Dans un roman moins connu que « le Procès » ou « le Château », Kafka raconte les tribulations du jeune Karl sur le territoire américain. Le roman s’appelle « Amerika » et annonce à sa façon les « tracasseries » dont sont généralement victimes les personnages de Kafka au point d’avoir généré des situations qu’on dit « kafkaïennes ». Davantage que dans les romans cités, Karl est particulièrement attendrissant dans sa maladresse et rappelle un peu les réflexions de Rousseau. Il est, en effet, comme le Jean-Jacques des « Confessions », innocent, naïf, plein de fougue et d’enthousiasme dans son état de « nature ». Ce sont ses fréquentations qui le corrompent et l’entrainent sur la voie du vice et de la dégradation.
Karl se heurte à la lourdeur administrative du système américain et deux faux camarades (Robinson et Delamarche) lui font perdre la position confortable qu’il occupait à l’hôtel Occidental. Comme le philosophe Rousseau qui se penche sur les mésaventures de Jean-Jacques, force lui est de constater que la vertu ne paie pas et que les escrocs malhonnêtes parviennent plus facilement à tromper l’Administration que les honnêtes et généreux candides.