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Une soirée avec la Hype : la fille qui se sentait étrangère…

Publié le 20 septembre 2012 par Swann

ATTENTION : Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes existantes ne serait que coïncidence fortuite …

« Comment ça tu ne connais pas Château Brutal ? »

« Tu vois moi, je ne jure que par Nzca/Lines »

« T’es blogueuse musicale et tu n’as jamais écouté Dernière Volonté. Shame on you ».

 

Une soirée avec la Hype : la fille qui se sentait étrangère…

T’as déjà vécu une conversation entre « gens de la musique » (enfin, ceux qui s’autoproclame faire partie du cercle très fermé de la musique) ? Ça te marque à vie. Ça frôle le grotesque voire le très grotesque. Quand tu rencontres la Hype de la musique, va savoir pourquoi en trente secondes, montre en main, tu arrives à te sentir tellement mal à l’aise que tu ne souhaite qu’une chose : disparaître de la surface de la Terre où devenir une fourmi. Au choix.

Ce soir-là, tu as envie de sortir, écouter un groupe chouette. Justement il y a une soirée pas mal d’organisé. Tu débarques là-bas, une rue obscure du 18ème arrondissement de Paris…sans savoir que toute la Hype parisienne est là. Tu sais, cette Hype qui s’habille en fringue vintage, qui ne jure que par The Kooples et Urban Outfitters. Celle qui a le poil long pour les hommes et les cheveux longs pour les femmes. Celle qui aborde beaucoup de tatouages sur le corps et qui porte des Ray Ban sur le nez. Celle qui te rappelle à quel point tu as no style avec tes vêtements H&M… Toi, tes cheveux n’ont aucune forme et comme tu arrives du boulot, t’as pas trop eu le temps de passer par la case appart’ pour te refaire une beauté. Alors que la Hype est parfaitement présentée jusqu’au bout des ongles, toi tu ressembles à une serpillère dégueulasse (et en plus ton vernis s’écaille).

Arrivée à the soirée, tu vas te chercher ton coca cola light (ouai, régime oblige). Au bar, tu croises l’une de ses hypeuses que tu aimes tant. Embrassade chaleureuse et bruyante « Oh la la ! JE SUIS TEEEEEEELLEMENT CONTENTE DE TE VOIR ! ». On se fait des câlins et on se congratule (t’es tellement belle ce soir, t’as fait un truc à tes cheveux ? »). On parle de ses vacances (« Tu vois, la Corse c’est teeeeeeeeellement cool »…Ouai, la Hype va toujours en vacances en Corse, c’est écrit dans le HypeCode). De fil en aiguille, tu parles du groupe qui va jouer ce soir : « oh non, tu rigoles je ne peux plus les écouter, je les ai vus 4 fois, c’est so 2011. je viens juste pour les copains et boire des coups». Ah d’accord. « Et puis, trucmuche passe des disques après, ça va être fatal ». Parce que quand t’es Hype tu passes des disques dans des endroits cools de Paris. Passer des disques hein, pas mixer comme un vrai DJ. Tu mets juste un vinyle sur une platine. Tu lèves tes bras, et tu te prends pour David Guetta cool (parce que David Guetta aussi, en vrai, il passe des disques). Des vieux groupes, des groupes obscurs « qui vont buzzer » tout ça dans l’unique but d’exposer ta culture musicale so extended.

La Hype parle le franglish. Ca, c’est pour montrer au monde que tu speak fluently en anglais. Ca donne des trucs comme « tu vois la rue Faubourg du temple, c’est trop ma rue favorite ever de tout le quartier ». « Cet album-là c’est vraiment trop what the fuck quoi», « T’aime pas C2C, oh please, t’as juste tellement rien compris ». « Comment ça tu ne connais pas ChoseMachinChouette, mais c’est trop génial comme groupe, ce sont trop mes buddys. On s’boit souvent des bières ensemble ».

La Hype se la raconte à mort aussi, et te fera comprendre que le monde entier est son buddy, oui elle connaît tout le monde, musiciens, attachée de presse, dirlo artistique, programmateur, tourneur, EVERYONE dans le music circus, tu vois ? Elle te racontera ses soirées de beuveries (la hype est alcoolo aussi), elle s’amusera à faire du name-dropping, et t’expliquera qu’elle aura bientôt plus de 3 000 followers sur Twitter, et d’ailleurs au moment où elle te dit ça, la Hype est en train de tweeter « I’m at XXX (Paris, Île-de-France) w/ 15 others ». Puis : « Putain, trop bon », « putain mais c’te soirée », « je suis trop bourrée putain », « je vous aime tous tellement…putain ». C’est beau l’amour, tellement vrai, tellement sincère !

Tu caches ton air consterné, et te sentant comme un alien perdue dans une étrange faille spatio-temporelle, tu siffles ton coca-light aussi rapidement qu’un cowboy descend son verre de whisky, tu dis au revoir poliment et tu te tires le plus loin possible de cette galaxie. Ça tombe bien, ce soir, il rediffuse La Fureur de Vivre sur Arte…


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