21 septembre / Plus un tesson ni une douille...

21 septembre Plus un tesson ni une douille... Ugo et Adèle durent faire un dur ménage trois heures durant, pour effacer toute trace de pugilat tandis que Sergio, fermé comme une administration après dix-huit heures, passait commande de nouvelles boissons. C'était urgent. Ugo travaillait du rachis à plein régime. Tant de coups de feu en si peu de temps ? Et pourquoi ? Et si Sergio ?... Non. Et pourquoi pas ? Les bandits avec une tronche marquée "bandits" dessus, c'est pour les séries américaines, pour que les béotiens comprennent, ici, c'est les bons, là c'est les méchants. Avec la bande son pour expliquer aux cons ce qu'il va se passer : violoncelle : menace, orage : coup de théâtre, violons : scène d'amour, chanson célèbre : quelques tunes en plus dans la poche des producteurs. Décidément les amerloques ne font pas que dans la dentelle... Ainsi divaguaient les pensées d'Ugo tandis qu'il balayait les bris de verre... Mais alors, pourquoi aurait-il pris le risque de les accueillir, eux des inconnus pas nets, pas d'argent pas de papiers... Ça ne collait pas. Sauf. Sauf, s'il était un grand bandit, un mafieux au dessus de tout soupçon. Dans son for intérieur, Ugo, qui n'avait jamais rencontré de mafieux au-dessus de tout soupçon, n'arrivait pas à y croire. Un parrain ne s'emmerderait pas la vie, un à faire la popote pour des ouvriers, deux, à prendre soin de routards, de toute évidence en fuite, ce qui impliquait qu'ils traînaient avec eux des casseroles. Mais jamais Sergio ne leur avait posé de questions sur leur passé. D'où venez-vous ? Et tes parents, la gamine ?... Ne sont-ils pas en train de la rechercher, police à l'appui ? Non décidément cela ne collait pas. Lorsqu'il ne resta plus un tesson ni une douille... Il se faisait tard. Les trois complices se mirent à table, dans un vacarme de morgue. Le chorizo passait mal sans pastis et sans bruit, Ugo posa le haricot de mouton - sa spécialité avec des mogettes des Charentes qu'il avait dégotté on ne sait où. Les balles n'ayant pas atteint la cave, ce plat méritait du vin. Le sangre de toro attendait qu'on vienne le chercher, mais personne n'osait descendre discuter avec le mort... Et dès fois qu'il ne le soit pas ! De guerre lasse le patron se leva sans un mot et remonta la bouteille en pesant ses pas comme s'il remontait le corps. Il restait des tiramisus, l'espagnol n'est pas très fromage. A suivre... demain !

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