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[anthologie permanente] Ludovic Janvier

Par Florence Trocmé

Il n’y aurait pas de penseur, avec la pose obligée, s’il n’y avait un fleuve, une rivière, un cours d’eau.  
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Jeter à l’eau 
 
Lissant le temps comme on étire ou caresse 
glissant le temps comme on chante sans fin 
la rivière ouvre sur l’ouvert à longs coups de rush 
ininterrompu jusqu’au vertige à travers moi 
lame de jour qui me fouille et m’envahit de frais 
un souffle énorme sans voix me pousse sa lenteur 
au fond des yeux lavés par la lumière liquide 
respirée à cœur en me disant tu perds ta vie 
fous-la au fleuve avec les fantômes et la fatigue 
couche-la folle au fil de l’eau qui va toujours 
je demande au flux peignant les herbes et le regard 
qu’on m’en aille ! emportez-moi ! plus rien 
Pont du Nord ou pont de Nantes ou pont d’Avignon, le bal dessus la mort dessous, c’est la fête à l’aplomb du noir qui passe, être puni pour ça, tomber, tomber à l’eau, la rivière est un lit pour les pucelles et les rieuses, celles qui dansent et celles qui chantent sans écouter la loi qui range ni sans entendre la fin venir. 
 
Vendeuvre sur Barse     Entre deux Eaux 
 
Ludovic Janvier, Des rivières plein la voix, promenade, L’Arbalète) (Gallimard, 2004, pp. 146 & 226/227 
Ludovic Janvier dans Poezibao :  
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, ext. 5


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