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Breaking Bad : Ordinary Decent Criminal

Publié le 02 septembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Breaking Bad est une série qui se réduit à quelques éléments savamment concoctés : peu de personnages, de la drogue,  des sciences et le Nouveau-Mexique comme toile de fond. Retour sur la dernière saison d’un phénomène qui marque un tournant de la fiction US sur petit écran. Avec la puissance d’un film et la durée d’une sitcom, peu de gens auraient parié sur le concept de Vince Gilligan. Pour ceux qui connaissent déjà la série, venez découvrir les coulisses d’une machine à tuer l’ennui et l’audimat et pour ceux qui ne connaissent pas dépêchez vous de regarder pour ne pas passer pour un tocard à la machine à café.

Breaking Bad : Ordinary Decent Criminal

Walter White, ce héros 

Breaking bad n’est en soit pas une série nouvelle. En effet, lancée en 2008 en pleine crise financière, l’histoire de ce professeur de chimie qui atteint d’un cancer décidait de se lancer dans le business des méthamphétamines pour subvenir aux besoins de sa famille, a rapidement trouvé un écho favorable auprès du public. Néanmoins, le personnage principal n’est pas vraiment le bon père de famille comme on l’aime. C’est là aussi la force du casting, car l’acteur Bryan Cranston, qui était surtout connu pour officier pendant de longues années comme le père de Malcolm est ici royal dans un rôle à contre-emploi. 

Car Walter dans son nouveau métier dévoile l’ampleur d’une personnalité emprunte d’une noirceur jusqu’ici inconnue. Dès lors, dans un milieu qui ne connait pas de morale (celui de la drogue, pas de l’enseignement), jusqu’où ira-t-il pour réussir son incroyable pari. Au fil des saisons le spectateur apprend à se familiariser avec cet esprit malin et menteur. Le reste de la distribution est sobre, ainsi les bad guys ne sont pas complètement barrés et les gentils ne sont pas non plus des bonnes pâtes. Tout ici est interchangeable et la ligne entre légalité et illégalité est parfois mince.

Enfin, les heros de cette série sont surtout des average guys, des gamins paumés comme Jesse le compère laborantin de Walter White ou comme Gustavo le froid et calculateur gérant de fast-food mexicains. Ainsi, c’est un peu aussi la revanche des classes moyennes, avec une batterie de calvitie et de gros ventres à l’affiche. Pour le glamour, il faudra repasser. Mais pour la froide réalité pas de besoin de changer de chaîne on est bien au bon endroit. La dureté des personnages trouve une dimension toute particuliere dans ces décors illustrant à merveille souvent ce sentiment de monde sans foi ni loi ou seul l’argent est roi. Vous voila revenus au temps du Far West, sauf qu’ici les diligences sont des hummers, le whisky se snif ou s’injecte et le sheriff à toujours une longueur de retard.

 

Le nouveau western sauce tacos  

Breaking Bad : Ordinary Decent Criminal
 

Les plans de caméra étant de toute beauté, la série nous offre ainsi en plus d’un scénario bien ficelé (Vince Gilligan opérait déjà du côté de X-Files ) des phases souvent oniriques avec des vues sur les plaines arides du Nouveau-Mexique. La parenté avec le western est souvent proche. C’est le cas lors de longues scènes de dialogues dans ces coins de désert tout juste bon pour enterrer un maccabée. De l’aveu même des producteurs ils ont longuement hésité à filmer la saison 4 avec le même style de caméra que Sergio Leone, voulant renforcer ainsi cette sensation d’univers western spaghetti.

Côté bande-son, elle est plutôt discrète et pas tapageuse comme dans certaines séries. Ainsi, l’action prime avant-tout, il faut bien le dire le spectateur en prend plein les yeux avec une mise en scène moderne. La caméra à l’épaule est privilégiée pour donner encore plus de réel et de rythme à l’action. Petite cerise sur le gateau, on trouve bien souvent de somptueux timelapse dans les rues de ces banlieues sans âmes. En effet, visuellement n’attendez pas de ce milieu de la drogue de vous régaler à coup d’orgies romaines, de low-ridders et d’AK-47 en or. Ici, tout est sobre, Walt est un habile gestionnaire qui mène sa barque sans se faire remarquer. La réalité de toute entreprise est donc au rendez-vous avec des soucis de management, de logistique et bien évidemment de sécurité.

FlashBack, FlashForward : un tournis orchestré 

Breaking Bad : Ordinary Decent Criminal
 

La gestion du temps est un élèment déterminant de la série, sans partir dans des folies type 24h Chrono. Ainsi, chaque épisode commence ainsi : une scène banale du quotidien qui semble en rien reliée avec l’intrigue de la série et elle se clôt sur cette même scène qui se révèle être déterminante et centrale dans l’évolution du scénario. On pensera notamment à la saison 2 ou chacun des épisodes débutent par un ours en peluche déchiqueté dans une piscine. Seul le dernier épisode délivrera la réponse de cette belle énigme, tenant en haleine le spectateur sur les 12 épisodes.

La recette de ce scénario savamment concocté tients en partie au talent des six scénaristes de la série. Mais cela est aussi lié au moyen confortable alloué pour le développement de la série. Ainsi les cadences d’écriture sont moins rapides que sur d’autres styles de série permettant à nos bons amis de tisser calmement le fil de l’intrigue et de dessiner d’astucieuse péripétie tout au long des différents épisodes.

L’équation parfaite  

Le tube cathodique outre-atlantique est une véritable poule pondeuse de série toutes plus belles les unes que les autres. Mais finalement ce que l’on vient chercher ici c’est plus qu’une simple approche réaliste de la drogue. Car bien des séries ont déjà exploitées ce type de sujet avec brio (notamment the Wire ).Non là, ce qui touche, c’est la force de ces personnages qui rentrent dans le business des cachous comme on ouvrirait une épicerie. Ce qui nous parle finalement, c’est l’histoire de ces nobodys qui à eux seuls deviennent les rois dans une ville qui n’avait rien à leur offrir d’autre que de réussir en toute illégalité. En fait pour Walt la drogue est juste une petite entreprise qui ne connait pas la crise.

En somme, Breaking Bad est une série dense avec sa propre identité visuelle et un rythme qui ne laisse pas grand monde indifferent. Alors n’hésitez pas trop avant de dévorer les 5 saisons de 12 épisodes. Croyez moi, votre seul regret sera de n’avoir pas foutu grand chose en cours de chimie ! 


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