Parmi les nouveaux titres de la rentrée, il y a cet album magnifique, aux illustrations de toute beauté, au texte tendre et poétique.
Tous les mercredis, au café du Palais, une jeune fille brune, aux lunettes rouges, attend sa grand-mère. Les habitués du café observent en silence son manège (tranquille, dans son coin, elle dessine sur une ardoise avec des craies de toutes les couleurs). Elle aussi est spectatrice avide et curieuse du ballet qui se joue devant elle : des amoureux qui semblent tant s'aimer, des bonnes soeurs qui s'offrent des bouts de laine et des aiguilles pour tricoter, une mère et son fils qui n'ont pas le temps de poser, le patron à la tête d'ours qui swingue au son de Night and Day, une tata débordée qui lui glisse L'écume des jours entre les mains...
J'ai aimé chaque mot du texte, j'ai scruté chaque détail des illustrations, j'en ai pris plein les yeux, j'ai soupiré, rêvé, relu ou murmuré des passages. J'étais déjà totalement séduite par la couverture et le format de l'album, je n'ai pas hésité une minute au moment de l'ouvrir, j'ai retenu mon souffle, je me suis dit que je tenais un objet magnifique, page après page je n'étais pas déçue, j'ai adoré les couleurs et la mélodie du texte, je me répète, mais je sentais la difficulté de partager mon enthousiasme, mon éblouissement, le bonheur que cette lecture m'inspire. Alors, j'ai jeté l'éponge, je n'ai pas réfléchi, à la place je préfère délivrer des bouts, des mots, des traits, des tons, ensuite je pense que la rencontre n'appartient qu'à vous.
La salle est pleine.
Hirondelles noir et blanc sans fil où se poser, le serveur et deux serveuss virevoltent. Elle, elle sourit en les regardant avancer en crabe entre deux tables, un seau à champagne dans une main, un plateau en équilibre dans l'autre. Les voix chuchotées, les mots qui fusent, les ordres de plats lancés en cuisine, les odeurs de viandes rôties, de chocolat noir et de fromages mêlées... c'est le moment qu'elle préfère.
Une Princesse au Palais, par Cécile Roumiguière & Carole Chaix
éd. Thierry Magnier, 2012