Francis est né quelque part dans les années 80, mince lueur d'espoir dans cette sombre époque de décrépitude sociale et capillo-vestimentaire. Bel enfant aux yeux bleus et aux folles boucles blondes, il grandit au Maroc sous la vigilance discutable de parents possesseurs de Barbarellas et des Passagers du Vent mal cachés qui lui donnent très jeune l'amour de la BD et des beaux nichons, pas forcément dans cet ordre, ainsi que devant l'assiette attentivement remplie de couscous par une nounou marocaine qui réussira ainsi à lui faire acquérir sa silhouette voluptueuse de gras-du-bide. Rentré en France à temps pour devenir un intello à lunettes, il passe brillamment son brevet blanc en ayant la meilleure note de français du collège, ce dont il ne s'est quasiment jamais vanté jusqu'à aujourd'hui. Les étapes collège, lycée et prépa bio passent comme un rêve flou, il n'en retient qu'un ami sur MSN (chômeur à Singapour) et un contact facebook amateur de Stupeflip. Viennent ensuite trois ans dans le plus beau pays du monde, la Bretagne, années au cours desquelles le jeune Francis se laisse définitivement pousser la barbe et découvre lapin, par le biais d'un autre site sur lequel il s'est fiancé avec Phiip. C'est foufou.
Au bout de trois ans, avec en poche un gros tas de chouettes copains et un diplôme dont il n'a pas encore bien compris ce qu'il voulait dire (il est officiellement ingénieur agro-halieute spécialisé en GIZC, si quelqu'un se sent de lui expliquer), il se lance gaiement dans la recherche d'emploi, sans savoir ce qu'il cherche. Après un an entrecoupé de visites à l'ANPE (« on a quelque chose pour vous, c'est en zone de guerre au Congo, pour un truc qu'est pas votre spécialité et qui demande quinze ans d'expérience, vous voulez pas ? ») et à l'auto-école (« NON, ce n'est pas péter les high-scores que de prendre à 80 une sortie limitée à 30, c'est MAL et c'est DANGEREUX »), puis, ayant échoué aux deux, il finit par se dire « ho zut, puisque c'est comme ça, je retourne à la fac », et il se lance donc dans une licence de chinois parce que, dit-il « ho, comme ça ».
Il est alors bien parti pour faire une carrière dans l'import de raviolis à la vapeur quand soudain, un coup de fil lui arrive alors qu'il rentre d'un mariage de communistes : « hé, on a besoin de toi, tu viens au Sénégal », à quoi il répond « heu, je peux réfléchir ? -Non. - bon bé OK alors ».
Quelques vaccins plus tard, il arrive donc au Sénégal afin de regarder des écrans d'ordinateur pour servir la Science, et c'est sa joie (mesurée). Il mange du thieboudienne, finit 5ème au concours national d'orthographe (alors hein, toutes les fautes que vous pouvez voir, c'est des coquilles), est envoyé en mission de pêche expérimentale dans l'estuaire du Sine-Saloum, endure les tourments de la tourista et un beau jour, au détour d'une conversation facebook, voit une petite annonce « recherche branleur pour traduire bénévolement BD porno, débutants acceptés », à laquelle il s'empresse de répondre, avec son enthousiasme coutumier « Bon bé hein, si y'a b'soin d'aide, chus là ».
Sa candidature ayant pour la première fois été acceptée quelque part, Francis se lance dans l'apprentissage de l'anglais par la méthode Assimil afin de ne pas décevoir son ami Phiip et de voir couler de grosses larmes sur ses joues, ce qui a le don de le faire pleurer lui aussi, parce que c'est triste de décevoir des gens à qui on tient, hein ?En ce moment, afin de l'aider dans ses traductions, Francis effectue des recherches bibliographiques afin de trouver suffisamment de synonymes à « bite » et « chagasse » pour ne pas avoir l'air de trop se répéter et de passer pour un branquignol, parce que, reconnaissons-le, Francis n'aime pas trop passer pour un branquignol.
Il croit que c'est à peu près tout.
Sites
- Oglaf en anglais
- Oglaf traduit par Francis
- Le blog de Francis