L’été est le temps des rediffusions ! Poezibao revient donc sur ses pas et
reprend les tout premiers temps de l’anthologie
permanente. Elle s’appelait alors l’almanach
poétique et a commencé à paraître le 1er janvier 2002 sur le site Zazieweb aujourd’hui disparu (ce qui
fait que les poèmes choisis alors ne sont plus accessibles).
Les extraits étant très courts à l’époque, Poezibao
en publiera deux chaque jour de cet été. Cette série s’achèvera le 31 Août
(dimanche 7 avril 2002)/Michel Deguy
Aide-mémoire
Ce qui a lieu d'être
Ne va pas sans dire
Ce qu'on ne peut pas dire…
Il faut l'écrire
La partie donne sur le tout
qui donne la partie
Savoir à quoi ça ressemble
C'est notre savoir — non absolu
Il faut de la semblance
Pour faire de la contiguïté
Le poème est des choses prochaines
Qu'il faut aller chercher.
Michel Deguy, Gisants, cité dans Anthologie de la poésie française du XXe
siècle, tome 2, Poésie/Gallimard, page 366.
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(jeudi 11 avril 2002)/Jacques Roubaud
Hypothèses du poète, III
J'affirmerai fortement que la question de la poésie ne concerne pas que les
poètes. La chute de la poésie menace la langue d'aphasie. La chute de la poésie
menace chacun en sa mémoire, menace sa faculté d'être libre. [...] La poésie
donne à quelqu'un comme aucune autre activité à mon sens la mémoire de sa
propre langue"
Jacques Roubaud, Poésie, Etcetera : ménage,
Stock 1995, p. 144 et 145.
Que la poésie est difficile, III
Parce
que la poésie contient le futur de la langue,
la langue paraît étrange dans la poésie extrême-contemporaine parce qu'elle y
représente certains traits de son futur.
La langue paraît étrange dans la poésie extrême-contemporaine parce qu'elle y
présente certains traits oubliés de son passé.
La poésie préserve le passé de la langue dans son présent."
Jacques
Roubaud, Poésie, Etcetera : ménage,
Stock 1995, p. 268.