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Angélique de 5 à 7

Publié le 16 septembre 2012 par Hongkongfoufou

oddjob logo 2 Par Oddjob

Les valeurs sûres, il n’y a que ça de vrai…et en plus c’est (très) rassurant !

Tenez, en ces temps de crise et de déprime généralisées, rien ne vaut de se réfugier dans les (petits) plaisirs de la vie qui ont maintes fois fait leur preuve.

Ainsi, aux destinations lointaines et exotiques, au jet lag, aux aéroports internationaux vous préférerez aimablement notre bonne vieille Europe et ses contrées si riches et variées, ou en toute simplicité votre maison de campagne…

De même versant culturel. En bandes dessinées, par exemple, vous choisirez, au choix ou tout ensemble, une intégrale de Jerry Spring (le 5ème et dernier tome, toujours aussi somptueux, vient de sortir), un Chlorophylle ou un Chick Bill en collection Jeune Europe ou une édition 30x40 de Soir de Paris (le chef d’œuvre muet d’Avril et Petit-Roulet). Et ce, plutôt qu’une énième autofiction à l’Association !

Côté pellicules, s’il faudra attendre encore quelques mois avant le prochain et tant attendu Tarantino, et son Django Unchained (Franco Nero y fait une apparition, mais par contre nulle trace du cercueil et de la Gatling…), le petit écran nous a offert cet été de bien belles réjouissances : The Long Goodbye d’Altman, Deliverance de Boorman, She Wore A Yellow Ribbon de John Ford (avec John Wayne, LE maître étalon de la valeur sûre !) The Buccaneer d’Anthony Quinn, First Blood de Ted Kotcheff, les plus plaisantes péripéties de Bond… et les cinq épisodes de la fresque inoxydable, Angélique Marquise des Anges !

Oui, vous avez bien lu, ami et fidèle lecteur, l’unique tentative française du film d’aventures à la sauce érotico-historique pour les uns ou le nanar made in sixties incontesté pour les autres, fait partie du patrimoine cinéphile d’au moins un rédacteur de Fury Magazine. (Moi qui porte Don Siegel aux nues et qui préfère visionner avec mes (jeunes) enfants Jaws plutôt que Nemo !)

Car avec ce film et son interprète principale, Michèle Mercier, nous tenons là un bien bel exemple particulier du cinéma français : ils représentent quasiment à eux seuls toutes nos attentes de la série B hexagonale. Rien que ça !

En effet, tout y est dans ce jeu du chat et de la souris entre Angélique et Joffrey de Peyrac alias Le Rescator, qui s’étalera de 64 à 68 sous la direction du bon artisan Bernard Borderie (celui des Lemmy Caution et des Pardailhan).

 

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Ainsi , une vision un peu réac de l’Histoire, plus proche d’un Bainville que d’un Michelet (ah cette bonne vielle noblesse de province démodée…) ; une cruauté, une perversité et une violence dans certaines scènes que n’auraient pas reniées des maîtres du genre, tel un Lucio Fulci ou un Mario Bava (revoyez la "sadisation" d’un jeune garçon par le frère du Roi, ou encore la tentative de viol de notre héroïne à fond de cale par des marins rendus déments par la faim et la soif…) ; de l’aventure avec ses duels, ses complots, ses messes noires, ses assauts de flibustiers, ses abordages de Barbaresques, ses chevauchées ; ses seconds rôles toujours parfaits, tels Jacques Tanguy Santi , Giuliano Ringo Gemma…

Mais le sel de cette épopée résidera, il faut bien l’avouer, dans l’érotisme à fleur de peau (c’est le cas de le dire) dans chaque plan.

 

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Vous aurez remarqué au fil des articles de votre magazine préféré, que les actrices françaises ne sont pas légion dans le panthéon fantasmatique de ses rédacteurs. Pour une Bardot, une Dorléac, une Schneider, une Seyrig, combien de parvenues, sans le moindre commencement d’élégance (nous ne donnerons aucun nom ici par respect pour ces dames… mais depuis plus de trente ans, le César du Meilleur Espoir Féminin ne semble être qu’une vaste fumisterie !)

Michèle Mercier apparait, quant à elle, comme la représentante d’un genre plus généralement répandu dans le cinéma américain ou italien (à l’instar d’une Jill Saint John ou d’une Stefania Sandrelli ) soit une beauté autoritaire et sensuelle à la fois, un tantinet vulgaire certes, mais suffisamment affriolante pour tout imaginaire masculin digne de ce nom.

On a trop dit que Michèle Mercier n’était l’actrice que d’un seul rôle. Mais avant d’incarner une Sancé de Monteloup (tout un programme), elle sera en 1961 dans Fury at Smugglers' Bay (Les Pirates de la Nuit) de John Gilling, une production de la Hammer, aux côtés de Peter Cushing et de Bernard M Lee. Deux ans plus tard, Mario Bava la dirigera dans l’un des sketchs des Trois visages de la Peur (elle ne donnera, hélas, pas la réplique à Boris Karloff, présent dans un autre sketch).

Le début des seventies la verra à l’honneur de deux honorables productions. En 1970, elle aura pour partenaire Tony Curtis et Charles Bronson dans You Can't Win 'Em All (Les Baroudeurs) de Peter Collinson (le réalisateur d’Italian Job), ou les aventures rocambolesques d’un Américain et d’un Anglais en plein conflit greco-turc dans les années 20. 1971, la verra affronter Klaus Kinski (brrr…) dans Nella stretta morsa del ragno (Les Fantômes de Hurlevent) d’Anthony Dawson ou plutôt Antonio Margheriti…

 

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Et, pour ne rien gâcher, à son sex-appeal s’ajoutera un rejet de tout conformisme. Après, son dédain pour le Roi de France, et le Sultan du Miquenez, à l’écran, elle se refusera au véritable Shah d’Iran. Seuls les boîteux et les balafrés auront droit aux plaisirs de la luxure…


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