvent les « conflits d’intérêts » avec les entreprises qu’ils soutiennent dans leurs conclusions. J’ai par ailleurs le parfait souvenir que Robert Parker, le « pape du Bordeaux » avec son guide aurait été mêlés à des scandales mettant précisément en cause certains de ses experts.

Ceci dit, et même si j’apprécie les bons vins, je n’aurais certai-nement pas l’outrecuidance de me poser en experte. Je n’ai pas les moyens d’acheter les grands crus classés du Bordelais et pour tout dire, je n’aime pas les tanins non plus que les vins trop lourds. Je n’ai pas vécu trente ans dans le Val de Loire pour rien - parlez-moi du Saint-Nicolas de Bourgueil ! - ni fait de nombreux et longs séjours au bord du Cher, à portée de fusil de ses fameux coteaux. Pour ce qui est des vins de Bordeaux, ma préférence va aux Côtes de Bourg ou de Blaye, nettement plus légers - la couleur de la robe et les arômes en témoi-gnent. Les choisissant toujours avec la mention « récoltant » sur le « congé » au-dessus du bouchon (le timbre fiscal) et qui plus est le plus souvent ayant obtenu une médaille dans quelque concours vinicole, je me fais plaisir de temps à autres ainsi qu’à mes ami(e)s pour moins de 6 €.

J’ai eu également eu l’occasion de goûter de très bons vins à l’occa-sion de vacances en Bourgogne ou dans le Beaujolais - les vrais crus pas le produit purement marketing du beaujolpif « nouveau » qui trop souvent ne casse pas trois pattes à un canard - dans le Jura et les Alpes du Nord. J’ai de même été fort et agréablement surprise lors de longs et nombreux séjours dans l’Hérault de voir combien la qualité d’un grand nombre de vins s’y était améliorée en comparaison des piquettes d’antan qui servaient à couper les vins d’Afrique du Nord. Mais précisément parce que les vignerons se sont attachés à privilégier la qualité plutôt que la quantité : plutôt que de faire « pisser la vigne » ils ont éclairci les rangs, supprimé des grappes pour que celles qui restent prissent mieux le soleil, etc.

Sur la qualité de leurs vins revendiquée par les Chinois, je vous inviterais à consulter un article de Jean-François Pécresse sur Le Point Les grandes ambitions du vin chinois  (15 juin 2012) auquel faisait référence l’article de Big Browser. Lequel m’a permis de découvrir deux autres articles sur le même sujet.

Sur le premier « Un produit élitiste »  (15 juin 2012) je lis notam-ment que « Le grand frein se trouve dans l'impossibilité actuelle de travailler avec du matériel végétal de qualité -porte-greffes, cépages - liée au problème de quarantaine et d'entrée sur le territoire chinois de tout matériel végétal étranger »… A tomber à la r’bidaine sachant précisément que précisément le choix des porte-greffes et des cépages sélectionnés sont essentiels à la qualité des vins.

Je lis en outre dans le second Que valent-ils ? - appréciation de la qualité de quelques vins dégustés - que l’un deux est « produit par le groupe Citic qui a créé une très vaste unité (10.000 hectares de vignes !) dans la région très préservée du Xin Jiang, au nord-ouest de la Chine, sur la même latitude que celle de Bordeaux ». Ne me faites surtout pas croire qu’un vignoble de 10.000 hectares peut produire de grands crus.

Ceci dit, certains producteurs français de grands crus se sont proprement tirés une balle dans le pied en s’installant en Chine. Entre autres Château Lafite Rothschild… Moins surprenant quand il s’agit de LVMH ou Pernod-Ricard qui ne défendront jamais la qualité « made in France » mais leurs seuls intérêts de margoulins.

Enfin, jusqu’à présent les Chinois se sont toujours signalés par leur incommensurable capacité à la contrefaçon et à la fabrication de produits dangereux. J’ai le parfait souvenir de vins dont les bouteilles étaient revêtues d’étiquettes portant le nom d’un grand cru du Bordelais et dont l’infâme piquette qu’il contenait n’avait pas vu le moindre grain de raisin provenant des bords de la Gironde. Ou encore, d’un véritable Bordeaux mais… coupé avec de l’eau.

Il reste seulement à espérer que les vins avec lesquels ils préten-dent bouffer la laine sur le dos des producteurs européens ne contiennent pas de mélamine ou autre ingrédient aussi dangereux pour la santé des consommateurs.


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