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[anthologie permanente] Fanny Howe (proposition et traductions inédites de Jean-René Lassalle)

Par Florence Trocmé

Déjour 
 
Dès le non nulle part pas près de la mer 
sur un bleu lin des champs 
du cimetière l’absolument solitaire 
toi et toi et un tiers 
d’une livre de pain 
pour le souper au réfectoire 
où je pourrais mourir de faim 
si toi – si bientôt – si en ce déjour – une 
défection voulait être défaite 
Extrait de Fanny Howe : Gone, University of California Press 2003. 
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle. 
Unday 
 
From no nowhere not near the sea 
on blue field flax 
the cemetery’s absolutely solitary 
you and you and a third 
of a pound of bread 
for supper in the refectory 
where I would die of hunger 
if you – if soon – if on this unday – one  
undoing would be undone 
Extrait de Fanny Howe : Gone, University of California Press 2003. 
• 
Démocratie : chapitres en vers (extrait) 

Si on n’a aucune attente, on ne peut pas être déçu. 
 - un survivant du cyclone Andrew 


Après tempête le mot EAU continua à enfler 
et encercler la couleur huile. 
La neige de l’océan bleuit et tournoya. 
L’eau était partout dans la machinerie. 
Les vagues abattirent une tour d’eau sur un bateau rejeté de son cours 
par l’ouragan. Un pont un quai ravagés, arbres 
déracinés du sol qui se soulève. 

Ganté sur cycle, l’ouvrier quitte la maison. 
Son front est luisant comme celui de David. 
Le sol peut entendre ses gestes, l’herbe sépare. 
Hibiscus rose dans la brume : pour beaucoup comme lui tout cela 
fut un enfer. Compressé par le cosmos, non embrassé, 
il sait l’effroi qui ne peut dire oui. 

Comme si les yeux de l’argent se logeaient dans une pyramide. 
Inapte au reste de l’habitation humaine. Pas comme un cône, 
répandant son abondance, conclut-il, 
dépassant un couple aveugle à pied, un enfant voyant entre eux.  
Les récits de malheurs n’ennuient jamais. 
(…) 
Extrait de : Fanny Howe « Democracy : Chapters in Verse », dans Out of Everywhere, anthologie éditée par Maggie O’Sullivan, Reality Street 1996. 
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle. 
Democracy : Chapters in Verse (extrait) 
 

If you have no expectations, you can’t be disappointed. 
- a survivor of Hurricane Andrew 


After the storm the word WATER kept rising 
and circling the color oil. 
The snow of the ocean blued and whirled. 
There was water in all the machinery. 
Waves knocked a water tower into a boat thrown off-course 
by the hurricane. A ruined deck and dock, trees 
uprooted from the heaving ground. 

Gloved and cycling, the worker leaves the house. 
His forehead is gleaming like David’s. 
The ground can hear his motions, the grass divides. 
Pink hibiscus in the mist: for many like him all this 
has been hellish. Compressed by the cosmos, not embraced, 
he knows the dread that can’t say yes. 

It’s as if money’s eyes are located inside a pyramid. 
Unfit for the rest of human habitation. Not like a cone, 
generously spilling, he decides, 
passing a blind couple walking, sighted child between. 
Hard luck stories are never boring. 
(…) 
Extrait de : Fanny Howe « Democracy : Chapters in Verse », dans Out of Everywhere, anthologie éditée par Maggie O’Sullivan, Reality Street 1996. 
[Jean-René Lassalle] 


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