J'ai récemment lu les trois premières Méditations Métaphysiques de René Descartes, car apparemment, il est quand même THE auteur incontournable de la métaphysique et y'a DS de philo samedi, alors... J'ai décidé de faire partager mon résumé. Je précise que s'il n'y a que les trois premières, c'est parce que mon livre ne comprend QUE les trois premières et bien sûr, je ne m'en suis aperçue qu'après l'avoir acheté, c'est bien dommage. Je n'ai plus qu'à trouver et lire les trois dernières, et quand cela sera fait, je complèterai cet article. Mais pour le moment j'ai la flemme, le DS approche, et j'ai encore Bergson et Kant à réviser. Chaque chose en son temps, donc. C'est un résumé rapide dans lequel j'expose brièvement les idées principales de chaque Méditation.
1) Les choses que l'on peut révoquer en doute
- Les sens sont trompeurs : il ne faut JAMAIS s'y fier entièrement. N'oubliez jamais ça.
- Il existe quand même des choses dont on ne peut pas douter (c'est rassurant, Descartes n'est pas sceptique) : la pensée (c'est le fameux cogito ergo sum : penser que je n'existe pas est impossible car mon acte de penser enveloppe en lui-même la certitude que j'existe), les idées et Dieu. Seul défaut du cogito : j'arrête d'exister dès que je pense à autre chose. Autrement dit, je n'existe pas souvent.
- Les illusions se fondent sur la réalité. L'imagination ne crée jamais.
- Exemple du rêve où l'on voit des corps. Les corps sont des choses réelles et existantes (ainsi que leurs actions).
- On ne peut pas douter : des sciences qui dépendent de la considération de corps simples (arithmétique, géométrie, etc.)
- On peut douter : des sciences qui dépendent de la considération des corps composés (physique, astronomie, médecine, etc.)
- Il est donc nécessaire de SUSPENDRE son jugement. Au cas où. En effet, TOUTES les opinions sont douteuses. C'est une grosse difficulté car Descartes essaie constamment de se débarrasser de tout ce qu'il croit savoir, mais ses opinions refont sans cesse surface, dès qu'il baisse la garde. Pourquoi reviennent-elles tout le temps ? Parce qu'elles sont PROBABLES.
- Postulat de l'existence de Dieu (ça expliquerait bien des choses). De là, deux possibilités : soit Dieu est gentil et il répugne à me tromper, soit Dieu est méchant et il use de sa toute-puissance pour me tromper, même dans les choses que je crois savoir avec certitude. C'est même LUI qui s'arrange pour que je les croies.
2) La nature de l'esprit humain est plus aisé à connaître que le corps
- Je suis capable de produire mon propre doute, donc JE PENSE, c'est un fait (même si je pense que rien n'existe, sauf du doute, je pense). Et si le Dieu méchant cherche à me tromper, en apportant de la confusion dans mes pensées, c'est la preuve que je suis, car "il ne peut pas faire que je ne soie rien tant que je pense".
- Je suis donc une chose QUI PENSE et une chose VRAIE. Ce qui est faux, c'est la description de la représentation que nous avons du corps et de l'âme (mais le corps et l'âme en eux-mêmes sont vrais).
- L'imagination n'apporte aucun critère de vérité sur ce qui est imaginé.
- En revanche, le fait d'imaginer (l'action en elle-même) EST réelle et fait partie de la pensée.
- La chose qui pense et qui sent SE SAIT incomplète. Elle sait qu'elle est imparfaite car elle a en elle l'idée d'un être parfait, par lequel elle mesure sa faiblesse. Se connaître inachevé c'est reconnaître qu'elle porte en elle l'idée de Dieu.
- Tout ce qui semble réel et connaissable est soumis au changement (exemple de la cire très intelligent). La cire peut devenir quelque chose d'étendu, de flexible, de muable. On la conçoit capable d'une infinité de formes. Mais ON NE PEUT imaginer cette conception. Seul l'entendement peut la concevoir, mais pas l'imagination.
- Conclusion : nous ne connaissons pas les choses par l'imagination et les sens, mais seulement à force de les concevoir par la pensée : "il n'y a rien qui ne soit plus facile à connaître que mon esprit".
3) Dieu : il existe.
- Ambivalence de Descartes : SOIT il considère uniquement la capacité de son cogito (= son entendement), auquel cas ce que je conçois clairement et distinctement est VRAI et CERTAIN (thèse de l'évidence : les choses les plus manifestes sont vraies). SOIT il considère l'existence d'un Dieu méchant et trompeur qui abuserait de moi en ME FAISANT CROIRE que les choses évidentes sont effectivement vraies (cela n'empêche en rien que je pense et que j'existe), auquel cas plus rien n'est sûr.
- Mais enfin ! Il n'y a AUCUNE raison de croire en l'existence de ce Dieu trompeur. Enfin si, y'a une raison. La notion de toute-puissance exclut celle de tromperie, car tromper, c'est employer un détour afin d'obtenir quelque chose, et un être parfait n'a pas besoin de ça. Donc Descartes réfute assez rapidement la thèse du Dieu méchant, même s'il y fait souvent référence.
- Rien ne peut être aisément connu par l'évidence.
- Il existe trois sortes de pensée :
* les idées (images, représentations) : elles ne peuvent pas être fausses dans la mesure où le fait d'imaginer est réel.
* les volontés ou affection (désirer, craindre, vouloir... quelque chose ou quelqu'un) : elles ne peuvent pas être fausses non plus dans la mesure où le fait de désirer, de craindre ou de vouloir est bien réel, lui aussi.
* les jugements (juger qu'un homme est bon ou mauvais par exemple) : ils peuvent être faux. L'idée de l'homme bon EXISTE en dehors de la représentation que j'ai de lui. Tant que je ne porte pas un jugement sur lui, je ne me trompe pas. La possibilité de l'erreur est introduite par l'action d'affirmer une chose à partir de quelque chose d'extérieur. L'erreur s'incarne dans le langage.
- Une idée ne peut être vraie qu'à deux conditions : l'objet (de l'idée) doit être la cause de l'idée ET l'idée doit ressembler à l'objet.
- La substance se définit par opposition au mode. La substance désigne le support permanent, existant par lui-même en dehors de tout ce qu'il lui arrive (par exemple, l'homme change, mais sa substance d'homme reste). Le mode désigne les états successifs par lesquels il passe (jeune, vieux, fatigué, etc.)
- Une SUBSTANCE PENSANTE ( = un homme) peut créer des choses corporelles à condition que ce ne soient pas des substances mais des modes (car un mode a moins de réalité objective qu'une substance).
- Les idées qui représentent des substances sont plus VRAIES que les idées qui ne représentent que des modes : Descartes dit qu'elles ont plus de REALITE OBJECTIVE.
- La cause doit être aussi vraie que son effet. Donc le néant ne peut être cause de rien. Donc ce qui est parfait (infini) n'est pas le résultat de quelque chose. Donc rien ne naît de rien.
- Descartes conçoit l'idée comme une image (un tableau) qui peut dégrader ce dont elle est l'idée, mais elle ne peut pas le perfectionner.
- Ce qui mesure le degré de vérité d'une idée est sa réalité objective. On ne peut concevoir que peu de choses : la grandeur, la longueur, la largeur, la profondeur, la durée, le nombre (tout ce qui se mesure). En revanche, on ne peut pas concevoir la lumière, les couleurs, les sons, les odeurs, les saveurs, la chaleur, etc.
- Il existe deux types de substance : celle qui est finie (l'homme) et celle qui est infinie (Dieu, l'être existant par soi).
- PREUVE DE L'EXISTENCE DE DIEU : je doute et je désire DONC je reconnais que je suis imparfait. Et cette imperfection, je ne peux la mesurer qu'à partir de l'idée d'un être PLUS PARFAIT que moi. Cette idée est vraie (car les idées ne peuvent pas être fausses). Puisque cet être est parfait, il n'a pas pu être produit par moi et renvoie donc à un être existant hors de moi. Ainsi, l'idée de Dieu suffit seule à prouver l'existence de Dieu.
- Anticipation des critiques que l'on peut émettre sur cette thèse : supposition que la perfection que j'attribue à Dieu se trouve en moi, en puissance. Cette supposition est réfutée par Descartes en trois points :
* ma perfectibilité potentielle se trouvera toujours sur un autre plan que celui de la divinité.
* ma connaissance s'accroît par degrés donc " elle n'arrivera jamais à un si haut point de perfection qu'elle ne soit encore capable d'acquérir quelque plus grand accroissement".
* la réalité objective d'une idée (= son essence) ne peut être produite par un être qui existe seulement en puissance.
- Je ne suis pas l'auteur de mon existence car je me sais imparfait, or si j'avais dû me créer, je me serais doté de toutes les perfections.
- Le TEMPS est divisé en parties (infimes). Donc pour que la substance soit conservée dans chacune de ses parties (= dans tous les moments qu'elle dure), elle a besoin du même pouvoir et de la même action. Le monde est perpétuellement recréé par Dieu.
- "L'idée de Dieu n'est pas une pure prodution ou fiction de l'esprit car il n'est pas en mon pouvoir d'y retrancher ni d'y ajouter quelque chose". Je peux seulement constater sa pleine présence et contempler ses perfections.
Bonus : Quand Descartes vous dit "Salut, ça va ?" il pense "est-ce que l'âme organise la matière de ton corps en lui donnant sa forme ?"
Conclusion : d'habitude, on pense que les idées (dans ma pensée) ont généralement moins de réalité que les choses existant hors de ma pensée, dans le monde réel. Or Descartes BOULEVERSE cette théorie, et c'est ce qui fait son génie. Pour lui, je PEUX douter de l'existence du monde extérieur (puisque je le perçois par mes sens) mais je ne PEUX PAS douter de mon existence en tant que pensée. Descartes renverse donc complètement la pensée commune. Ce que je découvre comme réel ne sont pas les choses autour de moi, mais au contraire les pensées en moi.
Résumé de comment Descartes prouve l'existence de Dieu : l'idée de Dieu est la première de toutes mes idées dont la réalité objective est de telle quantité (infinie) que je ne peux pas en être la cause (car la cause peut être égale OU supérieure à son effet mais pas moindre). L'idée de Dieu est aussi la seule de mes idées que je sais être absolument conforme à la chose dont elle est l'idée.