Sur les 100 à 120.000 infarctus survenant en France chaque année, le stress au travail serait responsable d'environ 3.400 à 4.000 accidents cardiaques. Alors qu'une récente étude, publiée dans l'American Journal of Epidemiology confirme le lien entre durée de travail exagérée et risque cardiaque, cette nouvelle analyse, de chercheurs de l'Inserm, menée dans le cadre du consortium européen IPD-WORK, sur près de 200.000 Européens, confirme l'association entre stress au travail et survenue d'accidents cardiovasculaires, avec un risque accru de 23% d'infarctus. Des conclusions publiées dans l'édition du 14 septembre du Lancet.
L'analyse souligne à nouveau les nombreux biais de précédentes études modifiant la valeur du risque obtenu et prend en compte les nouvelles données liées aux facteurs psychologiques dans la survenue de maladies cardiovasculaires. Le stress psychologique, dont lié au travail, a été le facteur plus examiné par les différentes études, qui ont conclu à un risque de survenue d'évènements coronariens multiplié par deux, en cas d'exposition au stress.
Le stress au travail est associé à une augmentation du risque de 23% d'infarctus : Cette nouvelle analyse de données obtenues sur près de 197.473 participants, âgés en moyenne de 42 ans, à partir de 13 cohortes européennes (Belgique, Danemark, Finlande, France (Cohorte Gazel), Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse), qui ont répondu à des questionnaires portant sur les aspects psychosociaux liés au travail, tels que la demande, l'excès de travail, les demandes conflictuelles, un temps restreint par rapport aux tâches...
· 15,3% des participants s'avèrent bien exposés au stress au travail vs 12.5% à 22.3% selon les précédentes études.
· Sur une durée de suivi de 7 ans, 2.358 événements coronariens ont été recensés, soit un taux d'incidence à 7 ans de 1,2%.
· Le stress au travail est associé à une augmentation du risque de 23% d'infarctus, même après ajustement des facteurs confondants comme le mode de vie, l'âge, le sexe, le statut socioéconomique ou le lieu d'habitation.
· En valeur absolue cette augmentation du risque reste très limitée mais non négligeable : 3.4% des infarctus sont attribuables au stress au travail.
Renforcer les efforts de prévention pour réduire ce risque probablement favorisé par les pertes d'emplois et baisses de pouvoir d'achat liés à la crise, est donc primordial. Des actions qui pourraient réduire également d'autres facteurs de risque évitables, tels que le tabac et l'alcool dont la consommation est partiellement liée au stress.
Source: Communiqué Inserm et The Lancet 14 septembre 2012 Job strain as a risk factor for future coronary heart disease: Collaborative metaanalysis of 2358 events in 197,473 men and women (Visuel © Minerva Studio - Fotolia.com)