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« Construire des logiciels qui s'adaptent aux besoins et aux capacités des utilisateurs »

Publié le 22 août 2012 par Pnordey @latelier
Christian Heilmann

Mozilla a réalisé un sondage en ligne* auprès de 590 développeurs afin de les interroger sur leurs habitudes en termes de développement d'applications. Cette étude a essayé de déterminer si les développeurs ne créent une application que pour un seul navigateur par choix ou si c'est parce ce qu'ils utilisent des bibliothèques qui ne sont optimisées que pour une seule plate-forme.

Interview de Christian Heilmann,  évangéliste chez Mozilla.

 

L'Atelier : Votre étude évoque une « fracture du marché de l’internet ». Pouvez-vous nous expliquer ?

Christian Heilmann : Au fil des années, les technologies web ont remplacé les applications encombrantes, difficiles à mettre à jour et à l’utilisation lourde. Il est plus facile d’utiliser un service de messagerie online sur mobile, tablette ou ordinateur que de créer une application pour chacune de ces plateformes et de demander aux utilisateurs de l’installer à chaque fois. Toutefois, sur les appareils mobiles, les applications web n’ont pas accès à toutes les ressources. Par exemple, sur un iPhone les autres navigateurs que celui d’Apple ne sont pas autorisés. Cela conduit les gens à créer des solutions web mobiles qui ne fonctionnent que sur une seule plate-forme. La fragmentation arrive en effet lorsqu’il y a un besoin de se spécialiser. Lorsque vous créez une application, vous devez donc en créer une sur iOS, une pour Android et une pour tout autre système que vous voulez cibler. Si vous créez une application en utilisant la technologie web, celle-ci peut être créée une seule fois et fonctionner sur toutes ces plateformes. L’impact peut être immense – imaginez que des applications se mettent à jour rien qu’en chargeant une petite partie et non en nécessitant un remplacement total.

Y a-t-il une tendance qui se développe sur le marché mobile ? Quel avenir pour ce marché ?

Christian Heilmann : Tout d’abord, nous avons remarqué que les applications se simplifient et sont plus ciblées qu’avant. Ensuite, nous voyons également que le succès des smartphones fait réfléchir beaucoup de développeurs web quant à leur approche sur les applications web. Je pense que les prochaines innovations ne pourront pas voir le jour en suivant les règles définies par les systèmes verrouillés ou en choisissant de ne prendre aucun risque et de se concentrer sur des applications à 1€, amusantes certes pendant un petit moment mais jetables. Nous avons remplacé le système qui consiste à installer et désinstaller des logiciels par des contenus Web plus flexibles. Nous ne devons pas reproduire sur mobile les erreurs faites sur PC. D’après l’étude, beaucoup de développeurs utilisent des bibliothèques pour prendre en charge la gestion multiplateforme. Les principaux défis recensés sont le manque de temps dans le cycle de développement pour construire et tester sur divers navigateurs. Ainsi les applications sont créées afin de supporter plusieurs navigateurs mais peuvent être dysfonctionnelles étant donné que la majorité du temps dédié aux tests est consacré à iOS et Android.

Qu’est-ce que cela va changer pour les utilisateurs ?

Christian Heilmann : C’est toujours bien d’avoir le choix. Sur le web, nous avons toujours été confrontés à la fragmentation. Il était difficile de savoir quel navigateur, quelle plateforme et quelle configuration matérielle utilisaient les internautes. Il est temps de sauter dans l’inconnu et de construire des logiciels qui s’adaptent aux besoins et aux capacités des utilisateurs. C’est le point fort du Web. Il existe une idée reçue selon laquelle les technologies fermées sont avantageuses seulement parce qu’elles fonctionnent. Si c’est le cas, pourquoi est-il si difficile d’obtenir un rendez-vous dans un magasin lorsqu’un appareil tombe en panne ? Normalement, les services techniques devraient être vides si personne n’a de réclamation, n’est-ce pas ?

*Sondage réalisé en 2012 sur Internet auprès de 590 développeurs. Les résultats n’ont pas de valeur scientifique. 


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