The Fixer de Joe Sacco (Bande dessinée sur l'histoire d'un guide pour journaliste à Sarajevo, 2005)

Joe Sacco est un journaliste de bande dessinée qui travaille aux États-Unis. Il a commencé à publier des ouvrages sur la Palestine. En 1995, il part pour l'ex-Yougoslavie, plus précisément à Sarajevo, en Bosnie, et publiera par la suite des BD sur cette expérience, dont The Fixer.
En 1991, la Croatie se déclare indépendante, mais l'État fédéral yougoslave ne la reconnaît pas et mène une guerre pour préserver la minorité serbe dans l'État croate. En Bosnie, des débats font rage sur l'avenir de la République la plus mixte de la Yougoslavie. Le parti nationaliste musulman (SDA) apprend que le parti nationaliste serbe (SDS) veut annexer des territoires à la Serbie et expulser les non-Serbes. Les musulmans vont alors former leurs propres structures paramilitaires, soutenus par le SDA.
Dans cette BD Sacco évoque Neven, son fixeur, c'est-à-dire, son guide. Un fixeur est quelqu'un qui connaît le terrain, se tient informé, possède un réseau. Les fixeurs sont indispensables au métier de journaliste lors de conflits armés.
Neven fait parti de la minorité serbe de Bosnie, mais a combattu avec les forces paramilitaires du SDA. Un peu vantard et profiteur, il raconte son histoire à Sacco, ses participations à certaines missions, les combats héroïques, les exactions des différents seigneurs de guerre bosniens et la vie à Sarajevo durant la guerre.
Neven était le seul véritable contact de Sacco et donc l'une de ses principales sources d'informations en Bosnie. Au fil du temps, un lien d'amitié est né. En donnant sa confiance à un fixeur qu'il ne connaît pas, Sacco joue à quitte ou double. Mais c'est le risque à prendre pour s'approcher des vérités d'un sujet.
Cette Bande dessinée traite du journalisme en temps de guerre et montre comment fonctionne le reporter sur le terrain, du moins celui qui essaie de sortir des sentiers battus. Intéressant à lire quand on sait que le conflit serbo-croate, qui s'est propagé dans toutes la Yougoslavie, a fait l'objet de nombreuse contre-vérité.