L’auteur :
Jean-Louis Servan-Schreiber est essayiste et journaliste. Observateur attentif de notre rapport compliqué au temps, il a publié en 2010 « Trop vite ! » (Albin Michel) pour alerter sur le court-termisme généralisé.
Créateur de L’Expansion et de Radio Classique, il a fait de Psychologies magazine un succès. Il a lancé, en 2010 le magazine Clés pour nous aider à mieux comprendre le XXIe siècle.
Le livre :
En ce XXIe siècle, nous sommes débordés, souvent inquiets, fascinés par le numérique, nomades dans notre carrière et notre vie amoureuse, incapables de se projeter dans l’avenir, ballottés entre ce qui menace et ce qui promet, plus seul qu’avant, et toujours scotchés à notre écran.
Et si nous vivions une nouvelle « Renaissance », qui fut une époque tourmentée, pleine de doutes, mais riche de créations et de nouvelles libertés ?
Trouver du sens dans ce tourbillon, retrouver du temps au milieu des urgences est peut-être à notre portée, si l’on redécouvre une philosophie de vie laïque au joli nom de sagesse.
On peut trouver des raisons d’aimer, quand même, le XXIe siècle.
Notre avis :
Jean-Louis Servan-Schreiber nous propose une réflexion philosophique sur ce siècle qui, il faut bien l’avouer, commence fort. Le titre en soi interpelle… Les mots « quand même », mis entre parenthèses, donnent une résonance particulière, un peu ambiguë. Est-ce une sorte de réserve, une ambivalence ? Le titre à lui seul donne envie d’ouvrir l’ouvrage pour en savoir plus. Une fois la lecture commencée, on se laissera facilement emporter par le style de l’auteur, proche du lecteur, et sa voix personnelle et forte. Cependant, le ton est assez différent de celui adopté dans la revue « Psychologie ». Plus personnel, moins détaché, un peu plus académique aussi.
Chaque chapitre commence par une illustration : Si le dessin est rudimentaire, le message est cocasse autant que pertinent :
L’auteur nous parle de notre temps, de ses problématiques, de ses défis. Il le fait sans concession, de façon directe et lucide ; l’homme moderne est désabusé, non sans raison : « Désormais, on ne nous la fait plus, et nous ne parvenons plus à croire ceux qui nous promettent de changer la vie. »
Il ne laisse pas de côté les nouvelles technologies, qu’il analyse là aussi avec lucidité :
« Au XXIe siècle, le SMS a plus d’influence sur l’usage de la langue que l’académie française. »
« … si nous sommes désormais sept milliards, il y a déjà plus de cinq milliards de téléphones portables en service… »
Faut-il pour autant désespérer ? En fouillant dans l’histoire, l’auteur nous démontre par l’exemple que devons rester positifs. Et tente d’éclairer notre avenir avec la lanterne du passé. Regarder en arrière et constater que l’humanité a toujours été confrontée au drame. Observer le monde avec philosophie. Voir les choses avec plus de hauteur, pour envisager les problèmes de manière holistique, dans leur globalité. Il donne des solutions aussi, du moins des ébauches… Mais dans son discours il y a presque toujours une réserve :
« Cela ira probablement mieux dans 5 ans, au prix d’efforts soutenus, de solidarités nouvelles, d’apprentissage d’habitudes plus frugales. »
« La plupart des anxiétés et les pessimismes actuels à propos de notre époque sont à moins de vingt ans d’horizon, ce qui passe très vite. Une seule est là pour bien plus longtemps, celle de l’écologie. »
Voilà donc un livre intéressant, bien argumenté, riche de citations et d’exemples. Jean-Louis Servan-Schreiber nous parle d’une voix forte, mais aussi très personnelle, qui ne fera pas forcément l’unanimité. Et en définitive, s’il évoque des solutions possibles, avec le concours du temps, aucune n’est simple et certaine. Il y a beaucoup de bonnes ondes dans cet essai, mais toujours assorties d’un « mais ». Comment pourrait-il en être autrement ?
Aimer (quand même) le XXIe siècle – Jean-Louis Servan-Schreiber. Éditions Albin Michel
Date de parution : 12/09/2012