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WRONG, de Quentin Dupieux

Par Unionstreet

Chacun cherche son chien

Après Steak (excellent) et Rubber (peut-être un peu trop arty, peut-être un peu trop long) Quentin Dupieux poursuit son travail d’exploration des grands mythes cinématographiques américains. Après le campus et les varsity jackets des Chivers et la route d’un pneu tueur, Wrong s’amuse à nous décrire ce territoire angoissant de perfection et de politesse qu’est la banlieue résidentielle américaine. Un territoire fait de breaks aux portes en bois, de pelouses arrosées et taillées, de teenagers à casquette qui vous livrent les journaux et j’en passe. Un territoire déjà exploré avant lui par un Lynch par exemple qui voyait derrière cette oppressante normalité un des points de rencontre du rêve et du cauchemar américain.

WRONG, de Quentin Dupieux

La référence à l’univers lynchéen (comme Steak nous rappelait les premiers Cronenberg) est très présente dans Wrong comme dans le reste de l’oeuvre de Dupieux, elle peut encore se voir dans ce traitement graphique surréaliste avec des couleurs trop pastels pour être honnêtes, dans ce glissement lent et progressif vers le non-sens le plus total. Comme ce réveil-matin très vintage passant de 7h59 à 7h60 ou ces employés de bureau travaillant constamment sous une pluie battante… Derrière tous ces gimmicks – qui valent souvent aux films de Dupieux d’être taxés de films pop ou hypes sans intérêt – se cache d’une part une vraie vision de cinéma – où l’oeil du réalisateur cherche le fantastique et le merveilleux dans chaque visage filmé, dans chaque décor et personnage, même le plus insignifiant – et une vision presque « politique » du monde où les espaces de marginalité et donc de création disparaissent petit à petit.

WRONG, de Quentin Dupieux

Wrong continue en fait la critique déjà annoncée dans Steak du conformisme de nos sociétés, d’abord la dictature du physique (Steak), le voyeurisme et le goût pour le spectacle violent (Rubber) pour finir avec le culte de la réussite, souvent limitée à la réussite sociale et financière et souvent limitée à une baraque, les deux bagnoles, la femme et le chien. Sauf que de femme, Dolph Springer n’en a plus (en a-t-il jamais eu??) et le chien a disparu…

WRONG, de Quentin Dupieux

En voyant le film, on peut craindre que Dupieux s’enferme dans un long monologue un peu trop poseur comme c’avait pu être le cas dans Rubber, film davantage centré sur son talent que sur ses personnages et intrigue. En fait non, Wrong renoue avec le côté jouissif d’un Steak, deux films dans lesquels Dupieux a pu faire montre de sa grande direction d’acteurs. De la découverte d’un Jack Plotnick (un faux air d’un des frères Arquette) entouré d’une batterie de seconds rôles épatants, William Fichtner (Heat, The Dark Knight… épatant avec l’accent allemand) et l’épatant Eric Judor, tous semblent adhérer à l’univers cruel, parfois pervers mais surtout absurde de Dupieux. Un des films les plus intéressants de cette rentrée.

http://www.dailymotion.com/video/xt24ad

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