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Panda Bear - Person Pitch (2007)

Publié le 26 mars 2008 par Oreilles

J'ai tellement écouté cet album qu'aujourd'hui il semble presque faire partie intégrante de mon corps, logé quelque part non loin des limbes de mon cerveau. Et curieusement, mais le phénomène est loin de vous être inconnu, ce disque s'est exclusivement fait le compagnon de mes nuits et de mes évanouissements.

Avec son troisième projet solo, Noah Lennox, le brillant batteur d'Animal Collective, réussit un coup de maître et signe, pour moi, son plus beau fait d'armes. Une oeuvre d'orfèvre, psychédélique, shamanique, folk et électronique, tout cela en seulement sept titres. Oui, je vous l'assure c'est possible, et c'est ce qui fait de Person Pitch une des plus envoûtantes productions de l'année 2007. Une bouteille de doutes jetée à la mer et inlassablement bousculée par les vagues.

Le maxi « Bros » avait précédé la sortie de l'album l'an passé et avait d'emblée suscité de vives réactions, entre ébahissement et circonspection (plus rare). Il me paraît relativement emblématique de Person Pitch. Pour cet album, Noah Lennox a composé uniquement à partir de deux samplers. Le jeune homme construit des boucles pénétrantes sur lesquelles il colle des mélodies brillantes d'un folk d'outre-tombe. Conviant fréquemment les spectres des Beach Boys.

La sauce est complétée d'arrangements électroniques malicieux. Panda Bear truffe ainsi ses morceaux de bruits en tous genres, mécaniques ou aquatiques, de voix feutrées, d'échos et de réverbération. De cette cuisine fine se dégage une forte impression d'égarement et de trouble, en même temps que le témoignage très personnel d'un homme entre deux périodes de sa vie. L'histoire personnelle de Noah Lennox a été copieusement évoquée pour parler de ce disque mais force est de constater qu'il en a peut-être été ainsi à raison.

Person Pitch peut effectivement s'écouter comme le passage de l'insouciance adolescente aux craintes brutales de la vie adulte. Avant de réaliser ce disque, l'Animal Collective s'est en effet marié. Il a déménagé au Portugal et est devenu papa. Le musicien pourra peut-être un jour léguer à son fils cette oeuvre brumeuse et intime, où amour paternel et angoisses s'entrechoquent perpétuellement.

De « Comfy in nautica », avec son introduction aux sonorités industrielles et l'apparition sublime de célestes choeurs californiens, à « Ponytall » et sa liturgie pop sur fond d'orgue, l'ensemble du disque est un régal, sorte de rite propice à l'évasion et aux errements métaphysiques. Il y a évidemment « Bros », une des pures pépites de l'album, mais d'autres titres éblouissent également. « Take pills » (titre évocateur n'est-ce pas) est tout bonnement magnifique. Une sorte de bruit de magnétophone constitue la première boucle du morceau sur laquelle viennent se superposer un beat feignant puis la voix lointaine et quasi-angélique de Noah Lennox. Des sonorités aquatiques et des cymbales de tambourin se mêlent à la surprenante harmonie. La torpeur est prenante. Puis, au loin, s'avancent une guitare tonique et quelques claquements. Le chant de Noah Lennox point à nouveau après s'être évanoui, et derrière lui, de grands rayons de soleil se profilent. Les pieds dans l'eau, le bonhomme entonne un hymne splendide, façon californienne. Des sonneries d'ascenseur participent à l'élevation du chanteur. C'est tellement beau que ça en devient presque altier. Chapeau bas, mister.

En bref : Un disque de pop-électronique ouvragé et intime, vibrant d'égarement et de doute. Et légèrement azimuté. Tout simplement magnifique.



Le myspace de Panda Bear.

Placez votre ordinateur à proximité de votre lit, allongez-vous et méditez en écoutant Person Pitch :

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