A lire les fragments de François Bon.
Pour moi même et dans l’ordre : ficelle nylon non pas nouée sur
ses brillances et dans une boutique mais brins noirs qu’on récupérait au sol
autours des parcelles agricoles qui en faisait grand usage et sur les chemins
boueux du centre équestre. Non plus transistor mais pour moi ces grosses radios
qu’on pouvait charger de piles pour écouter dehors et que l’on saura appeler
plus tard ghettoblaster. Modèle choisi pour durer avec de part et d’autre, les
enceintes décrochables pour en faire un véritable chaine de salon, le double
cassette qui permettait de faire des compiles à partir de celles de copains et
une ligne de boutons en façade pour jouer de l’equalizer. Plus tard je
demanderais pour mes quinze ans un lecteur CD que j’y connecterais. Entre les
deux nous avons eu le walkman pour écouter en voiture ou ailleurs. Les
premières cassettes achetées : Bryan Adams pour écouter dans la chambre et
une autre qui était la mode du moment et plus pour faire danser dans les
boumes. Et il y aurait à développer sur les boumes dans le garage des uns ou le
salon des autres aux vitres occultées pour l’occasion, sur les cassettes et les
premiers CD puis la découverte des vinyles dans l’armoire familiale.
Casquette : c’était sans doute au collège, casquette américaine arborant
le taureau rouge des Chicago Bulls ramenée par mon père d’un congrès mais si
vitre passée de mode que ceux qui avaient arboré l’insigne bien avant moi
rigolaient de ce que j’y venais alors que les résultats sportifs avaient balayé
cette période. Les minéraux aussi un moment, peut-être simplement parce qu’une
fois il avait fallu collectionner les échantillons cadeau de je ne sais plus
quelle marque et alors on avait suivi un temps, mais j’ai tout refilé à une
amie géologue. Reste un peu de fascination pour les volumes géométrique et
l’aspect chromé des pyrites. Mécaniques : longtemps rempli mes poches de
ce que je trouvais par terre de métal égaré. Engrenages, boulons. Plus tard ce
sera à fouiner dans les montagnes grasses des ferrailleurs pour imaginer des
assemblages sculpturaux même si finalement on s’en tient à l’objet même dans le
mystère de sa forme. Sans doute une part d’atavisme paternel. Sans savoir d’où
vient cet intérêt soutenu pour ces pièces de mécaniques isolées hors d’usage. Jouets :
trop vaste domaine pour l’aborder sérieusement. Souvenir des jouets que l’on trouvait dans les œufs au chocolat
Kinder avec préférence pour les jouets mécaniques qu’on mettait un point
d’honneur à monter sans notice et le plus vite possible. Aujourd’hui je
conserve encore cette habitude de faire l’économie des notices de montage pour
monter un meuble Ikea ou autre chose (les jouets Kinder de mes enfants).
Souvenir aussi d’avoir toujours tenu à démonter tout ceux qui me tombaient
entre les mains pour retrouver les engrenages et les moteurs qu’on s’amusait à
détourner. La table de mon bureau en cm2 se souvient probablement si elle
existe encore des expériences de découpe que je lui faisais subir armé d’une
pile, d’un moteur électrique et d’une roue crantée. Pas de Dodge avec souvenirs
associés de l’odeur de cuir mais souvenir de la sonnerie que déclenchait
l’ouverture de porte de la R21 lorsqu’on l’on oubliait d’éteindre les phares.
Souvenir de la Golf qui l’avait précédée et sur l’épave de laquelle on montait
pour voir plus haut, de la 4L rouge achetée pour rien a un gars et qui
conservait l’odeur de son tabagisme en rouillant gentiment dans le fond du
jardin. De mes premiers essais de conduite avec levier de vitesse en bras
horizontal et pédale d’embrayage que je lâchais toujours trop tôt. Hélice
d’avion : dans le bureau de mon père conservée de loin une deux pales en
bois. Et moi qui épluchais les méthodes d’apprentissage pour le pilotage
héritées de mon père qui avait bénéficié de l’aéroclub de l’oncle ou je ne sais
plus qui pour être un des plus jeunes pilotes de son époque. Encore une de ces
choses dans lesquels on s’engouffre enfant et qui vous lâchent rapidement. Les
cadenas : souvenirs des objets et de leur poids dans la main, du froid du
métal. Qu’on sécurisait avec des trésors sans valeur dans des boites qu’on
enterrait pour plus tard. Est ce que quelqu’un aura retrouvé celle que j’avais
laissé au pied de notre maison du Mirador ? Plus tard le jeu serait
d’ouvrir le plus rapidement possible les cadenas à code et parfois de les
replacer en l’ayant changé, pour la blague. Machine à écrire : récupéré de
je ne sais qui avec rouleau noir/rouge abandonnée un temps puis retrouvée dans
mes premières années de beaux arts et même trainée jusqu’ici sans plus trouver
d’occasion de m’en servir. Toupies : jamais loin et même encore
aujourd’hui offertes aux enfants. Mais quand il s’agit d’étincelles j’ai
davantage souvenir de yoyos et de voitures a friction crachant des flammes. La
règle a calcul : souvenir de cette règle en plastique à coulisse,
millimétrée, qui datait de la scolarité de ma mère. Pas loin d’être associée à
l’utilisation des buvards, des Waterman à pompe, aux collections de pin’s et au
plumier en bois. L’impression avec ça de parler de quelque chose d’antique,
invraisemblable pour mes collégiens d’aujourd’hui ; pourtant je ne suis
pas si vieux.
(…)