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Margaret Mazzantini - La mer, le matin

Par Clarac
Margaret Mazzantini - La mer, le matin
Éditeur : Robert Laffont - Date de parution : Août 2012 - 133 pages intenses et sobres!
L’Italie et  la Libye, deux pays séparés par la Méditerranée. Cette mer Farid la découvre quand  la Libye est en proie à une guerre civile. Son père vient d’être tué alors sa mère Jamila décide de partir avec lui. Une fuite où elle laisse sa maison, son pays. Elle emporte avec elle un châle et l’argent pour payer l’homme qui les fera monter dans un bateau. De l’autre côté, on les accueillera. Forcément. Ce sont des réfugiés. Vito, âgé de dix-huit ans passe ses vacances avec sa mère Angelina sur une île près de l’Italie où ils habitent. Angelina de parents italiens est née en Libye où elle a passé onze années avant que le colonel Kadhafi ne les chasse. La famille revenue dans son pays natal ne s’est jamais sentie chez elle. Des déracinés pour qui l’horrible sentiment de n’appartenir à aucun pays, d’être des incompris a toujours été le plus fort. La Libye c’était leur vie. Angelina  n’a jamais pu cicatriser la plaie de sa souffrance et son fils l'a trouvé toujours différente des autres mères.
Farid et sa mère sont des victimes, derniers dominos qui s’écroulent et à qui ils ne restent plus que l’exil. Farid est bien trop petit pour comprendre la situation et Jamila tente de le protéger comme elle peut. Avec l’espoir d’une nouvelle vie en Italie. Pour éloigner le mauvais sort elle lui a fabriqué une amulette qu’il porte autour du cou. Croyances et superstitions pour demander grâce à un enfant qui à la vie devant lui. Quand l’obtention d’un visa est à nouveau possible pour la Libye, Vito accompagne sa mère et sa grand-mère Santa. A Tripoli, Angelina et Santa cherchent leur ville. Celle des ruelles, des échoppes des commerçants, des maisons de leurs amis et la leur. Sur les plages de ses vacances, Vito a vu des flots de réfugiés arrivés transis, exténués. Il ramasse ce que la mer rejette. Des objets ayant appartenu à ces personnes ballotées au gré des courants. Parmi eux, il trouve une amulette.
Deux pays reliés par deux mères dont les destins ont été le résultat d'enjeux politiques dans l'Histoire. Un très beau roman d’une intensité très forte sur l’exil et le déracinement. Pas de pathos, juste de la dignité et de la sobriété portées par une écriture sans fioriture empreinte d’humanité. Un livre hérisson tant j’y ai inséré de marque-pages ! Si je n'avais pas vraiment aimé Venir au monde de cette auteure, c'est tout l'inverse avec ce livre !

Merci à Julien pour ce conseil de lecture ! Le billet de Kathel
Vito regarde la mer. Un jour sa mère le lui  a dit. Sous les fondations de toutes les civilisations occidentales, il y a une blessure, une faute collective. Sa mère n'aime pas ceux qui revendiquent leur innocence. Elle fait partie de ces gens qui veulent assumer les actes commis. Victo pense que c'est  une forme d'orgueil. Angelina dit qu'elle n'est pas innocente.Elle dit  qu'aucun peuple qui en a colonisé un autre n'est innocent. Elle dit qu'elle ne ne veut plus nager dans cette mer où des bateaux coulent.
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