C'est l'histoire de ma vie, lecteur : Je croise comme n'importe qui des milliers de gens mais parmi eux il y en avec lesquels j'éprouve une sensation immédiate de connivence, pour lesquels j'ai l'impression que l'on se connait depuis longtemps alors qu'il est évident que c'est le première fois que nous nous croisons. Impression étrange qu'on se reconnait un peu.
Troublant.
Hommes ou femmes. Indistinctement.
Avec elle, c'est un peu ce qui s'est passé. Je la vois rarement parce qu'elle habite loin de Paris et qu'elle comme moi sommes très occupées mais chaque fois j'éprouve le même plaisir sincère à l'idée de la retrouver. J'aime l'écouter me parler de sa vie qu'on croirait multiple tant elle est composée de rencontres formidables et puis j'aime qu'elle partage avec moi ses coups de coeur culturels parce que -c'est saisissant- nous avons souvent les mêmes. Nous ne le réalisons que beaucoup plus tard, souvent. Un peu par hasard.
Aussi en prévision de mon voyage estival ai-je lancé un appel au secours sur mon FB perso sur l'air du : "Des lectures me conseiller pour cet été" et elle m'a conseillé "The Lover's Dictionary" de David Levithan.
Sitôt conseillé, sitôt commandé parce que dans ce domaine là aussi, ce qui me caractérise c'est l'impulsivité. Je n'ai même pas pris la peine de me renseigner sur le contenu (note bien que le titre me donnait tout de même quelques indications).
Je me pose parfois la question quand j'observe tout ce qui a été déjà produit à propos du coeur et de ses tourments : Comment peut on encore parler de l'amour sans tomber dans la redite? Comment avoir le sentiment de produire de l'inédit alors que tout semble avoir déjà été dit, écrit, filmé, chanté? Bien entendu que souvent, si le fond n'est pas nouveau, c'est dans la forme que réside le caractère inédit d'une oeuvre. C'est justement de ce côté là que s'impose "The Lover's Dictionary".
David Levithan a choisi de relater une histoire d'amour, racontée à la première personne, sous la forme d'un lexique dans lequel chacun des mots est prétexte à la divulgation d'un épisode de l'histoire, à la confidence d'une pensée intime du narrateur. L'ordre est alphabétique et ne respecte bien sûr absolument pas la chronologie ce qui d'ailleurs maintient le lecteur toujours en état d'éveil, le laissant réfléchir à la place de chacun des "épisodes" dans l'histoire (certains sont évidents, d'autres moins).
Alors que, la lecture avancant, je me réjouissais de cette découverte, je tombe sur une des dernières définitions de la nouvelle. Que voici.
Immédiatement je reconnais le film qui est évoqué. Toi aussi?
Il s'agit des chansons d'amour de Christophe Honoré. De la scène finale qui se joue entre Louis Garrel et Grégoire Leprince Ringuet (à ce propos quelqu'un a du nouveau concernant l'album à venir de Louis Garrel?).
(bon ici c'est Ludivine Sagnier qui apparait derrière le beau Louis mais c'est parce que j'ai capté l'image depuis le trailer du film...)
Voici d'ailleurs la dernière chanson du film qui contient (à la toute fin bien sûr) la dernière scène du film où est prononcée cette dernière réplique :
Bref. Dernier petit clin d'oeil du destin : Je retrouve une trace d'un de mes films favoris dans ce livre que j'apprends à aimer. J'adore.
Morceaux choisis :
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Only, adj.
That's the dilemna, isn't it? When you're single, there's the sadness and joy of only me. And when you're paired, there's the sadness and joy of only you.
(ce qui donne à peu près : c'est le dilemme n'est ce pas? Quand tu es célibataire, il y a la tristesse et la joie de "moi, seulement moi". Et quand tu es en couple il y a la tristesse et la joie de "toi, seulement toi")
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Juxtaposition, n.
It scares me how hard it is to remember life before you. I can't even make the comparisons anymore, because my memories of that time have all the depth of a photograph. It seems foolish to play games of better and worse. It's simply a matter of is and is no longer.
(ce qui donne (toujours à peu près) "ça me fait peur de constater combien il m'est difficile de me souvenir de la vie avant toi. Je ne peux même plus faire de comparaisons parce que mes souvenirs de ce temps là ont la profondeur d'une photo. Ca semble absurde de jouer au jeu du "meilleur" ou "pire". Il est simplement question de ce qui est et de ce qui n'est plus.)
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Je t'épargne les passages sur la fin de l'histoire, ça me file le cafard. Mais tu les découvriras tout(e) seul(e) en lisant l'ouvrage que tu peux te procurer ici par exemple.
MA lecture favorite de l'été. Assurément.
Tu n'as rien demandé mais je te remets quand même la bande annonce du film parce que je ne m'en lasse pas et que, si toutefois tu ne l'as pas encore vu, j'ai très envie que tu le regardes...
Je termine en la remerciant elle, de m'avoir conseillé cette lecture. Conseil avisé.
Et puis merci la vie de placer sur ma route de jolies rencontres comme celle-ci.