De passage sur la librairie Bookeen (lire « bouquine »!), j'ai téléchargé quelques e-books gratuits en format ePub. Parmi ceux-ci, un texte de Kropotkine, Le Principe anarchiste, par les éditions de Londres (également disponible en format pdf). Une très jeune maison d'édition numérique qui se présente dans un style fleuri sur ce site http://editionsdelondres.com/ Après une édition de textes libres de droit, cette maison d'édition entend publier de nouveaux auteurs : de prochaines publications à suivre...
Page de Le Principe anarchiste :
http://editionsdelondres.com/Le-principe-anarchiste
Un livre numérique très court, assorti d'une préface de la maison d'édition où figurent de nombreux liens hypertextuels (vers les éditions de Londes bien entendu) et d'une présentation de l'auteur réalisée par cette même maison d'édition, d'où la partialité des propos.Délaissant en effet la vie de Kropotkine, les éditions de Londres, parlant d'elles-mêmes à la troisième personne, en viennent à l'anarcho-communisme avec cette métaphore :« L’anarcho-communisme c’est pour certains l’anarchisme, pour d’autres, tels que les Editions de Londres, c’est une branche de l’anarchisme dont la juxtaposition au communisme alourdit tellement la branche qu’elle plie, se casse, et s’effondre dans un bruit de bois vert et mouillé. Il faut tout de même reconnaître que l’anarcho-communisme, cela ne sonne pas bien. » Métaphore elle-même suivie d'une comparaison avec d'autres termes créés avec des mots antithétiques.Une erreur syntaxique relevée dans cet avant-propos : pallier est en effet un verbe transitif direct.Je passe sur l'introduction. L'essentiel étant le texte-même, « Le Principe anarchiste ». Article publié en 1913 dans le journalLes Temps nouveaux, ce texte porte les marques du discours comme l'adresse au lecteur/auditeur : « Regardez autour de vous » ou des répétitions anaphoriques « Il (c'est à dire l'anarchiste) a à soutenir / il a à déjouer / il a à trouver, à deviner »). Un texte très court pour affirmer que l'anarchie est une philosophie, avec pour principe la liberté, face à toute forme de coercition. L'anarchie est seule face à tous.Le passage le plus remarquable à mon avis :
« C’est que contre tous ces partis, les anarchistes sont seuls à défendre en son entier le principe de la liberté. Tous les autres se targuent de rendre l’humanité heureuse en changeant, ou en adoucissant la forme du fouet. S’ils crient « à bas la corde de chanvre du gibet », c’est pour la remplacer par le cordon de soie, appliqué sur le dos. Sans fouet, sans coercition, d’une sorte ou d’une autre, - sans le fouet du salaire ou de la faim, sans celui du juge ou du gendarme, sans celui de la punition sous une forme ou sur une autre, - ils ne peuvent concevoir la société. Seuls, nous osons affirmer que punition, gendarme, juge, faim et salaire n’ont jamais été, et ne seront jamais un élément de progrès ; et que sous un régime qui reconnaît ces instruments de coercition, si progrès il y a, le progrès est acquis contre ces instruments, et non pas par eux.Voilà la lutte que nous engageons. Et quel jeune cœur honnête ne battra-t-il pas à l’idée que lui aussi peut venir prendre part à cette lutte, et revendiquer contre toutes les minorités d’oppresseurs la plus belle part de l’homme, celle qui a fait tous les progrès qui nous entourent et qui, malgré cela, pour cela même fut toujours foulée aux pieds ! »Une prose portée par la force de conviction d'un homme.