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Dossier : Pauvreté en France : où vivent les pauvres ?

Par Plumesolidaire

Comment définir la pauvreté en France ? Qu'est-ce qu'être pauvre concrètement aujourd'hui ? La pauvreté se réduit-elle à l'approche monétaire ? Les populations pauvres vivent-elles majoritairement dans les villes, les communes périphériques, ou en milieu rural ? Quelles sont les villes les plus "égalitaires" ?

Le dossier de la Gazette des communes, relayé par Rue89, répond clairement à ces questions, et permet une approche nuancée de la question.

Plume Solidaire

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Lire le dossier de la Gazette des Communes : Pauvreté : en finir avec la politique de l’autruche

Source : Rue89

Etude

De Roubaix à Neuilly, les grands écarts de la pauvreté en France

C’est dans les grandes villes qu’on est le plus pauvre : une étude établit la liste des communes les plus riches, les plus pauvres, mais aussi les plus égalitaires.

Etre pauvre, en France, d’après les chiffres, c’est aussi bien vivre à la rue que dans un appartement HLM chauffé et équipé. C’est ne pas avoir de quoi manger ou ne pas pouvoir se payer des vacances. On mélange dans cette catégorie le quart-monde et les ménages très modestes.

Au total, ils sont 8,2 millions à disposer de 60% ou moins du revenu médian, soit 954 euros pour une personne seule, après prestations sociales. Cela fait 14% de la population, selon l’Insee, dans un des pays les plus riches du monde. Selon d’autres critères, on descend à 7,5% de la population.

Faute de s’entendre sur la réponse à la question « qui est pauvre ? », les spécialistes avancent sur leur localisation géographique. Le Compas a mis en ligne ses estimations du taux de pauvreté des 100 plus grandes villes. Il s’agit là d’une analyse plus fouillée d’éléments sortis en juillet dernier.

Vivre avec 954 € par mois à Paris
ou Aurillac, ce n’est pas la même chose

Ce travail, reconnaissent les auteurs, n’est qu’un début. Il ne tient pas compte, par exemple, des agglomérations ou des différences entre quartiers d’une même ville.

« Les villes riches ne sont pas des îlots de richesse et n’ont pas éradiqué la pauvreté : vivre pauvre parmi les riches peut être ressenti de façon plus violente que parmi une population moins favorisée, et rendu encore plus difficile du fait des prix de l’immobilier. »

Mais une chose est sûre : on est plus pauvre dans une grande ville. Les auteurs de l’étude, François Cousseau, Louis Maurin et Violaine Mazery, qui retiennent eux le taux de 15% de taux moyen de pauvreté, sont formels :

« Nos données montrent clairement que la pauvreté se concentre dans les villes les plus importantes. Les 100 plus grandes villes rassemblent un tiers des ménages pauvres, alors qu’elles ne regroupent qu’un cinquième de la population. »

Dans un article d’août 2011, Louis Maurin, président de l’Observatoire des inégalités remettait en cause l’analyse purement monétaire et militait pour que d’autres outils, territoriaux notamment, soient utilisés :

« Concrètement, être pauvre aujourd’hui, c’est manquer de quoi ? En France, 7% des ménages ne peuvent maintenir leur logement à bonne température, 10% recevoir des amis, 11% ont un logement bruyant…

Et comment tenir compte des coûts de logement ? Avec 954 euros, on ne vit pas de la même façon à Paris qu’à Aurillac. »

Roubaix en haut, Neuilly en bas

C’est à Roubaix qu’on est le plus pauvre et à Neuilly-sur Seine qu’on l’est le moins. 15 877 ménages ou 46% de la population pour la première ; 1 955 ménage, ou 7% de la population pour l’ancienne commune de Nicolas Sarkozy.

Mais à Paris, une des communes les plus riches de France, on compte 169 910 ménages pauvres (16%), et Perpignan – peu connue pour ses problèmes sociaux – en compte 17 701, soit 32% de sa population, plus du double de la moyenne.

En attendant la mise en place de nouveaux indicateurs, par exemple celui de la « pauvreté ressentie », qui resituerait mieux que ceux de la « pauvreté monétaire », le tableau du Compas permet de comprendre comment et pourquoi les discours publics ne sont pas perçus de la même manière à Aix, Quimper ou Roubaix.

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C’est mieux à la campagne

Contrairement à un discours aujourd’hui répandu, les villes de plus petite taille, l’espace périurbain ou rural n’est pas celui où l’on trouve le plus de ménages pauvres, même si les deux tiers des ménages pauvres n’habitent pas dans les 100 plus grandes villes.

« La ville attire les plus démunis, car on y trouve le plus d’opportunités de logement et d’emploi », rappelle Hervé Guéry président du Compas :

« Une partie des villes de grande taille connaissent des difficultés économiques, mais sont aussi devenues des pôles qui attirent la main d’œuvre. On peut y trouver à la fois une pauvreté importante et un certain dynamisme économique : c’est le cas par exemple de Montpellier et Lille (27% de pauvres) ou Marseille (26%).

D’autres villes importantes, comme Dijon (13% de pauvres) ou Aix-en-Provence (14%) se situent autour de la moyenne. Ce sont des villes où les ménages pauvres peuvent aussi être accueillis soit en périphérie immédiate – c’est le cas pour Dijon avec des villes de sa banlieue qui ont une offre de logements sociaux importante – ou vers une autre grande ville du département (effet notamment des relations entre Marseille et Aix). »

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Neuilly lutte (à sa façon) contre la pauvreté

Les sept villes de France où le taux de pauvreté est le plus faible sont situées en Ile-de-France. Dans l’Ouest. Il s’agit de Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison et Versailles (7% de pauvres) et Antony, Levallois-Perret, Issy-les-Moulineaux (8%).

A l’est de la capitale, Saint-Maur-des-Fossés (8% de pauvres également) se donne beaucoup de mal pour rester dans la queue du classement. La Fondation Abbé-Pierre l’avait élue plus mauvais élève de l’application de la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) qui impose aux communes de disposer d’au moins 20% de logement sociaux sur leur territoire. Neuilly se défendant bien également :

« Parmi celles qui en ont fait le moins, on trouve à la première place Saint Maur-des-Fossés, avec 158 logements financés, soit 5% des objectifs fixés par la loi SRU en cinq ans... Neuilly-sur-Seine en a réalisé 479, soit 10% de ses obligations, et affiche 3,6% de HLM. »

La meilleure façon de ne pas avoir de pauvres chez soi est de manquer de logements sociaux. Les villes comme Avignon, Beauvais ou Strasbourg, qui concentrent la majorité des logements sociaux de leur agglomération, ont des taux de pauvreté bien supérieurs à la moyenne.

En Ile-de-France, il faut aller à l’est de Paris pour trouver les communes les plus pauvres :

« [C’est] là où l’emploi se développe peu et où la proportion de familles immigrées est élevée. On trouve dans cet ensemble des villes comme Aubervilliers (39% de pauvres), Saint-Denis (35%). Elles accueillent notamment ceux qui n’ont plus les moyens de se loger à Paris mais y travaillent. »

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La misère moins pénible au soleil ?

Parmi les communes les plus pauvres de France, on trouve les grandes villes des départements d’outre-mer, comme Saint-Denis-de-la-Réunion (39% de pauvres) ou Fort-de-France (34%). Entre un tiers et 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

En France métropolitaine, toutes les grandes villes du Sud ont un taux de pauvreté supérieur à la moyenne, à l’exception d’Aix-en-Provence et d’Antibes. Dans l’ordre, Perpignan et Béziers (32%), Avignon (30%), Nîmes (29%), Montpellier (27%), Marseille (26%) et même Nice (20%).

Les quatre premières pâtissent « d’une situation économique très dégradée avec un niveau de chômage élevé, une proportion de population immigrée relativement importante ».

La présence de Bordeaux, « ville bourgeoise » presque par excellence dans la mauvaise partie du tableau (18%) s’explique par la présence de l’habitat ancien dégradé, logement social de fait.

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Pourquoi Cholet n’a que 14% de pauvres

Et pourquoi Quimper (13%), Dijon (13%) ou Pessac (11%) ont-elles un taux pauvreté en dessous de la moyenne ? Ces villes, selon les auteurs de l’étude, « maintiennent un certain dynamisme économique » :

« La part de l’immigration reste modeste, les niveaux de vie ne sont pas forcément très élevés. Mais elles comptent moins de pauvres du fait d’inégalités de revenus moins importantes. »

Ce n’est pas un hasard, toutes se retrouvent dans le classement des villes dites les plus « égalitaires », établi selon l’indice de Gini.

Le cas de Dijon (13%) est à part, ses potentiels ménages « pauvres » sont accueillis dans les villes de banlieues mieux pourvues en logement social. Mais Dijon est malgré tout une ville « égalitaire ». (En passant, Neuilly-sur-Seine recueille le trophée de ville la plus inégalitaire, pour les raisons expliquées ci-dessus.)


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