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"Quelques heures de printemps" : un film habilement militant

Par Vierasouto

 Pitch.
Alain, quinquagénaire sorti de prison, est obligé de retourner habiter chez sa mère. Une cohabitation forcée qui entraîne la résurgence de toute la violence de leur relation passée. Par hasard, il découvre que sa mère, condamnée par la maladie, a organisé sa fin.

Je n'avais aucune intention d'écrire une critique sur "Quelques jours de printemps", que j'ai vu avant l'été, film militant en faveur l'euthanasie et plutôt bien ficelé. Mais, durant le WE dernier, je tombe sur une interview de la soeur de Lionel Jospin, écrivain, qui reprenait le film à "son compte", leur mère ayant choisi, il y a quelques années, le même processus de suicide assisté, ensuite, sur Facebook, un blogger disait s'être senti "apaisé" à la vision du film... Apaisé? Oui, je crois bien qu'au cimetière on aura tous la paix!!! Je me rends compte alors que la propagande en faveur de l'euthanasie est plus insidieuse dans ce film que je ne l'avais perçue et que le grand public va "marcher" car le film est bien fait : D'une part, bien évidemment très sobre, mise en scène, jeu des acteurs (Hélène Vincent, parfaite, et Vincent Lindon, abonné à ce genre de rôle), en regard de la force du sujet. D'autre part, et c'est là où le film est malin, en utilisant l'émotion des retrouvailles entre une mère et son fils (réconciliation in extremis avec un parent, situation à laquelle beaucoup de spectateurs pourront s'identifier) qui se rend compte, par hasard, que cette dernière, atteinte d'une maladie incurable, a organisé son suicide (médicalement) assisté en Suisse.
On pourrait d'ailleurs disserter sur la différence entre euthanasie (le produit létal est administré par un tiers médical, voire, variante passive, les gestes médicaux prolongeant la vie sont suspendus) et le suicide assisté ou aide au suicide, interdit en France, comme c'est le cas dans le film où une association (ici, installée en Suisse) met à disposition les locaux et prépare tous les produits mais, in fine, c'est le patient qui s'administre le produit létal lui-même (par voie orale), ici la mère boira la potion ultime de son plein gré, et, lors de toutes les étapes, on lui demandera de confirmer sa décision de mourir.
Au moment où on reparle de débat sur
la loi Leonetti (2005, toujours en vigueur aujourd'hui), loi plutôt modérée, favorable aux développement des soins palliatifs mais empêchant l'acharnement thérapeutique, le film "tombe" bien pour les partisans de l'euthanasie... D'autant que "Amour" de Haneke, palme d'or au festival de Cannes cette année, centré sur une histoire d'amour et ses limites face à la maladie d'un des deux dans un couple âgé (Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva), traite également de la fin de vie volontairement interrompue.

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