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En pays toy, c'est à cause de l'ours!

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Par un arrêté du 1er août 2012, le préfet des Hautes-Pyrénée a autorisé "l'effarouchement" de l'ours Cannelito jusqu'au 31 octobre 2012. La Buvette vous a déjà expliqué pourquoi l’Appellation Barèges-Gavarnie est à l’origine du problème de prédation rencontré par les éleveurs de cette AOC.


"Les éleveurs ne s'en aperçoivent pas tout de suite"

Outre les dégâts reconnus, les éleveurs se plaignent aussi de l’ours Cannelito soupçonné d’être responsable de disparitions de bétail. Or "disparition" signifie perte d’indemnités..., et c’est bien là que réside le problème.
Dans le canard régional spécialisé dans ce genre de fait divers, Marie-Lise Broueilh, présidente de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine pyrénéen (ASPP) et également de l’AOC Barèges-Gavarnie répond au journaliste qui lui demande "Combien de bêtes disparaissent" : 
«C'est difficile de le savoir avec précision car les éleveurs ne s'en aperçoivent pas tout de suite. Les attaques signalées ont pu se produire la semaine dernière, et depuis, il y a en a peut-être eu d'autres. Le problème, c'est que l'on ne retrouve pas forcément toutes les bêtes. Plusieurs éleveurs ont constaté qu'outre les animaux dépecés, d'autres manquaient à l'appel. D'autres encore ont ensuite été dévorés par les vautours, ce qui rend impossible l'expertise pour savoir si l'attaque initiale est due à l'ours ou pas». Ce qui rend aussi aléatoires les indemnisations...
Pour le "guide de pays" laineux bien connu des lecteurs de la Buvette, l’ours Cannelito a “probablement estimé que le mouton de Barèges était de meilleure qualité que dans d’autres vallées puisqu’il n’opère ses prélèvements que dans ce secteur entre Bachebirou, Barada, Bué et Saugué.” (Ici)
Cannelito a peut-être bon goût, c’est son hypothèse, mais elle est malheureusement non vérifiable! Je vais en émettre une autre : le dernier porteur des gênes des ours pyrénéens aurait reçu dans ses gênes, en égale quantité de sa mère Cannelle et de son père Néré, un soupçon de paresse, de cet "opportunisme" cher à l’espèce Ursus arctos.

L’hitorique des "carnages" en pays toy montre que, quelle que soit l’origine de l’ours, le non gardiennage produit les mêmes effets : la prédation facile et répétitive.
L’ours est paresseux. Il vient quand la table est servie, et elle est toujours servie! Attraper une brebis à 3 pattes ne doit pas requérir une dépense d’énergie hors de portée pour un ours en bonne santé, lui! Surtout s’il a du sang slovène... (je rigole!)

Le problème, c'est que l'on ne retrouve pas forcément toutes les bêtes

Si en absence de gardiennage, "les éleveurs ne s’aperçoivent pas tout de suite des disparitions", il en va de même pour les maladies ou les problèmes sanitaires...

une brebis de l'AOC Barèges-Gavarnie, condamnée par manque de soin, sans pied.
une brebis de l'AOC Barèges-Gavarnie, condamnée par manque de soin, sans pied.


Un mien lecteur occasionnel qui randonne sans aucune peur de se faire bouffer par l’ours – en tout cas, il en est revenu - m’a envoyé quelques photos d’une brebis de l’AOC Barèges-Gavarnie mal en point…

Brebis AOC Barèges-Gavarnie sur 3 pattes en gros plan
Ces photos ont été prises hier, lundi 10 septembre en pays toy. La brebis a perdu la moitié de son pied postérieur droit. Le bas du membre est complètement mangé par les asticots. La photo a été prise sur une estive, bien au dessus du pont de la Gaubie, à moins d’une nuit de marche pour l’ours Cannelito.
C'est un "mauvais" exemple d'une des conséquences de l'absence totale de suivi et d'entretien des troupeaux dans le pays toy. il n’y a aucun berger sur le terrain, simplement des éleveurs, qui comme l’admet Marie-Lise Broueilh qui connait bien son sujet, ne s’en apercoivent pas de suite.

Les problèmes sanitaires de cette brebis “ont pu se produire la semaine dernière”. l’éleveur ne s’en apercevra peut-être que la semaine prochaine.  Alors comment s’étonner que l’ours bouffe une brebis sur 3 pattes, fiévreuse et pleine d’infection? Comment s’étonner que des vautours attaquent cette brebis, encore vivante, alors qu'elle doit déjà sentir déjà la charogne à des kilomètres?  Pour Marie-Lise Broueilh : “Le problème, c'est que l'on ne retrouve pas forcément toutes les bêtes”, ce qui rend aussi aléatoires les indemnisations. mauvaise affaire!

Pont de la Gaubie
Le pont de la Gaubie (petite croix à droite dans l'image) est le point de départ de nombreuses randonnée et un point de passage si on fait le GR 10. Les randos possibles sont le lac Dets Coubous, les lacs de Madamète, la Hourquette d'Aubert, le lac d'Aygues Cluses.
Le problème n’est pas que pour cette pauvre brebis, sans aucun doute « aimée par son éleveur », cela présente également un risque pour l'ensemble du troupeau dont elle fait partie. Toutes les autres brebis blessées ou mal vermifugées sont à portée des mouches tueuses.

D’après ce randonneur photographe en pays toy, « ce n'est pas un exemple isolé, c'est assez récurent sur le 65 en particulier sur les troupeaux de brebis à viande du fait de l'absence de berger. »

80014
"80014"<br> Cela rejoint la problématique ours : avec un suivi et un gardiennage efficace, ce type de pertes est très facilement évitable. Pourquoi une brebis qui meurt de manque de soin n'a t 'elle pas la même valeur qu'une brebis qui se fait croquer par un ours? Parce quand on ne la retrouve pas, elle n’est pas indemnisable. En revanche, elle permet quand même de « charger l’ours » dans la DDM ou dans la presse lourdaise, tarbaise, pyréniaise.

« l'éleveur attaché à son troupeau »

"C’était une brave bête..., je l'aimais bien, elle venait me manger du sel dans la main." Je voudrais qu’on m’explique comment un éleveur « attaché à son troupeau » laisse crever une brebis à petit feu, par manque de soin. Il est certain que si un ours repasse aujourd’hui ou demain sur cette estive, la disparition de cette brebis à 3 pattes sera portée à son passif ou sur celui des vautours « qui ont changé de comportements ».
S’il y a effectivement « une tension très palpable en ce moment en pays toy » où 28 brebis ont été attribuées à l’ours Cannelito depuis le début de l'année sur l'estive de Bachebirou, non loin de l'endroit où a été prise la photo, la fête des côtelettes du 28 septembre à Luz Saint Sauveur sera le point d'orgue d'une communication ultrapastorale où les appels à "réserver une balle pour Cannelito" se multiplieront,  comme se multiplient les articles de Louis Dollo sur les réseaux sociaux, les journaux locaux, les sites Internet.
Ours à problème? Non!
Vautours déviant? Que neni!
Appellation Barèges-Gavarnie à problème? Assurément!

"4 yeux qui s’échappent dans la lumière"

Dans le même article, Louis Dollo parvient encore à me surprendre, depuis tout ce temps qu’il écrit des conneries. Il parle d’éleveurs dormant sur place pour descendre des brebis le lendemain : « Dans la nuit, ils entendent une agitation, sortent de la tente et voient 4 yeux qui s’échappent dans la lumière. Le lendemain matin au lever du jour, ils découvriront une brebis morte et mangée. Les gardes constateront une prédation certaine par l’ours.” Je ne savais pas que l’ours avait 4 yeux. J’oserai bien une nouvelle hypothèse…, une vue doublée? (Je rigole!)
L’oeil pétillant, le guide de pays s’en prend alors aux associations environnementalistes qui disent : « De toute manière ces brebis sont destinées à l’abattoir et vous êtes bien indemnisés ».

Pour lui, il s’agit d’une : “Vision de la situation erronée et méprisable au regard du travail réalisé par l’éleveur. Toutes les brebis ne sont pas destinées à l’abattoir. Il y a une sélection faite à partir d’un suivi depuis la naissance déterminant les brebis pour la boucherie et les brebis pour la reproduction. Et dans le cas de cet éleveur, s’agissant de brebis labellisées AOC / AOP, un quota de renouvellement doit être observé pour conserver son label.”
Et pour fois, je suis d’accord avec lui, “A défaut (NDLB : de soins! L’éleveur…),”est dans l’obligation d’acheter des agnelles à un autre éleveur labellisé qui ne seront évidemment pas les meilleures sélectionnées depuis son troupeau avec son bélier lui-même sélectionné. Les conséquences se répercutent ainsi sur plusieurs années d’autant qu’il s’agit de brebis à très petit effectif, sans pour autant que le manque à gagner sur la durée ne soit indemnisé
Les conséquences économiques (NDLB: de l’absence de gardiennage), et par voie de conséquence, sociales, sont importantes…
Nul doute, pour cette brebis à 3 pattes mais de pure lignée, que malgré "une sélection faite à partir d’un suivi depuis la naissance”, malgré sa “labellisation Barèges-Gavarnie”, le manque de soin lui fera perdre sa première vie....

Mais elle vivra encore, dans le corps d’un Ours, de vers, de mouches ou de vautours. Rien ne se perd dans la Nature. Par contre sur les estives du pays toy, ils s’en perd des bêtes…

Mais en pays toy, c'est à cause de l'Ours !


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