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Netter : des tableaux, oui, mais une collection ?

Publié le 30 août 2012 par Marc Lenot
Netter : des tableaux, oui, mais une collection ?

Amedeo Modigliani, Portrait de Léopold Zborowski, 1916, 46x27cm

Étrange exposition que celle de la collection Netter à la Pinacothèque (jusqu'au 9 septembre). D'abord, parce que, de Jonas Netter, on ne sait presque rien : fils de famille juif alsacien, il se met à collectionner le jour où il voit un Utrillo chez le commissaire de police Zamaron qui l'avait convoqué. Mais on ne voit pas bien, que ce soit faute de documents ou absence d'une recherche historique sérieuse, en quoi ce sont ses choix propres qui se reflètent dans cette collection. Il paye, mais laisse au fantasque et génial marchand Zborowski le soin de choisir la plupart des oeuvres. Si l'exposition brosse un portrait social et économique du marché de l'art au début du XXème siècle, elle ne dit pas grand chose des goûts de Netter, et on a le plus souvent l'impression que ce sont les choix de Zborowski qui transparaissent ici. Et quand les deux hommes se brouillent (Zborowski n'étant pas vraiment un homme d'affaires fiable et rigoureux), les achats de Netter semblent dès lors relever plus de la charité communautaire que de choix artistiques cohérents : Hayden, Feder, Krémègne, Epstein, Zavado, Kikoïne, Ebiche, Landau, Dejez, et autres petits maîtres peuplant les dernières salles de l'exposition, sans oublier Isaac Antcher qui se trouve être le grand-père du directeur de la Pinacothèque.

Netter : des tableaux, oui, mais une collection ?

Amedeo Modigliani, le Grand Buste rouge, 21 mars 1913, 81.5x51cm

Heureusement les premières salles, elles, sont éblouissantes (et un des avantages de la Pinacothèque, vu son exiguïté,  est qu'on est tout près des toiles, dont la plupart sont sans vitre protectrice : on peut admirer la touche de tout près). Le plus impressionnant, ce sont les Modigliani, onze toiles jamais vues ou presque. A elles seules, elles justifient la visite, aussi frustrante soit-elle par ailleurs. Et aussi Utrillo, donc, et Suzanne Valadon, Kisling, Vlaminck et Soutine (avant Barnes !), c'est l'occasion de voir ici bien des toiles rarement montrées. Quelques Derain (dont les superbes Grandes Baigneuses) amènent à s'interroger : certes Netter n'a pu s'offrir d'impressionnistes, trop chers, mais comment a-t-il pu passer à côté des autres courants alors actifs à Paris ? N'a-t-il jamais été confronté à Picasso, à Braque, à Léger, entre autres absents ? Pas de réponse ici, ni sur ses choix, ni sur ses exclusions. Dans un coin, deux petits Hélion abstraits, tout à fait incongrus. Nous ne saurons pas comment ils sont arrivés là. L'histoire de la collection Netter reste à faire, pour offrir plus qu'un simple alignement de tableaux.


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