Avez-vous déjà vu ce nom? Sûrement! Où? Dans des génériques de films, à la télévision. C'est un nom que l'on survole avec les yeux, sans le prononcer. En tous cas, un nom à retenir: Pierre Uytterhoeven est avec Claude Lelouch le co-scénariste d'" Un homme et une femme" qui a remporté l'Oscar du meilleur scénario original en 1967. Lui n'est pas allé le chercher à Los Angeles, il assistait Marguerite Duras sur "La musica".
Nominé de nouveau en 1974 pour le scénario de "Toute une vie", toujours Lelouch, avec lequel il a travaillé et co-écrit, entre autres, "Vivre pour vivre", "Un homme qui me plaît", "La bonne année"... Car il ne faut pas croire les rumeurs: chez Lelouch, on tourne toujours à partir d'un vrai scénario.
... après l'IDHEC, (où je regrette de ne pas avoir étudié), Pierre Uytterhoeven est devenu critique de films et journaliste, à Positif, à Télérama, pour parler et rencontrer les gens du cinéma qu'il aimait ( quelle bonne idée! ). Pour Lelouch, il est même devenu chauffeur, et puis assistant, avant de donner libre cours à son penchant pour les idées, les scènes, les répliques. Ses dialogues se tissent avec ceux de Lelouch; Claude est aussi actif et instinctif que Pierre est contemplatif et réactif: mais les deux hommes, souvent différents dans leurs convictions ou leurs idées, travaillent bien ensemble, unis par l'amour des films et du 7ème art. Aussi pour leur goût des femmes et des voitures, comme il le reconnaît dans une interview; " nous sommes tous les deux Scorpions, séducteurs, créateurs (...)".
Si, au passage, il perd la paternité d'une phrase, d'une anecdote, il ne s'en offusque pas... - De toutes façons, lorsqu'on travaille sur un projet à deux, les egos respectifs doivent être remisés dans un fond de placard -.
Il a également travaillé avec Michel Drach - Le passé simple -, Serge Korber - Les feux de la Chandeleur, magnifique,et puis seul maître à bord, notamment pour la télévision.
Avec Lelouch, il partage la vision de la vie, telle un labyrinthe dont il faudrait chercher patiemment la sortie" : " dans l'écriture d'un scénario , on débranche toujours le GPS... pour connaître le plus tard possible l'image de fin, la sortie du labyrinthe", dit-il. Et Lelouch de souligner que " nous ne savons jamais si nous vivons un moment anodin ou riche en retombées. Je veux filmer cela, dire aux gens qu'ils peuvent vivre à tout instant la plus belle seconde de leur vie, qu'ils doivent rester vigilants...." (in " Claude Lelouch Mode d'Emploi ", de Yves Alion et Jean Ollé-Laprune, Ed. Calmann-Lévy).
Je tenais à mentionner Pierre Uytterhoeven, à faire ressortir son nom des génériques, comme devraient l'être d'ailleurs ceux de nombreux scénaristes et dialoguistes talentueux et indispensables qui se cachent trop souvent derrière des acteurs ou de metteurs en scène plus connus du public.
Et pour le plaisir, ce monologue de Jean-Louis Trintignant, un homme, qui roule toute la nuit, sous la pluie, de Monte-Carlo à Paris parce qu'Anouk Aimée, une femme, lui a envoyé un télégramme...
http://www.youtube.com/watch?v=G6q2uvZziOI
(lien à copier-coller dans votre moteur de recherches, impossible de l'insérer directement dans ce message...et pourtant, c'est à revoir!!)