Stasia Irons et Catherine Harris-White (alias Stas et Cat), le duo de Thee Satisfaction, sont deux jeunes Américaines de Seattle, noires, lesbiennes et en couple. Si la musique n’était qu’une question de déterminisme social et culturel, ces cumulardes des enjeux minoritaires (élevées, de surcroît, au pays des riot grrrls) balanceraient le plus enragé et revendicatif des hip-hop. Et finalement, pas du tout : Queens, le tube potentiel de Thee Satisfaction, donne juste envie de danser et de faire le clown – ce que Stas et Cat font très bien.
Les débuts…
Autour d’un laptop, d’un micro et du logiciel GarageBand, Stas et Cat peaufinent leur style, à base de “chansons rigolotes”. Des concerts dans des fêtes privées, des réunions communautaires, des restaurants. Quelques mixtapes et le soutien des nouveaux héros rap locaux, Shabazz Palaces. Quand la technique les lâche, les deux filles se contentent de chanter a cappella et de danser.
L’album à découvrir…
Un album au naturel, avec de vrais morceaux d’instruments dedans (du piano, de la basse, de la trompette), et surtout basé sur les voix. Stas et Cat ne font pas de scat, mais le jazz n’est pas loin. Cat a donc une formation de chanteuse de jazz (“J’étais à fond là-dedans, immergée dans Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Billie Holiday”). Et Stas, dont la mère dirigeait une chorale, a beaucoup écouté Jill Scott, Erykah Badu, et le hip-hop du début des années 90.