10 ans déjà, 10 ans que nous sommes ensemble maman et moi. Forcément, 2002, ce sont d'abord des souvenirs. De la musique aussi. David Bowie parce que c'est notre principale admiration commune. Il sortait alors son dernier bon disque, "Heathen". J'allais le voir en concert à Nïmes, dans les arènes, rendant maman jalouse. Beth Gibbons, sublime au grand Rex (avec une divine reprise du "Candy Says" du Velvet), concert ensemble cette fois, marque le jour de notre pacs. Les Libertines et les Flaming Lips, deux groupes également entendus "seul" en live, pour deux concerts inversement appréciés. Celui des anglais ne restera pas dans les annales. On sentait déjà l'urgence de leur musique et aussi la tension interne à la formation. Nonchalants et brouillons, ils bâcleront l'affaire en deux temps, trois mouvements. Celui des américains fut une fête incroyable, une sorte d'apothéose mystique. Peu importe la qualité du son, j'étais transporté ailleurs. Déjà le plus grand groupe de rock de scène au monde. Avant la Route du Rock de 2010...Dionysos, parce que c'était notre premier concert commun, aux Solidays et que Mathias Malzieu est une vraie pile électrique, sorte de lapin Duracell du rock français. Nous les reverrons l'année suivante à Bourges, comme Interpol, qui, en concert dégage un son d'une ampleur impressionnante. Delerm, parce qu'il détonnait dans le paysage de la variété hexagonale d'alors par sa fraîcheur et aussi parce qu'un ami nous en a fait une sympathique reprise à notre mariage trois ans plus tard. Badly Drawn Boy, parce que "Silent Sigh" était la chanson que j'écoutais en boucle au moment de notre rencontre. The Notwist, parce que c'était mon disque de chevet aux vacances d'hiver quelques mois avant, le moral en berne. Polyphonic Spree enfin, parce que Jacques Cheminade a raison, on devrait favoriser les chorales, ça aide à mieux vivre ensemble.
10. Dionysos - Western Sous La Neige
Les petits rockeurs de Valence sont alors au faite de leur gloire avec le tube de cours de récréation "Song For A Jedi". Leur leader, Mathias Malzieu, à l'écriture gentiment décalée et enfantine invente une poésie loufoque qui n'appartient qu'à lui. Il démontrera même par la suite des réelles qualités de romanciers. Plutôt rare dans le rock hexagonal.
9. David Bowie - Heathen
Bowie n'essaie plus d'être un autre et même s'il reprend de jolie façon le "Cactus" des Pixies, "Heathen" étonne par sa modestie et sa simplicité. Si on oublie le dispensable "Reality" qui s'en suivra, espérons que ce disque ne restera pas comme le (beau) chant du cygne du maître.
8. The Polyphonic Spree - The Beginning Stages of...
Les Polyphonic Spree, bien avant le succès des "Choristes", remettaient la chorale sur le devant de la scène. Ici, pas de petits chanteurs à la croix de bois. Non, il s'agirait plutôt de doux hippies à la gueule de bois. En témoigne, le morceau purement instrumental et planant de plus de vingt minutes qui clôture le disque. Avant ça, on aura quand même chanté tous en choeur que le soleil brillait pour tout le monde. Si seulement...
7. Badly Drawn Boy - About A Boy
Tiens, une bande originale de film dans un de mes tops ! Il faut dire que Damon Gough alias le garçon mal élevé conçoit avec "About A Boy" une jolie ode pour paumés en tout genre, adultes comme enfants, accompagnant magnifiquement cette petite comédie plutôt bien fichue et inspirée par l'écriture de Nick Hornby.
6. The Notwist - Neon Golden
Des Allemands au nom tout indiqué de "No twist" reprennent brillamment le flambeau d'une pop électro mélancolique dans la lignée des glorieux ancêtres de Kraftwerk. Les teutons n'ont décidément par leur pareille pour nous parler aussi justement de la triste solitude du monde moderne.
5. Vincent Delerm - Vincent Delerm
Un vent de fraîcheur souffle sur la variété française : Vincent Delerm et ses petites symphonies humoristiques et doucement mélancoliques débarquent. Certains persistent encore à le ranger dans la même catégorie que Bénabar et tous ces chanteurs égocentrés sur leur quotidien étriqué de bobos parisiens. Il suffit paradoxalement d'écouter un titre comme "Châtenay Malabry" pour s'apercevoir de l'universalité de sa musique.
4. The Flaming Lips - Yoshimi Battles The Pink Robots
Les Flaming Lips inventent une sorte d'histoire à dormir debout autour d'une petite fille Yoshimi qui serait attaquée par des robots - histoire qui deviendra très bientôt une comédie musicale. On pense à Sankukai, X-Or ou autres Bioman. En plus drôle. Les mélodies, dans la lignée de leur grandiose "The Soft Bulletin", sont au diapason. "Do You Realize?" devient leur hymne, belle et simple à pleurer. Délicieusement régressif, comme un petit bonbon acidulé.
3. Beth Gibbons & Rustin Man - Out Of Season
La chanteuse de Portishead s'essaie en solo avec l'ancien bassiste de Talk Talk et c'est bouleversant, forcément. Comme quoi, la dame n'a aucunement besoin d'un Geoff Barrow pour s'assumer toute seule. Il faut dire qu'avec une voix pareille, les artifices sont superflus...
2. Interpol - Turn On The Bright Lights
L'album qui a remis au goût du jour la cold wave du début des années 80. Interpol fera logiquement la première partie des Cure, impressionnant même au passage Robert Smith par la qualité de leurs prestations scéniques. Une claque !
1. The Libertines - Up The Bracket
Les Libertines ou la cinglante réponse anglaise aux Strokes : plus brouillonne, plus mélodique aussi. Le clash Mick Jones est aux manettes et dès le premier disque, cela sent le souffre. Les dandys déglingués Pete Doherty et Carl Barat se chamailleront deux ans plus tard. N'empêche, ce "Up The Bracket" reste aujourd'hui encore un des plus grands disques rock de ces dernières années en provenance de la perfide Albion.