On est vendredi et j’avais donc prévu de vous parler de jeu vidéo. Comme j’arrive pas à me décider duquel en particulier, je vais changer du tout au tout et vous faire une chronique BD. On n’en a pas fait jusque-là mais ça nous démangeait quand même. J’ouvre donc le bal.
Nous allons rester au pays des fromages qui pue (cocorico), puisqu’il va s’agir de L’Incal. Cette série de science-fiction qui se déroule sur 6 tomes (merci le porte-monnaie) a été éditée entre 1981 et 1989 (avec une réédition recolorée par la suite, c’est d’ailleurs celle que l’on trouve dans le commerce aujourd’hui). On retrouve Alejandro Jodorowsky au scénario et Jean Giraud alias Mœbius au dessin. J’en profite pour lui rendre hommage vu qu’il nous a quittés cette année.
Au fil de la série, nous allons suivre les élucubrations de John Difool, un détective raté complètement bidon. Il se verra confier, après une mission foirée, l’Incal. Au départ on ne sait pas ce que c’est mais on verra vite qu’il est convoité par plusieurs groupuscules plus ou moins patibulaires. John sera donc pris au milieu d’une lutte de pouvoirs et devra échapper à tous ceux qui essaieront de le tuer. Heureusement pour lui, il rencontrera dans son aventure nombre de personnages hauts en couleurs qui finiront par s’allier pour protéger l’Incal et pour sauver l’univers, bien entendu. La routine quoi. Je ne vais pas vous dévoiler l’histoire plus que ça pour ne pas vous gâcher les surprises et rebondissements. Notamment sur ce qu’est l’Incal et sur quels personnages s’allieront, ou pas, avec Difool.
Comme souvent, la science-fiction n’est qu’un prétexte pour mettre en exergue les problèmes de notre société d’aujourd’hui ; plus particulièrement des années 80, mais ça marche aussi. De nombreux thèmes seront abordés, comme l’abus du pouvoir par les dirigeants, la lutte des classes, la technologie vs l’écologie, l’abrutissement de la population. On retrouvera également un côté plus mystique et philosophique notamment à travers l’Incal. Pour la petite anecdote, les titres de chaque tome sont tirés de principes fondamentaux de l’alchimie. La société dépeinte dans cette BD est une caricature des défauts et excentricités du monde actuel. Vous allez me dire que c’est du déjà vu milles fois etc. Vous aurez raison mais n’oubliez pas que l’Incal a débuté en 1981, à l’époque ça n’était pas le cas et que ces ‘déjà vu milles fois’ s’en sont très probablement inspirés. La fin de l’histoire est assez surprenante et finalise vraiment bien l’œuvre, mais pour ceux que cette fin laisserait sur leur faim, une suite (Après l’Incal) est plus ou moins en cours d’écriture. Je vous avoue que le concept ne m’enchante guère…
Cette œuvre n’aurait, je pense, pas eu le même impact si les dessins n’avaient pas été aussi avant-gardistes. Si le style de M. Giraud alias Mœbius est désormais célèbre, il n’en reste pas moins intemporel. Il aura d’ailleurs inspiré Hayao Miyazaki et aura participé aux designs d’Alien de Ridley Scott et à ceux du 5eme Élément aux côtés de Jean-Claude Mézières (retenez ce dernier, je vous en reparlerai surement), pour ne citer que des références connues. Je ne vais pas vous faire l’affront de tenter de décrire les dessins (de toute façon j’ai pas envie) d’autant que vous en trouverez des caisses sur Google. Tout ce que je peux vous dire c’est que l’on n’est pas en face d’un Tintin ou d’un Astérix : les planches sont complexes, fouillées et peuvent êtres très sombres. Dans tous les cas, on est en face d’une BD manifestement destinée aux adultes (surtout qu’avec ce déluré de John Difool, les scènes holé holé ne manquent pas !).
Je vais conclure ici, mais j’aimerai juste rajouter que la série l’Incal est un classique du genre, si vous êtes déjà fan de BD et de SF vous connaissez surement, si vous voulez vous y mettre c’est un passage obligé. Bonne lecture.
Dessins de Mœbius