Photographies 1 et 2 : Assiette de de Choisy-le-Roi (production HB pour Hippolyte Boulenger) représentant dans son centre :
« La biche au bois. » « Avec changements à vue, et nombreux trucs. » Une petite maîtresse passe devant deux daims dont l'un mord sa canne en la regardant (voir article
sur les Tics fashionables). Elle conduit sa voiture rapidement. Derrière
elle un groom est dressé vers l'arrière. Ce médaillon est signé « H. Nyon ». Sur l'aile légèrement chantournée une frise de branchages et feuilles contient notamment deux tambours sur
lesquels on peut lire : « Revue » et « L'année 1866 ».
Cet article fait suite à celui intitulé Biches, haute bicherie, bicheuses et daims.
Dans son livre Hommes et bêtes : Physiologies anthropozoologiques mais amusantes
(Paris, Amyot, 1862), Galoppe d'Onquaire (Jean Hyacynthe Adonis Galoppe d'Onquaire) donne une définition de la biche : « … les biches humaines aiment en effet à se réunir par petites
troupes, et elles courent volontiers au-devant de qui les poursuit. Elles adorent ce qui reluit, et, comme les alouettes, elles sont faciles à prendre au miroir.
La pelouse de Chantilly, les allées du
bois de Boulogne sont les pâturages naturels où s'ébat ce gracieux gibier pendant l'été ; lorsque vient l'hiver, c'est à Paris, dans les baignoires de nos théâtres ou dans certains bals publics
assez bien tenus, qu'il faut aller les dépister. Elles sont friandes au possible, digèrent merveilleusement la truffe, pourvu qu'elle soit arrosée de vin de Champagne ; leur pelage varie suivant
la zone où le hasard les place : la laine ou la soie poussent sur leur dos, selon les vicissitudes de l'atmosphère amoureuse, et c'est toujours le chasseur qui les fait changer de peau. Leurs
repas ne sont pas plus réglés que leurs mœurs : il y a des jours et des nuits où la biche ne quitte pas la provende ; elle déjeune, elle dîne, elle soupe, et tout cela avec une merveilleuse
facilité et sans que sa santé ait l'air de s'en apercevoir. Elle est alors d'une gaieté, d'un entrain dont rien n'approche ; elle fait son gras, et c'est le moment de la prendre : elle est
tendre, bien à point et délicieuse à croquer
... D'autres fois, quand manque la pâture, vous la voyez errer, de quatre à six heures, le long des trottoirs les plus fréquentés : sa mise modeste, sa tournure décente et timide vous
indiquent un faon aux abois ; son œil en coulisse suit tous vos mouvements : elle épie vos impressions, interprète vos désirs, et d'après les impressions du chasseur, elle peut juger si elle
dînera ou ne dînera pas ... » La définition donnée ici est quelque peu sévère car présentant la biche comme exclusivement vénale et ne pensant qu'à se nourrir, alors que c'est avant tout une
jeune et jolie promeneuse habituée en particulier du bois de Boulogne où tout le Paris élégant se retrouve pour prendre l'air. Il ne s'agit pas d'un personnage, mais plutôt d'une
apparition, comme l'est l'animal qui lui sert de comparaison et qui surgit subrepticement suscitant une certaine admiration pour sa grâce et un désir d'approche.
Le daim est lui aussi un habitué des promenades champêtres et galantes. C'est un dandy, ami ou compagnon
de la biche. Ces noms sont utilisés durant le règne de Napoléon III (1852 à 1870) à partir de 1857 comme cela est indiqué dans le précédent article.
Photographies 3, 4 et 5 : Assiette n°11 de la série « Les animaux intelligents »
représentant « Le daim », de Creil et Montereau, ayant une marque au dos utilisée entre 1849 et 1867. Elle représente deux dandys (des daims) et une biche (on remarque son ombre) se promenant
dans un lieu qu'une pancarte indique comme étant le « Bois de Boulogne » très à la mode alors.
© Article et photographies LM