les belles contradictions
In memoriam Charles Olson et Hugh MacDiarmid
une
Cesser de travailler dans l’ombre la lumière étant contre nous
sans plus être concerné par le destin de chaque élément particulier
nous débattant pour émerger de ces vêtements qui nous emmaillotent
puisque le problème est de tout aimer sans perdre son tranchant
du particulier ses usages au général ses usages
travailler dans la lumière nue avec allégresse extrême allégresseet une fois l’expérience engagée la mener à son terme
de sorte qu’il n’existe plus les moindres frontières accréditées
le cœur comme l’esprit d’accord sur les solutions minimales
nécessaires à tout individu pour vivre sous un toit
pourvu véritablement d’air de nourriture d’eau de temps dont user
à travailler dans la lumière la joie la dureté l’acuité du diamant carc’est un mythe on le sait que le désir dissout tous les obstacles
on n’a jamais vu qu’il ait en quoi que ce soit dissolu des montagnes
et le feu le plus violent qu’on puisse imaginer en eût-il fait fondre une
néanmoins une autre se lèverait précisément au même endroit
et le paysage aurait même apparence qu’auparavant
parce qu’il n’est aucune fin à la production et la destruction des montagnesVoici donc la discipline requise de nous maintenant
que nous ayons ou non une chance de succès
nous n’avons pas d’alternative il faut tenir le monde entier pour notre mère
puisque personne ne peut prétendre posséder rien de permanent
ni ancrer ses racines en quelque lieu particulier
ni n’utiliser d’autres mots que ceux de langues empruntéesChaque fois que nous arrivons en un nouvel endroit
nous cherchons à tâtons en lui, telles racines avançant à tâtons dans la terre
nous cherchons le détail qui nous donnera semble-t-il prise sur lui
mais entre-temps les feuilles se détournent du soleil
nous avons presque oublié la langue que nous parlions pour briser le silence
nos trous d’origine sont recouverts de rochersDites-nous que cette montagne n’est plus la plus haute des montagnes
les bordures d’arbres sont montées ou descendues de centaines de pieds
dites que ces plaines d’herbes sont devenues un désert
que de mémoire vive cette piste n’a jamais été foulée de pas
que le dernier de ces animaux s’est couché avant notre naissance
que ce ne sont plus là nos frontièresNéanmoins nous récitons le vieux monde parce qu’il nous appartient dans l’âme
et quand nous racontons ses lieux et places dans le bon ordre
nous sommes consternés des illusions des hommes concernant tien et mien
la peau que nous portons ayant été adaptée à dessein à chacun d’entre nous
et au grand jamais taillée pour masquer chaque race particulière
le contrat en a été découpé une fois pour toutes la chair préservéeC’est à moi de décider puisqu’il me faut me perdre à les appeler un par un
eux qui portent ces fragments ces lambeaux de la peau humaine
afin de les persuader que de temps à autre il leur faut penser à leurs devoirs filiaux
ainsi porter les reliques ensemble au bûcher de crémation
tracer figure humaine sur cette parcelle du sol
se reposer dans les eaux environnées de lumièreje devrai traverser dans toute naissance traverser toute occasion de naître
de façon que le fleuve s’en retourne de son propre gré
que les eaux remontent se dégager
d’elle tout d’un coupc’est à moi de décider d’appeler à l’être tout ce qu’il y a lieu d’être
Nathaniel Tarn, "Les Belles Contradictions", traduction inédite d’Auxeméry.
© N. Tarn & Auxeméry.
(version originale du poème dans la suite de note)
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one
To cease working in shadow with the light against us
no longer concerned with the fate of any particular element
thrashing to emerge from swaddling cloths
since the problem is to love all without loss of edge
from particular the uses of to general the uses of
to work in the naked light with elation extreme elation
and once the experiment has begun to make an end of it
so that no frontiers whatsoever be accredited
with heart and mind agreed on the minimal solutions
necessary for each individual to live under a roof
with clean air clean food clean water clean time to use
working in open light elated hard sharp put it diamond-like for
it is a myth you know that desire dissolves all obstacles
it has never been known to dissolve mountains at all
and should the most violent fire you can imagine melt one
nevertheless another would grow up precisely in the same place
and the landscape look exactly the same as it did before
because there is no end to the production and destruction of mountains
This is the discipline required of us now
whether we have or not any chance of success
we have no alternative to taking the whole world as our mother
since no one can pretend to own anything of permanence
or to anchor his roots in any particular plot
or speak in anything but borrowed languages
Every time we arrive at a new place
we grope around in it as roots must grope in the earth
look for the detail will seem to make us its owner
but by the time the leaves turn away from the sun
we have almost forgotten the tongue we spoke to break silence
our origin holes are covered with stones
Tell us this mountain is no longer the tallest of mountains
the tree-lines have moved up or down so many hundred feet
say these grass plains have become a desert
this trail has not been walked in living memory
the last of these animals laid itself down before our birth
these are no longer our boundaries
Nevertheless we recite the old world because we own it in our souls
and when we tell its places in their proper order
we are sickened to death by the illusions men have about mine and thine
the skin we wear having been designed to fit each one of us
and never for a moment tailored to mask any particular race
the covenant hacked out of it once and for all the flesh saved
It is up to me since I must lose myself to call them one by one wearing these tattered fragments of the human skin
to persuade them that from time to time they must think of filial duties such as bringing the relics together at the cremation pyre
drawing a human shape on a piece of ground
lying still in the waters surrounded with light
I shall have to pass through every birth every occasion of birth
so that the river turn of its own accord
the waters run back to break
out from her all at once
it is up to me to call into being everything there is