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Avec les félicitations du jury ?

Publié le 29 août 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Comme on vous connait comme si on vous avait fait, on commencera par dire que cette liste n’engage que nous. Nos connaissances cinématographiques n’étant pas parfaite, nous n’aurons jamais la prétention de délivrer parole d’évangile.  Dès lors, voyez cette liste plus comme une réfléxion sur l’engagement de certains acteurs envers leurs rôles et ce qu’ils sont capables d’endurer par soucis de perfection. Autre précision, cette liste ne contient que des films américains sortis entre 1980 et 2010, afin de simplifier le choix des candidats éventuels.

1. Robert De NiroRaging Bull (1980)

Avec les félicitations du jury ?

La bonne vieille rengaine du réalisateur qui s’entend à merveille avec son acteur, cristallisant ainsi  à l’écran ses motivations, ses intentions les plus palpables, afin de rendre une copie presque parfaite pour un rôle tout droit sorti de la tête du premier pour arriver dans les bras du second. Évidemment l’allégeance à un grand classique est toujours de mise pour commencer un classement comme il se doit. Scorcese-De Niro c’est huit films depuis 1973. Autant de performances qui à chaque fois font mouche, mais Raging Bull c’est la première pierre à l’édification de la légende qu’est aujourd’hui l’acteur. 

Encore en 2012, les pas lourd sur le ring de ce Jake La Motta résonnent sur fond de musique classique, dans l’imaginaire des cinéphiles. N’ayons pas peurs des mots, il s’agit là d’un des plus beaux films de boxes de tous les temps. Enfin le film n’existe que par la performance de Robert De Niro qui laisse libre cours à son art explosif dans l’interprétation de ce boxeur émotionnel et enclin à des pulsions auto-destructrices. 

Côté préparation, l’acteur passera plusieurs centaines d’heures sur le ring afin de rentrer dans la peau de l’ancienne légende de la boxe. Ainsi il répétera inlassablement les quelques scènes de boxes du film ( moins de dix minutes en tout et pour tout ) devant la seule caméra présente sur le ring. Une fois ce tour de force réalisé, De Niro reprendra une trentaine de kilos pour interprété la fin de carrière du boxeur en pleine déchéance et sans le sous.

 

Résultat pour l’acteur = 1 Oscar, 1 Golden Globe

2. Daniel Day-LewisMy Left Foot (1989) 

Avec les félicitations du jury ?

Forcément dès que l’on parle d’acteur méthodique, Daniel pointe le bout de son nez. Ainsi pas toujours reconnu à la hauteur de son mérite, ses performances restent néanmoins de vrai petit bijoux. Puisant au fond de lui même pour délivrer des personnages toujours plus intenses. Afin d’interpreter le poète infirme Christy Brown, l’acteur tente le tour de force de passer l’ensemble du tournage sans quitter son fauteuil roulant. 

On se retrouve donc dans des situations improbables ou les techniciens du plateau doivent porter un valide en fauteuil sur certaines scènes par un système de poulies et de câbles. Enfin il exige d’être nourri comme son personnage, à la petite cuillère. Toutes ses excentricités lui vaudront deux côtes cassés à la fin du film, de part sa position en permanence voûtée sur son fauteuil roulant. Forcément le projet tient sur sa seule performance qui donne une force incroyable à ce personnage hors du commun.

Cet acteur de théâtre récidivera peu de temps après en apprenant le tchèque pour un simple rôle en langue anglaise, juste histoire d’avoir l’accent qui va avec. Descendance direct de De Niro, les travaux farfelues de ce genre continueront longtemps d’alimenter sa légende du côté d’Hollywood. Aujourd’hui même s’il n’est pas rangé des bobines, Christian Bale semblent avoir pris la suite de Daniel Day Lewis. Petit bémol néanmoins, Sir Daniel c’est plutôt toujours tenu du côté du cinéma d’auteur sans faire de film grand spectacle ( hormis peut-être Gangs of New-York ). 

Résultat pour l’acteur = 1 Oscar, 1 BAFTA

3. Edward NortonAmerican History X (1998) 

Avec les félicitations du jury ?

Ce film est à lui seul plus fort que tout vos cours d’éducation civiques compilés au collège. Ainsi, on y voit le glissement progressif d’un jeune en perte de repères qui transforme quelques amalgames en idées conductrices d’une croisade folle. Plus que lui, c’est toute sa famille qui se noient dans une descente aux enfer. Véritable prophète néo-nazi défendant avec une extrème violence la défense d’une seule idéologie : la suprématie de la race blanche.

Pour ce rôle, Edward Norton, casse son image comme il aime si bien le faire. Loins de son rôle de bègue dans Peur Primale il est ici un orateur qui emporte tout sur son passage, ayant pris plusieurs kilos de muscles avant le tournage, le skinhead fait froid dans le dos et ne semble avoir aucunes limites. Certains dialogues sont d’ailleurs de haute volée et dans la lignée de la fameuse scène de monologue de la 25ème heure (un classique du genre).

La rédemption du personnage n’en sera que plus forte, dans un Los Angeles esthétisé en noir et blanc qui sent bon les émeutes raciales et la fin du rêve américain. Ici tout se transforme en cauchemar dans ces banlieux banales pour une classe moyenne complètement paumés entre chimères et réalité. 

Résultat pour l’acteur = seulement 1 nomination aux Oscars

(année du succès mondial de La Vie est belle)

 

4. Charlize Theron – Monster (2003) 

Avec les félicitations du jury ?

Enfin une femme, dans cet article. En effet, les performances feminines du côté d’Hollywood se conjuguent rarement avec une transformation physique et un entrainement drastique. On laisse plus volontiers les actrices se cantonner du côté des interprétations basées sur l’intellect tout en préservant un tant soit peu l’image glamour de leurs stars. Néanmoins ne noircissons pas trop le tableau, ce postulat évolue et les rôles d’une Nathalie Portman ou  d’une Hillary Swank ont quelques peu fait évoluer la chose.

Dès lors, quel pied de voir une reine du glamour telle que Charlize Theron endossée le rôle de cette fille perdue qui zone depuis son adolescence vivotant entre prostitution et maigres larcins. La rencontre de Sally (Christina Ricci) une jeune lesbienne dont elle tombe rapidement amoureuse va complètement bouleverser sa petite existence. Elle souhaite se ranger, trouver un travail et couler des jours heureux en amoureux.

Dès les premières images ont est saisi par la transformation de l’actrice qui porte sur son visage une vie de sévices et de difficultés. Entre la prise de poids, le maquillage et le jeu de Theron, on en oublie de ce dire que la springbok est une beauté sculpturale. 

Résultat pour l’actrice = 1 Oscar, 1 Golden Globe, 1 Ours d’argent

 

5. Tom Hardy – Bronson (2009) 

 

Avec les félicitations du jury ?

Toujours à la recherche de comparaisons foireuses, on pourra facilement dire que Bronson est une sorte d’Orange Mécanique du XXIème siècle. Néanmoins, même si le film dans l’expression d’une violence sans limites le tout joyeusement orchestré sur fond de musique classique peu faire penser à l’oeuvre de Kubrick. Néanmoins le film même s’il en a la forme n’en a pas le fond aussi destructeur et subversif que son aînée des années 70. Pourquoi, alors Bronson, sorte de faux film d’auteurs inclassable doit apparaitre dans ce classement ?

Tout simplement pour la performance presque schizophrénique de Tom Hardy, cette musculeuse tête d’oeuf transpire une violence quasi animale. Dans ce portrait d’un homme incompris, sauvage, violent, insaisissable en quête d’identité, le réalisateur Nicolas Winding Refn dresse un film impressionnant, peu accessible et déjà culte sur le processus de création.

Avec ses mimiques de dingue, ses monologues déguisé en mime devant un public imaginaire, Hardy se livre à des envolées lyriques de toute beauté, avec une gestuelle millimétré et des coups de sang d’anthologie. L’acteur scotche et marque au fer rouge chaque mémoire. Une telle maîtrise sur une performance, laisse rêveur.

Récompense pour l’acteur = 0

(il s’agit donc bien d’un film culte en devenir)

 

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