Kad Merad sait parfaitement jouer les hommes simples comme du bon pain, au risque parfois de se répéter. Mais dans Superstar, il touche au tragique tant le personnage qu'il incarne est dépassé, écrasé par sa soudaine notoriété aussi brutale qu'incompréhensible. Effectivement, sans aucune explication, Martin Kazinski devient incroyablement célèbre. Or,cette célébrité, il ne la veut pas, la refuse au grand dam de journalistes cyniques et sans principes. Cet homme "banal" (l'adjectif qualificatif le plus usité de la langue française depuis quelques mois) n'a qu'une obsession: rester un anonyme, un ouvrier simple et sans ambition. Mais la machine médiatique le broie sans pitié, écrase tout sentiment; d'ailleurs, elle ne sait pas ce que c'est. Superstar ne désigne pas qu'un seul responsable, la télévision accusée d'abrutir les masses ( cela a d'ailleurs été revendiqué haut et fort!!), de les crétiniser en leur vendant l'illusion de la gloire et de la reconnaissance. Superstar montre le comportement oppressant, hystérique des foules anonymes qui participent également de la terreur de Martin Kazinski, du cirque médiatique qui se joue de sa détresse. Mais sa soudaine célébrité disparaît tout aussi brutalement, avec la même violence. Xavier Giannoli montre alors la versatilité de citoyens inconstants, infidèles, prêts à brûler ce qu'ils viennent tout juste d'encenser. La gloire est éphémère et son extinction laisse place au vide, au creux, à l'absence. Elle est aussi renaissance, comme une épreuve dont il fallait faire quelque chose.
Le film oscille entre le rire et le grincement de dents. La pirouette finale est peu crédible et trop facile.