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[Critique] ELENA de Andrei Zviaguintsev

Par Celine_diane
[Critique] ELENA de Andrei Zviaguintsev
Plaie d’argent n’est pas mortelle… L’argent ne fait pas le bonheur, mais il contribue… On connaît les proverbes. Avec l’argent, en centre névralgique de son troisième long-métrage (après Le retour et Le bannissement), Andrei Zviaguintsev met en place une implacable dissertation sur le sujet. Via Elena, sainte qu’il mue progressivement en meurtrière, il éventre ses protagonistes, au rythme des beaux morceaux de Philip Glass, et expose ce qu’il y a de pire en eux : désir de possession, paresse, cupidité. Film de clôture d’Un certain regard au Festival de Cannes 2011, Elena met en scène un personnage-titre ambigu, que le cinéaste nous laisse le soin de juger (ou non). Ancienne infirmière, aujourd’hui condamnée au rôle d’épouse-servante pour un mari quasi mourant (et riche), elle est piégée de tous côtés. Par le patriarcat suintant et tenace d’une Russie moderne. Par des choix complexes : sauver son fils paresseux et son ado de petit-fils de la misère de blocs d’immeubles gris et ternes. Lorsque son époux fait un infarctus, s’apprête à signer un testament qui léguerait tous ses biens à sa fille, sans rien laisser aux enfants de sa femme, Elena doit trancher. Jusqu’à se confronter à la plus radicale des solutions… 
Zviaguintsev est désespéré, noir, mais réaliste. Notre société de consommation, il l’apparente à un démon qui balaie tout. L’écran plasma du salon annihile toute volonté de s’en sortir. La religion a laissé place au nihilisme. L’hédonisme se compare à l’égoïsme. Tous les personnages, eux, défendent leurs propres intérêts, au détriment de toute morale, privilégiant les liens du sang, à toute éthique. On nous parle de classes, du bien, du mal, des riches, des pauvres. Le ballet est parfaitement construit, en cadres fixes, plans séquences, contrastes ; huilé, comme une machine, lancé à toute allure vers l’issue (forcément) tragique. La thématique n’est pas nouvelle (les socialement bannis qui désirent ardemment prendre leur revanche sur les plus nantis), mais le traitement, lui, est profondément moderne. Les cages dorées portent simplement aujourd’hui d’autres noms : chômage, télévision, chips, voiture de luxe et clubs de sport. 
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